ECCO 13 : La communication avec le patient atteint de cancer

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Congrès
FRANÇOISE CHARNAY-SONNEK,
Geudertheim
ECCO 13 :
La communication
avec le patient atteint
de cancer
Lors de la dernière conférence ECCO 13 en 2005 le symposium joint EONS-ESO
a eu pour objet la communication et ce, plus particulièrement dans la prise
en charge du patient atteint de cancer. Monsieur Jan Foubert, past-president
de l’EONS, a introduit le sujet en mettant l’accent sur l’importance de la
compétence en communication de la part du personnel soignant.
Compétence
en communication
taines formations dans ce domaine existent déjà qui mettent l’accent par exemple sur des attitudes à avoir comme
par exemple : montrer un réel intérêt aux propos du
patient, écouter avant de parler, donner des informations
quand le patient le demande, laisser la place à la parole
du patient, à la négociation.
Par ailleurs, le cadre de santé a aussi son rôle à jouer,
dans sa façon de manager. En effet il doit se poser des
questions bien précises : Qui sont les clients ? Qu’est-ce
qu’ils attendent, quels types de service peut-on leur offrir ?
Quelle est l’image de marque du service ? Et quelle image
veut-il avoir ? De cette façon il pourra orienter avec l’équipe
un management qui valorise la communication interpersonnelle soignés-soignants. Cette culture, philosophie de
service, est une des bases fondamentales pour la valorisation de la communication.
Néanmoins il serait important de faire des recherches
d’évaluation sur la circulation d’information, le type de
communication en tant que points particuliers de la maladie et du traitement. Enfin des instruments d’observations standardisés devraient être créés pour évaluer l’efficience des programmes pédagogiques sur la
communication dans les soins.
La compétence en communication est un des piliers
des soins, plus particulièrement dans le domaine de la
cancérologie. En effet, les perceptions, les attentes, les ressentis du patient, de sa famille ainsi que le déroulement
de la maladie peuvent avoir une résonance négative sur
les relations entre patients et soignants.
Le diagnostic de cancer et le traitement génèrent une
grande anxiété chez le patient et sa famille qui ont alors
besoin de temps d’écoute et d’échange avec le personnel
soignant. De ce fait, les soignants doivent posséder de
réelles compétences relationnelles, de communication. Si
tel n’est pas le cas, il est certain que le patient sera plus
anxieux, moins observant et les soignants insatisfaits dans
l’accomplissement de leur tache. Il est donc indéniable
que les compétences relationnelles doivent être développées et évaluées dans les soins en cancérologie.
Les soignants sont conscients de ce besoin. Une étude
menée en 2002 a révélé que 66 % des infirmières se plaignaient du manque de formation en communication. CerBulletin Infirmier du Cancer
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Vol.6-n°2-avril-mai-juin 2006
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Besoin de communication
du patient
traitement et de tout ce qui concerne la fin de vie. La
communication dans la médecine clinique va au-delà
d’une simple information unilatérale, mais inclut plutôt
un échange bilatéral, honnête et constant entre les partenaires. Il est bien connu qu’une information insuffisante ou impropre peut empêcher une communication
effective entre le patient et les soignants dès le début.
Néanmoins, dans le domaine de l’annonce, on peut
relever de grandes disparités dans les comportements
et les pratiques de la part des soignants et des patients.
Elle proviennent de cet écart entre ce principe d’un
patient informé autonome que la médecine défend, et
la variable culturelle. Le point phare de la bioéthique
anglo-américaine est l’autonomie du patient, qui décide
pour lui-même. Dans cet ordre d’idée, dire la vérité est
indispensable. Pourtant, beaucoup de cultures sont plus
centrées sur des valeurs familiales et communautaires
qu’une prise en charge autonome individualiste. De ce
fait, il est fréquent dans ce cas là que le médecin favorise une annonce partielle ou une non-divulgation du
diagnostic au patient atteint de cancer.
Malgré une tendance à multiplier les informations
sur les diagnostics de cancer à travers le monde, dire la
vérité sur un pronostic ou une fin de vie est encore
source de nombreuses polémiques. Suite au nombre
important de rencontres multiculturelles dans les sociétés contemporaines, la capacité à négocier avec succès
des questions interculturelles a un rôle fondamental à
jouer dans la pratique en cancérologie. De ce fait, une
sensibilité et une compétence culturelles sont d’ores et
déjà une exigence incontournable pour les professionnels de santé.
Madame Lynn Faulds Wood, présidente de ECPC
(European Cancer Patient Coalition) en Grande-Bretagne et présentatrice à la BBC, a insisté sur le fait que
les patients avaient un réel besoin en communication,
plus particulièrement à l’accès à l’information et au traitement approprié. C’est ce qu’a révélé une étude menée
en 2004 par l’ECPC auprès de 130 organisations de
patients. Elle montrait combien les patients étaient attachés à une information juste au juste moment, c’est-àdire voulaient avoir accès à des détails simples écrits sur
ce qui peut se passer à toutes les étapes du traitement.
Les infirmières, plus particulièrement, ont un rôle
privilégié à jouer. En effet elles sont une source importante d’informations et peuvent contribuer à aider le
patient, à le soutenir, à être leur avocat. De plus, les
patients ont exprimé un réel besoin d’être pris en considération, et non la maladie, qu’ils soient traités dignement, comme partenaire de soin. Il est important d’apporter une aide, grâce à des choix, des plans de
traitement bien renseignés, d’apporter un réconfort quant
aux meilleures pratiques.
De même cette enquête montrait combien le soutien
médical après l’annonce du diagnostic, plus particulièrement de la part d’infirmières spécialistes, était nécessaire.
D’autres sources d’informations ont été citées comme
par exemple les organisations associatives de patients,
internet.
Aspect culturel
de la communication
Ces exposés fort intéressants ont levé le voile sur des
faits qui peuvent paraître évidents mais qui n’ont jamais
réellement été le centre des préoccupations dans le
domaine de la santé. Il est indéniable que la compétence
relationnelle et la communication doivent être valorisées dans la profession de soignants. Des formations
peuvent être sûrement d’une grande aide, mais il ne faut
pas oublier que la communication ne peut être mise en
valeur que si la culture du service va dans ce sens.
Par ailleurs, tout l’aspect culturel de la relation entre
soignant et soigné ne peut être occulté. La culture est
propre à l’être humain, c’est elle qui va l’imprégner dans
son comportement, jugement, façon de voir le monde.
D’où l’importance que cette compétence relationnelle
soit sensible à la culture et la prenne en compte.
■
Madame A. Surbone (École européenne d’oncologie de Milan et université de New York) a parlé plus particulièrement de l’aspect culturel dans la communication. Les différences culturelles peuvent être un frein à
une bonne communication entre soignants et soignés,
être source de malentendus et de désaccords au lit du
patient. C’est pourquoi la communication en milieu hospitalier doit prendre en considération l’aspect culturel.
Selon sa culture, qui lui est propre, l’être humain va
associer à tel mot telle signification, y compris dans le
cadre de la maladie. L’un des éléments clés des soins en
cancérologie qui respectent la culture est de comprendre
et de respecter les différences culturelles au moment de
l’annonce du diagnostic, du pronostic, des décisions de
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Vol.6-n°2-avril-mai-juin 2006
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