Toisons-nous” : un moyen simple de dépistage et de sensibilisation
A l’occasion de la Journée mondiale de l’ostéoporose le 20 octobre, AMGEN soutenu par
l’AFLAR saisit cette occasion pour sensibiliser au risque d’ostéoporose grâce à un moyen simple
de dépistage. Dans chacune des 650 pharmacies partenaires, du 12 au 30 octobre, une toise
sera mise à la disposition des femmes de plus de 50 ans pour mesurer leur taille, dans un
espace aménagé pour respecter la confidentialité. Si la perte est égale ou supérieure à 4 cm,
l’équipe leur conseillera de consulter un médecin. Si elle est inférieure à 4 cm, il leur sera
proposé de remplir une fiche d’évaluation tenant compte des principaux facteurs de risque. Selon
le résultat, l’équipe les orientera vers un médecin ou leur conseillera une surveillance régulière.
À toutes les femmes, il sera proposé une brochure, répondant aux “dix questions les plus
fréquentes des patientes”, répertoriées grâce au numéro de téléphone (“Allo ostéoporose” –
08 10 43 03 43) mis en place par l’AFLAR.
Toujours dans le cadre de l'amélioration du dépistage de l'ostéoporose, l'AFLAR,
met à la disposition des pharmaciens partenaires un dispositif connecté sur ipad
par la mise en place d’un questionnaire de facteurs de risques sur l’ostéoporose et
un quizz pour faire le point sur les connaissances des patients sur l’ostéoporose.
Questions au Pr Erick Legrand, Rhumatologue au CHU d’Angers
Chez quels patients faire un dépistage de l’ostéoporose ?
Deux catégories de patients de plus de 50 ans peuvent particulièrement bénéficier d’une
ostéodensitométrie : les patients victimes d'une fracture non traumatique c'est-à-dire survenue après
une chute banale de leur hauteur (fracture suspecte d’être d’origine ostéoporotique), et les patients
qui présentent un ou plusieurs facteurs de risque cliniques d’ostéoporose sans avoir eu de fracture.
Les facteurs de risque les plus importants pour l'ostéoporose sont la ménopause précoce (avant 40
ans), une prise prolongée (> 3 mois) par voie orale d'un traitement contenant des corticoïdes, la
maigreur (IMC ≤ 19), des antécédents familiaux (mère ou père) de fracture de l’extrémité supérieure
du fémur, le tabagisme actif et de façon générale, toute maladie chronique sérieuse susceptible de
provoquer une perte osseuse : maladie neurologique, polyarthrite rhumatoïde, maladie digestive avec
dénutrition ou inflammation, cancer hormono-dépendant, en particulier sein et prostate…
À partir de ces critères cliniques, le logiciel en ligne FRAX (disponible sur le site du GRIO) permet de
calculer le risque absolu de faire une fracture ostéoporotique dans les dix années qui suivent. En
accord avec son patient, le médecin (généraliste, rhumatologue, gynécologue, gériatre) peut décider
d’une ostéodensitométrie qui permet d'évaluer plus précisément le risque de fracture, en renseignant
sur le capital osseux disponible chez le patient.
Enfin, n’oublions pas que l’ostéodensitométrie est aussi utile quand elle montre des résultats vraiment
normaux chez un patient victime d'une fracture après une chute de sa hauteur, permettant d'éliminer
l'ostéoporose et ainsi d'éviter de prescrire un traitement de fond à un patient qui n’en a pas besoin !
Comment expliquer le nombre insuffisant d’ostéodensitométries pratiquées en France ?
Il est insuffisant dans la plupart des pays développés. J’y vois trois raisons principales. Pour beaucoup
de patients et de médecins, une fracture chez une personne âgée n’est que la conséquence d'une
“mauvaise chute”… l'ostéoporose, fragilité acquise et évolutive du tissu osseux, est ignorée. Après un
infarctus, tous les médecins mesurent la tension artérielle et le cholestérol, facteurs de risque de
nouvel infarctus… Après une fracture sérieuse (fémur, vertèbre, humérus..), la même démarche n'est
pas engagée. La mortalité post-infarctus et la mortalité post-fracture sont pourtant très proches chez
les sujets âgés de plus de 70 ans. La seconde raison tient à la difficulté apparente d’interprétation des
résultats de l'ostéodensitométrie, qui déroutent beaucoup de médecins. Enfin, le retrait du marché de
certaines molécules a pu faire douter de l’efficacité, pourtant très importante des traitements de fond
de l’ostéoporose et donc de l’intérêt du dépistage. Il faut donc changer les mentalités des patients
comme des médecins, apprendre à repérer les fractures non traumatiques et les facteurs de risque
majeurs. L'intérêt de la campagne “Toisons-nous”, qui explique l’importance et les modalités du
dépistage est donc évident.
FR-NP-162-1015-115869