Algèbre Année 2007-2008 ENS Cachan
Vincent Beck
Orthogonalisation simultanée
Théorème 1 Orthogonalisation simultanée de formes quadratiques.
Version linéaire. Soient Eun R-espace vectoriel de dimension finie, q, qdeux formes quadratiques sur E.
On suppose que qest définie positive. Il existe une base Bde Eorthonormée pour qet orthogonale pour q.
Version matricielle. Soient M,NMn(R)deux matrices symétriques avec Msymétrique définie positive.
Il existe PGLn(R)telle que tP MP = Inet tP NP = D avec Ddiagonale.
Remarque 2 Une (demi)-version de plus. L’énoncé du théorème 1 est évidemment synonyme du suivant :
soient (E,,·i)un R-espace vectoriel euclidien de dimension finie et qune forme quadratique sur E. Il existe
une base orthonormée (pour ,·i) qui est orthogonale pour q.
Remarque 3 Liens entre versions linéaires et matricielles. Les versions linéaires et matricielles du
théorème 1 sont synonymes pour les raisons suivantes :
(i) La matrice d’une forme quadratique dans une base est symétrique et toute matrice symétrique Mdéfinit
une forme quadratique q: X 7→ tX MX ;
(ii) Lorsqu’on change de base par la matrice P, on transforme la matrice Mde la forme quadratique se
transforme en tP MP ;
(iii) Une base est orthonormée pour une forme quadratique si et seulement si la matrice de la forme quadratique
dans cette base est In;
(iv) Une base est orthogonale pour une forme quadratique si et seulement si la matrice de la forme quadratique
dans cette base est diagonale.
Théorème 4 Réduction des endomorphismes symétriques.
Version linéaire. Soient (E,,·i)un R-espace vectoriel euclidien de dimension finie, uun endomorphisme
symétrique (pour ,·i) de E. Il existe une base Borthonormée (pour ,·i) de Edans laquelle la matrice de u
est diagonale.
Version matricielle. Soient MMn(R)une matrice symétrique définie positive et UMn(R)telle que
tU M = MU. Il existe PGLn(R)telle que tP MP = Inet P1UP = D avec Ddiagonale.
Remarque 5 Une (demi)-version de plus. L’énoncé du théorème 4 est évidemment synonyme du suivant :
soient (E,,·i)un R-espace vectoriel euclidien de dimension finie et uun endomorphisme symétrique (pour
,·i) de E. L’endomorphisme uest diagonalisable en base orthonormée (pour ,·i).
Remarque 6 Liens entre version linéaire et matricielle.
Les versions linéaires et matricielles du théorème 4 sont synonymes pour les raisons suivantes :
(i) La matrice d’une forme quadratique dans une base est symétrique et toute matrice symétrique Mdéfinit
une forme quadratique q: X 7→ tX MX ;
(ii) Le fait que usoit symétrique pour ,·i s’écrit tUX MY = hu(x), yi=hx, u(y)i=tX MUY c’est-à-dire
tU M = MU ;
(iii) Lorsqu’on change de base par la matrice P, on transforme la matrice Mde la forme quadratique se
transforme en tP MP ; la matrice de l’endomorphisme Use transforme en P1UP ;
(iv) Une base est orthonormée pour une forme quadratique si et seulement si la matrice de la forme quadratique
dans cette base est In.
Preuve. Il ne s’agit pas ici de démontrer le théorème 1 ou 4 (on se reportera à [RDO2, 2.2]) mais de montrer que
ce sont deux aspects d’un même énoncé : on va montrer l’équivalence des théorèmes 1 et 4. On va même donner
deux démonstrations de cette équivalence : on va montrer l’équivalence est version linéaire et l’équivalence des
versions matricielles.
Équivalence des versions linéaires.
