69Repousser les frontières de la connaissance
tions aux limites, superflues. Dans ce
cas, l’équation est un système (distribué)
d’équations aux dérivées ordinaires
(EDO) plutôt qu’une EDP. Un exemple
physique est donné par la polarisation
électrique induite dans un milieu diélec-
trique, qui peut être décrite par un pro-
cessus de relaxation de la densité locale
de charges de polarisation.
Il existe d’autres cas où une condition
aux limites est inutile, même en présence
de dérivées spatiales. L’état d’un fluide
supersonique en sortie de tuyère, par
exemple, est totalement déterminé par
l’information issue de l’espace tout entier.
Le fluide s’écoulant plus rapidement que
la vitesse du son, qui constitue ici la
vitesse de l’information, aucune informa-
tion ne peut refluer de la limite à l’es-
pace ; cette limite n’affectera donc pas
l’état dans l’espace.
Les conditions aux limites sont normale-
ment nécessaires et classées selon la
nature de la propagation des EDP : diffu-
sive, instantanée, convective ou ondula-
toire. La propagation instantanée, par
exemple, correspond à des solutions en
régime permanent ; on suppose implici-
lement de deux propriétés structurelles
des équations dans tout l’espace.
La première est l’ordre de l’EDP, qui
désigne l’ordre le plus élevé des dérivées
partielles intervenant dans l’équation ;
l’équation de la chaleur, par exemple, est
du second ordre puisqu’apparaît une
dérivée de la forme 2 T / x2. Les condi-
tions aux limites seront généralement
une relation entre les grandeurs phy-
siques et leurs dérivées (spatiales) avec
un ordre inférieur de 1 à l’ordre de l’EDP
elle-même car les dérivées d’ordre supé-
rieur peuvent être éliminées avec l’EDP
dans l’espace. Exemple : dans l’équation
de la chaleur en
régime permanent
2 T / x2
=
0, la condi-
tion aux limites
pourrait en prin-
cipe contenir des
dérivées spatiales
arbitraires, et pas
seulement T et ses
dérivées. Or les
termes de la forme
2 T / x2 ou plus élevée peuvent être
supprimés avec 2 T / x2 = 0.
La seconde propriété concerne la façon
dont l’information se propage dans tout
l’espace, autrement dit, comment une
perturbation ou un changement de gran-
deur physique en un point influence sa
valeur à une distance, dans le même
temps ou postérieurement.
L’exemple le plus simple est une EDP
d’ordre 0 ; dérivées spatiales et propaga-
tion sont alors absentes, et les condi-
Les EDP décrivent le comporte-
ment de propriétés ou de gran-
deurs physiques dans l’espace et
dans le temps. À chaque carac-
téristique étudiée, son équation : équa-
tion de la chaleur pour la température,
équation de Laplace pour le potentiel
électrique, équations de l’écoulement
pour la masse, la quantité de mouve-
ment et l’énergie, etc.
La présence de dérivées (mathéma-
tiques) spatiales dans ces EDP est asso-
ciée à un couplage d’un point donné
dans l’espace avec son voisinage, sou-
vent dû à un phénomène de transport.
Pour obtenir des solutions d’EDP bien
définies, c’est-à-dire uniques, il convient
de spécifier des conditions limites, tout
comme il faut une condition initiale pour
résoudre un processus temporel ; par
analogie, les conditions au point de
départ d’une simulation peuvent être
interprétées comme une condition aux
limites pour l’axe du temps. La forme
mathématique générale de conditions
aux limites spécifiques dépend principa-
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Nombreuses sont les limites internes, les surfaces
et les interfaces d’un produit qui conditionnent sa
performance et doivent faire l’objet de simulations
intégrant précisément ses conditions aux limites.
Qui dit simulations numé-
riques signifiantes implique
des modèles dans tout l’es-
pace enrichis de conditions
aux limites appropriées.
1 Dérivation des conditions aux limites pour une équation macroscopique
à partir de la physique sous-jacente microscopique
Solution dans l’espace extrapolée
Solution de l’équation dans l’espace (macroscopique)
L
Solution de l’équation aux limites
(microscopique)
a y + b y’= c
x
∆y
y