marqueur de l’équilibre biochimique et de la perméa-
bilitémembranaire de la cellule musculaire [20]. Il a
étéproposéd’utiliser les cinétiques des concentra-
tions plasmatiques en créatine kinase àla suite
d’entraînementsoud’exercicestrèsintensespourétu-
dier les capacitésderécupération des athlètes [21].
Cependant, seule la perméabilitédes membranes des
cellules musculaires peut être étudiée par l’analyse
des concentrations en créatine kinase. Selon l’impor-
tance de leur déstructuration, les membranes ne res-
teront plus particulièrement perméables que 48 à
96 heures aprèsl’exercice intense et les concentra-
tions en créatine kinase suivront une cinétique glo-
balement similaire [22, 23]. Par ailleurs la créatine
kinasediffuse dans le compartiment sanguin quel que
soit le type de fibre endommagé;saprésence dans
la plupart des cellules de l’organisme est constante.
Finalement, quelles que soient l’origine et l’impor-
tance des altérations structurales de la cellule mus-
culaire, chimique et/ou mécanique, la créatine kinase
diffusera hors du cytosol. Elle n’est donc pas un mar-
queur discriminant des processus normaux de la fati-
gue d’entraînement et du surentraînement [22, 24].
La myoglobine est l’une des principales protéines
métaboliques du cytosol musculaire. Elle est aussi
l’une des seules protéines cytosoliques non liées, ce
qui lui permet d’assurer la majeure partie de la dif-
fusion de l’O
2
vers les mitochondries. Cette pro-
priétéimplique néanmoins qu’elle diffusera facile-
ment dans le compartiment sanguin lorsque la
perméabilitémembranaire augmentera [25]. Ce sont
plus particulièrement les fibres oxydatives (types I
et IIa, riches en enzymes spécifiques de l’oxydation
des substrats énergétiques) qui subiront l’action de
peroxydation des radicaux libres, induisant une dif-
fusion plasmatique de myoglobine. L’étudedesa
cinétique de concentration plasmatique àla suite de
l’exercice intense informera donc sur l’intégritédes
membranes musculaires et sur l’origine des domma-
ges (agression chimique ou mécanique), mais aussi
sur les types de fibres plus particulièrement endom-
magées [25]. Àce jour, il n’a pas encore étédémon-
tréque la diffusion des protéines musculaires dans le
compartimentsanguin pouvait être un indicateur sen-
sible d’une fatigue d’entraînement devenant chroni-
que et permettant de discriminer l’évolution de l’ath-
lète vers un état de surentraînement. Il est d’ailleurs
assez peu envisageable que ces altérations mécani-
ques et métaboliques puissent être àl’origine du pro-
cessus de surentraînement ou qu’elles y participent
largement [26]. La déstructuration des cellules mus-
culaires est en effet la source majeure des sensations
douloureuses de courbatures chez les sportifs entraî-
nés.Lorsdel’exerciceexcentrique,lesrupturesappa-
raîtront plus particulièrement au niveau des éléments
du tissu conjonctif de l’architecture musculaire et
inhiberont la capacitéde contraction maximale
volontaire de l’athlète. Lors de l’exercice d’endu-
rance, les actions des radicaux libres provoqueront
une dégradation des phospholipides membranaires et
des protéines contractiles qui limiteront fortement les
capacitésmétaboliques des cellules musculai-
res [17]. Des exercices (et/ou des entraînements)
intenses et de longue durée feront subir une combi-
naison de ces deux phénomènes d’altérations de la
structure musculaire (d’origines chimique et méca-
nique), dont les conséquences (inhibition de la capa-
citéde contraction maximale et/ou limitation méta-
bolique)peuventêtreconsidéréescommedessignaux
d’alarme du système musculaire [27]. Le surentraî-
nement pourrait apparaître àpartir de ces phénomè-
nes si des entraînements intenses étaient répétés sans
permettre la restructuration du système musculaire.
Quelques études ont constatéune déstructuration des
cellules musculaires plus élevée chez des sujets
surentraînés toutefois sans pouvoir déterminer s’il
s’agissait làd’un facteur majeur du processus ou une
simple conséquence de celui-ci [28]. La fragilisation
de l’organisme constatéeenétat de surentraînement
nesembledonc pas trouver ses origines au plan struc-
tural. Il reste néanmoins que l’étude conjointe des
cinétiques des concentrations en vitamine E, malon-
dialdéhyde, créatine kinase, myoglobine et troponi-
ne I donnera un profil du stress structural des cellu-
lesmusculairesquipourra être utilisécomme un outil
de diagnostic du surmenage musculaire, souvent à
l’origine de traumatismes incapacitants (myalgies,
déchirures, ruptures, œdèmes…).
L’HYPOTHÈSE GLUCIDIQUE
Lors de l’exercice d’endurance, la fatigue métaboli-
que peut être perçue au travers d’une hypoglycémie
transitoire due àla déplétion des stocks de glyco-
gène hépatique et musculaire et/ou àune déficience
de la néoglucogenèse (figure 3).Àl’exercice, une
déplétion plus chronique du glycogène peut apparaî-
tre consécutivement àplusieurs jours d’entraînement
particulièrementlong et enl’absence d’une ingestion
Analyse sanguine et surentraînement 727