Le dossier de la recherche ISSN 1188-6641 Renseignements pour professionnels de la part de l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie L’exercice et le système immunitaire L e rôle de l’activité physique dans de nombreux domaines de prévention des maladies et de promotion de la santé est bien documenté. Il a été démontré que l’activité physique est une stratégie de prévention des maladies cardio-vasculaires, du diabète et de l’ostéoporose. En outre, elle contribue à l’amélioration générale de la santé en aidant à contrôler le poids et à gérer le stress. Certains défenseurs du conditionnement physique croient également que la pratique régulière d’exercices donne une certaine résistance aux infections et même au cancer. Les recherches dans ce domaine sont encourageantes, mais la somme actuelle des connaissances est insuffisante pour appuyer toute déclaration scientifique. Mme Laurie Hoffman-Goetz, de l’université de Waterloo, est l’une des nombreuses scientifiques qui font des recherches dans ce domaine. Son travail, financé en partie par l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie (un organisme national subventionné par Condition physique Canada), nous aide à comprendre ce domaine fascinant... et important. L’exercice et les infections Les recherches entreprises jusqu’à ce jour ont eu pour objet l’exercice à court et à long terme, tant chez des sujets très bien entraînés que chez des personnes en moins bonne condition physique. Les études portent essentiellement sur les effets de l’exercice sur le nombre de cellules blanches et de divers sous-composés du sang, dont les lymphocytes tueurs naturels et certaines cellules immunitaires spécialisées (comme les lymphocytes T auxiliaires). Conseils d’entraînement Dans l’ensemble, les recherches indiquent qu’une dose modérée d’exercice peut augmenter la capacité du corps de repousser les rhumes ou d’autres maladies. Par contre, des programmes d’entraînement intensif peuvent supprimer le système immunitaire et augmenter les risques d’infection. Plusieurs études ont démontré que : • une séance unique et intense d’exercice peut détériorer temporairement les réactions immunitaires, et que • l’exercice au cours de la phase d’incubation d’une infection peut aggraver la gravité de la maladie. Nous présentons ci-après des «conseils d’entraînement» à l’intention des athlètes et des adeptes du conditionnement physique dont l’entraînement est intensif. L’exercice et le cancer Dans Exercise and Immunology, Mme HoffmanGoetz écrit : «des données épidémiologiques indiquent que les femmes qui sont actives sur le plan physique (avant l’apparition de la maladie) ont moins de cancers, surtout du sein et de l’appareil de reproduction, et courent moins de risques d’en contracter, que les personnes sédentaires — tous les autres facteurs de risques comme l’âge, l’emploi de contraceptifs par voie orale, l’usage du tabac, les antécédents familiaux de cancer ou autres étant égaux.» On a observé une relation semblable [inverse] entre l’activité physique et l’incidence du cancer du côlon chez les hommes. Même si ces études semblent indiquer que l’exercice a un effet de prévention du cancer, Mme Hoffman-Goetz souligne qu’on doit interpréter avec prudence leurs conclusions. Les études rétrospectives ont des limites inhérentes à leur nature et toutes les recherches portant sur le même sujet n’ont pas conduit à des conclusions similaires. ✂ Les athlètes et ceux qui s’adonnent à des activités vigoureuses devraient allier à leur enthousiasme une mesure de bon sens. Voici quelques conseils qui pourront les aider : ■ découvrez votre volume optimal. Chaque personne est unique; assurez-vous d’avoir la dose d’activité qui vous convient, ■ espacez de manière adéquate vos séances d’entraînement. Une bonne méthode consiste à alterner les journées difficiles et les journées aisées, ■ méfiez-vous du «surentraînement». Diminuez la dose d’exercice si l’un des symptômes suivants apparaît : une fatigue persistante après les séances d’entraînement, un pouls élevé le matin, de la difficulté à dormir ou une accumulation de fatigue, et ■ réduisez votre volume d’entraînement ou prenez un jour ou deux de repos si vous vous sentez malade. Renseignements de la part de l’Institut canadien de la recherche sur ■la condition physique et le mode de vie No de référence 92-10 Orientations futures Il nous reste beaucoup à apprendre dans le domaine des effets de l’exercice sur le système immunitaire. Même si certains changements de la réaction immunitaire (dus à l’exercice) ont été observés, on ne comprend pas encore très bien les mécanismes qui les provoquent et les effets cliniques des modifications du système immunitaire liées à l’exercice. De plus, les liens éventuels entre l’exercice, la fonction immunitaire et le cancer sont complexes, étant donné que le cancer est un groupe qui se compose de plus de 100 maladies différentes. D’autres facteurs peuvent aussi entrer en ligne de compte. La déclaration commune de la Conférence internationale sur l’activité physique, la condition physique et la santé (indiquée ci-dessous à titre de référence) précise que «les études à venir doivent tenir compte non seulement du régime, mais de la dépense d’énergie et d’autres variables, notamment des médicaments et des tensions émotives, dont on sait qu’elles influencent la réponse immunitaire.» Lectures suggérées Ceux qui souhaitent en apprendre davantage à ce sujet peuvent lire les documents suivants : • «Exercise and the Immune Response», d’Hoffman-Goetz, dans l’Encyclopedia of Immunology (I.M. Roitt et P.J. Delves, éditeurs), chez Wm. B. Saunders Company, 1992, • «Exercise, Natural Immunity, and Cancer : Causation, Correlation, or Conundrum», de Hoffman-Goetz et MacNeil dans Exercise and Disease (Watson et Eisinger, éditeurs), chez CRC Press, 1992, et • les chapitres 49 et 50 de «Exercise, Immunity, Cancer, and Infection» publié dans Exercise, Fitness, and Health : A Consensus of Current Knowledge, chez Human Kinetics Publishers Inc., 1990.