Mémoire A. Lindemann, psychologue Q. : Comment peut

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Mémoire
A. Lindemann, psychologue
Q. : Comment peut-on définir la mémoire ?
La mémoire s’exprime dans notre culture, dans notre identité. C’est une aptitude qui permet
la formation de souvenirs et par la même permet à tout être humain d’avoir conscience que
son présent s’inscrit dans son histoire. Bergson disait que sans mémoire il n’y a pas de
conscience.
Q. : Existe-t-il plusieurs mémoires ?
La mémoire est composée de différentes aptitudes. Chacune de ces aptitudes implique plus
particulièrement une zone du cerveau.
Q. : Est-ce que l’on différencie les oublis des troubles de la mémoire ?
Oui, on fait tous quotidiennement l’expérience de ces oublis dans la vie de tous les jours. On
désigne sous le terme d’amnésie une perte importante de la mémoire qui n’est pas une
maladie mais un signe pouvant évoqué une atteinte du cerveau.
Q. : Existe-t-il plusieurs types d’amnésie ?
Oui, un certain nombre d’amnésies sont dues à des lésions voire une destruction d’une
région située dans le lobe temporal qu’on désigne sous le nom d’hippocampe.
Q. : Et la localisation de la lésion est importante ?
Oui, dans la mesure où suivant le type et la localisation de la lésion, les troubles affecteront
un aspect de la mémoire alors que d’autres seront préservés.
Q. : En cas d’accident par exemple ?
On peut imaginer Monsieur X qui se rend à Paris pour les fêtes de fin d’année. Il va
notamment monter sur la tour Eiffel et faire une balade en bateau-mouche. En rentrant à son
hôtel il est renversé par une voiture, il est grièvement blessé et perd connaissance. Il
présente des lésions dans les régions de son cerveau touchant notamment le lobe temporal
inférieur. Ce dont il va se souvenir ce sont ses connaissances encyclopédiques du type
« Paris est la capitale de la France », « Napoléon est mort à St-Hélène », etc. C’est ce qu’on
appelle la mémoire sémantique.
Q. : Et aura-t-il oublié ce qu’il savait faire avant ?
Non, toutes les habiletés acquises avant l’accident sont conservées, par exemple faire du
vélo, taper sur un clavier d’ordinateur, etc. C’est la mémoire procédurale qui nous permet
d’acquérir de nouvelles habiletés.
Q. : Alors dans quel domaine a-t-il des troubles ?
Par exemple Monsieur X n’est plus en mesure d’acquérir de nouveaux souvenirs. Il oublie au
fur et à mesure les visites de ses amis, les repas qu’il prend… il ne conserve aucun souvenir
des actualités du jour. On parle ici de mémoire épisodique. Il vit finalement dans un éternel
présent.
Q. : On oublie souvent l’accident lui-même ?
Dans notre exemple, Monsieur X ne conserve aucun souvenir de l’accident (mémoire
circonstancielle), mais également aucun souvenir de son séjour à Paris (amnésie prétraumatique) ni des 15 jours qui ont suivi l’accident (amnésie post-traumatique).
Q. : Peut-on retrouver la mémoire ?
En ce qui concerne les lacunes amnésiques (pré et post-traumatiques), elles vont
progressivement rétrécir (si on peut dire les choses comme ça) à chaque bout. Notre patient
se souviendra d’être parti à Paris, par contre il n’aura aucun souvenir de son ascension de la
tour Eiffel, ni des 3 jours de son hospitalisation. Progressivement également, il va prendre
conscience des problèmes que pose sa mémoire pour l’acquisition de nouveaux souvenirs,
c’est-à-dire de ses capacités en mémoire épisodique. C’est cette prise de conscience qui va
favoriser l’efficacité de la prise en charge neuropsychologique.
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