BILAN thème: la mémoire. Notre cerveau est l’organe le plus complexe de notre corps et depuis des siècles l’Homme a cherché à le comprendre. L’organisation cérébrale permet à un individu de gérer son présent, d’envisager son futur mais aussi de convoquer son passé . En effet, entre autres nous l’aurons compris, le cerveau est le siège de la mémoire. Mais il n’existe pas une région dédiée à la mémoire dans notre cerveau, il s’agit plutôt de plusieurs régions connectées entre elles (Lobe temporal ; L’Amygdale, l’Hippocampe, le cervelet, le cortex préfrontal sans compter que le corps entier a une mémoire et que notre mémoire se construit aussi en échangeant avec les autres ! ( mémoire collective) ! Le plus intéressant dans notre cerveau, c'est évidemment le cortex, c'est le « chef d’orchestre », celui qui reçoit des informations des cinq sens et les interprète, qui se sert des « sentiments » que lui envoie le « cerveau émotionnel », celui qui réfléchit, organise et commande ensuite au reste du cerveau et surtout à tout notre corps. Site très intéressant si vous voulez tout découvrir sur votre cerveau : http://lecerveau.mcgill.ca/ IRM du cerveau Evolution de la maldie d’Alzheimer De même il n’existe pas UNE mémoire, mais DES mémoires, chacune étant spécialisée dans différents domaines. On distingue donc la mémoire à court terme (le mémoire de travail) et la mémoire à long terme. Cette dernière contient quatre autres « mémoires » : Episodique, sémantique, procédurale et perceptive. Pour qu’un évènement devienne un souvenir il faut « l’encoder » ; c'est-à-dire le placer dans un contexte spatio-temporel et dans un contexte cognitif et comportemental. Une fois encodé l’évènement pourra à tout moment être rappelé, c’est que l’on nomme la mémoire volontaire. Pour autant nous ne nous souvenons pas de tout, le cerveau opère un « tri » et évacue le superflu pour ne conserver que les éléments les plus importants. Mais la mémoire peut aussi être involontaire et faire ressurgir des images de souvenirs indépendamment de la volonté de l’individu. Dans ce cas c’est la mémoire sensorielle qui est sollicitée (le goût chez Proust avec la Madeleine dans A la Recherche du temps perdu) puis par analogie le souvenir se constitue. En somme notre mémoire n’est pas un catalogue de souvenirs mais plutôt notre autobiographie, elle nous constitue et elle se récrit à chaque fois qu’un souvenir inattendu se présente à nous. En revanche que se passe-t-il quand on oublie ? Le corollaire du souvenir est l’oubli…faut-il se souvenir ou oublier ? Parfois la mémoire joue des tours alors il faut mettre en place des procédés mnésiques pour éviter d’oublier. Parfois la perte de mémoire a une réelle cause médicale c’est le cas de patients présentant la maladie d’Alzheimer ou souffrant de choc post-traumatique ou suite à un AVC. Parfois on préfère oublier pour se protéger : Jeanne Moreau : « J’ai la mémoire qui flanche ». Boris Cyrulnik a développé le concept de résilience. Freud a bcp travaillé sur des exemples de souvenirs refoulés. Il est nécessaire de se poser la question des relations entre mémoire individuelle-mémoire collective. On citera le concept de souvenir flash défini notamment par Olivier Luminet ou Stéphanie Torré. On s’appuiera sur l’exemple du Mur de Berlin, l’assassinat de Kennedy ou tout simplement on évoquera les derniers attentats qu’a connus La France. Il est nécessaire de respecter le devoir de mémoire dans la mesure où l’on s’appuie sur le travail d’historiens et que l’on se méfie de certaines gouvernants qui imposeraient leur idéologie…. Malgré les avancées des neurosciences et de la psychologie le fonctionnement de notre cerveau demeure encore énigmatique et c’est sans doute pour cette raison que le phénomène de réminiscence a donné et donne encore lieu à de nombreuses œuvres artistiques. Les artistes racontent les difficultés rencontrées (comment mobiliser la mémoire ?), relate des souvenirs heureux et le plus souvent traumatisants (Michel Leiris l’Age d’homme, Michel Tournier Le Vent Paraclet). Voir Pérec, Je me souviens Extraits de « je me souviens », G.Pérec . L’intégralité de l’œuvre est à découvrir ici : http://ateldec.chez.com/00002000/ Je me souviens lu par Pérec : https://www.youtube.com/watch?v=TNhN77tyep8 ou le tableau de Magritte « La Mémoire »… ou Baudelaire « J’ai plus de souvenirs que…. » Voir Sarraute Enfance, voir Rousseau Les Confessions et nombre de textes littéraires……..comme ce poème que je vous offre Paul VERLAINE (1844-1896) Poèmes saturniens Après trois ans Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, Je me suis promené dans le petit jardin Qu'éclairait doucement le soleil du matin, Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle. Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle De vigne folle avec les chaises de rotin... Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle. Les roses comme avant palpitent ; comme avant, Les grands lys orgueilleux se balancent au vent, Chaque alouette qui va et vient m'est connue. Même j'ai retrouvé debout la Velléda, Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue, - Grêle, parmi l'odeur fade du réséda. Mais on peut aussi songer à la bande-dessinée de Marjane Satrapi, Persépolis (exemple d’œuvre autobiographique, qui travaille aussi sur les liens mémoire individuelle-mémoire collective. Enfance de Marjane/Révolution en Iran) On terminera en abordant la question des nouvelles technologies et de la mémoire. On peut se référer à la réflexion de Michel Serres qui imagine un nouvel être humain, Petite Poucette, qui développe de nouvelles compétences car sa mémoire est externalisée. Mais on n’oubliera pas que l’épisode 2 de la saison 1 de Black Mirror s’inquiète d’éventuelles dérives. La mémoire est-elle suturable au numérique ?