14.On considère la forme quadratique définie positive q:x7→ q(x) = hx, xiet la forme quadratique
q:x7→ q(x) = hx, u(x)i. On note bla forme bilinéaire symétrique associée à q. Comme uest symétrique pour
b, on a b(x, y) = hx, u(y)i=hu(x), yipour tous x, y E. On note B= (e1,...,en)une base orthonormée pour
qet orthogonale pour q. Calculons u(ei). Comme Best une base orthonormée pour un produit scalaire, on a
u(ei) =
n
P
j=1
hej, u(ei)iej=
n
P
j=1
b(ej, ei)ej.
Or Best un base orthogonale pour qdonc u(ei) = λieiavec λi=b(ei, ei)ket uest diagonalisable en base
orthonormée.
41.On cherche à construire à partir de qun endomorphisme de Esymétrique q. On note b(resp b) la
forme bilinéaire symétrique associée à q(resp. q) et ϕbet ϕbles applications linéaires (« de Riesz »)
ϕb:(EE
x7−(y7→ b(x, y)) et ϕb:(EE
x7−(y7→ b(x, y).
Comme qest non dégénérée, ϕbest un isomorphisme. On définit alors l’endomorphisme ude E
u=ϕb
1ϕb: E E.(1)
Montrons à présent que uest symétrique pour b. Par définition, on a, pour x, y E,
b(u(x), y) = ϕb(u(x))(y) = ϕb(x)(y) = b(x, y) = b(y, x) = ϕb(y)(x) = ϕb(u(y))(x) = b(u(y), x) = b(x, u(y)).
Le théorème 4 donne l’existence d’une base B= (e1,...,en)orthonormée pour qet dans laquelle la matrice
de uest diagonale. Montrons que Best orthogonale pour q. Pour i6=j, on a
b(ei, ej) = b(u(ei), ej) = b(λiei, ej) = λib(ei, ej) = 0 .
Équivalence des versions matricielles.
14.Comme Mest symétrique, l’hypothèse sur Uassure que la matrice N = MU est symétrique (comparez
la définition de Navec (1)). Ainsi le théorème 1 montre qu’il existe PGLn(R)tel que tP MP = Inet
tP NP = D avec Ddiagonale. Or D = tP NP = tP MPP1UP = P1UP.
14.On pose U = M1N(comparez avec (1)). Comme Met Nsont symétrique, on a tU M = tNtM1M =
N = MU. Ainsi le théorème 1 montre qu’il existe PGLn(R)tel que tP MP = Inet P1UP = D avec D
diagonale. Or tP NP = tP MUP = tP MPP1UP = D.
Remarque 7 Piège. Attention, il faut toujours avoir en tête la relation (1)ou son équivalent matriciel
U = M1Nqui fait le lien entre la matrice de l’endomorphisme symétrique et la matrice de la forme quadratique.
Le piège vient du fait que la matrice d’une forme quadratique est par définition toujours une matrice symé-
trique alors que la matrice d’un endomorphisme usymétrique (pour un produit scalaire ,·i) n’est pas forcément
symétrique. En fait, on a le résultat suivant : soit Bune base de E, la matrice de udans Best symétrique si
Best une base orthonormée pour ,·i puisque dans ce cas M = Inet donc U = N est symétrique (c’est le cas
auquel on est habitué).
Remarque 8 Complément. Pour un énoncé plus général sur l’orthogonalisation simultanée de deux formes
quadratiques (dans un cadre non euclidien), on pourra consulter [RDO2, 1.3.2.4].
Pour d’autres commentaires sur la relation (1), on pourra consulter [PAU, Chapitre 2]. Pour les problèmes
de changements de base, le chapitre 1 de [PAU] regroupe différents points de vue.
Références
[PAU] A. Paugam.Questions délicates en algèbre et géométrie. Dunod, 2007.
[RDO2]E. Ramis,C. Deschamps, et J. Odoux.Cours de Mathématiques 2, Algèbre et applications à la géométrie.
Dunod, 1998.
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