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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.6-n°2-avril-mai-juin 2006
Congrès
Besoin de communication
du patient
Madame Lynn Faulds Wood, présidente de ECPC
(European Cancer Patient Coalition) en Grande-Bre-
tagne et présentatrice à la BBC, a insisté sur le fait que
les patients avaient un réel besoin en communication,
plus particulièrement à l’accès à l’information et au trai-
tement approprié. C’est ce qu’a révélé une étude menée
en 2004 par l’ECPC auprès de 130 organisations de
patients. Elle montrait combien les patients étaient atta-
chés à une information juste au juste moment, c’est-à-
dire voulaient avoir accès à des détails simples écrits sur
ce qui peut se passer à toutes les étapes du traitement.
Les infirmières, plus particulièrement, ont un rôle
privilégié à jouer. En effet elles sont une source impor-
tante d’informations et peuvent contribuer à aider le
patient, à le soutenir, à être leur avocat. De plus, les
patients ont exprimé un réel besoin d’être pris en consi-
dération, et non la maladie, qu’ils soient traités digne-
ment, comme partenaire de soin. Il est important d’ap-
porter une aide, grâce à des choix, des plans de
traitement bien renseignés, d’apporter un réconfort quant
aux meilleures pratiques.
De même cette enquête montrait combien le soutien
médical après l’annonce du diagnostic, plus particulière-
ment de la part d’infirmières spécialistes, était nécessaire.
D’autres sources d’informations ont été citées comme
par exemple les organisations associatives de patients,
internet.
Aspect culturel
de la communication
Madame A. Surbone (École européenne d’oncolo-
gie de Milan et université de New York) a parlé plus par-
ticulièrement de l’aspect culturel dans la communica-
tion. Les différences culturelles peuvent être un frein à
une bonne communication entre soignants et soignés,
être source de malentendus et de désaccords au lit du
patient. C’est pourquoi la communication en milieu hos-
pitalier doit prendre en considération l’aspect culturel.
Selon sa culture, qui lui est propre, l’être humain va
associer à tel mot telle signification, y compris dans le
cadre de la maladie. L’un des éléments clés des soins en
cancérologie qui respectent la culture est de comprendre
et de respecter les différences culturelles au moment de
l’annonce du diagnostic, du pronostic, des décisions de
traitement et de tout ce qui concerne la fin de vie. La
communication dans la médecine clinique va au-delà
d’une simple information unilatérale, mais inclut plutôt
un échange bilatéral, honnête et constant entre les par-
tenaires. Il est bien connu qu’une information insuffi-
sante ou impropre peut empêcher une communication
effective entre le patient et les soignants dès le début.
Néanmoins, dans le domaine de l’annonce, on peut
relever de grandes disparités dans les comportements
et les pratiques de la part des soignants et des patients.
Elle proviennent de cet écart entre ce principe d’un
patient informé autonome que la médecine défend, et
la variable culturelle. Le point phare de la bioéthique
anglo-américaine est l’autonomie du patient, qui décide
pour lui-même. Dans cet ordre d’idée, dire la vérité est
indispensable. Pourtant, beaucoup de cultures sont plus
centrées sur des valeurs familiales et communautaires
qu’une prise en charge autonome individualiste. De ce
fait, il est fréquent dans ce cas là que le médecin favo-
rise une annonce partielle ou une non-divulgation du
diagnostic au patient atteint de cancer.
Malgré une tendance à multiplier les informations
sur les diagnostics de cancer à travers le monde, dire la
vérité sur un pronostic ou une fin de vie est encore
source de nombreuses polémiques. Suite au nombre
important de rencontres multiculturelles dans les socié-
tés contemporaines, la capacité à négocier avec succès
des questions interculturelles a un rôle fondamental à
jouer dans la pratique en cancérologie. De ce fait, une
sensibilité et une compétence culturelles sont d’ores et
déjà une exigence incontournable pour les profession-
nels de santé.
Ces exposés fort intéressants ont levé le voile sur des
faits qui peuvent paraître évidents mais qui n’ont jamais
réellement été le centre des préoccupations dans le
domaine de la santé. Il est indéniable que la compétence
relationnelle et la communication doivent être valori-
sées dans la profession de soignants. Des formations
peuvent être sûrement d’une grande aide, mais il ne faut
pas oublier que la communication ne peut être mise en
valeur que si la culture du service va dans ce sens.
Par ailleurs, tout l’aspect culturel de la relation entre
soignant et soigné ne peut être occulté. La culture est
propre à l’être humain, c’est elle qui va l’imprégner dans
son comportement, jugement, façon de voir le monde.
D’où l’importance que cette compétence relationnelle
soit sensible à la culture et la prenne en compte. ■
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