Formes évolutives [3], [23], [24], [25], [26], [27]
L'âge de début habituel de la SEP est entre 20 et 40 ans et il y a 1,7 femme atteintes pour 1 homme. Mais il
a été décrit des formes à début très précoce dans l'enfance et, à l'opposé, de début très tardif.
La classification des formes évolutives de SEP sur laquelle reposent les indications des traitements de fond,
a fait l'objet d'une tentative de consensus international. Il a été proposé de retenir quatre formes :
- la forme rémittente (SEP-R), la plus fréquente, caractérisée par des poussées et des rémissions avec ou
sans séquelles ;
- la forme progressive secondaire (SEP-SP) caractérisée par une évolution progressive du déficit
neurologique, après une phase rémittente ; des poussées surajoutées sont possibles ;
- la forme progressive primaire (SEP-PP), caractérisée par une évolution progressive d'emblée sans
poussée associée ni avant ni pendant cette progression ; des phases de plateau sont admises ;
- la forme progressive à rechutes (SEP-PR), caractérisée par une évolution progressive d'emblée
émaillée de poussées.
L'individualisation de cette dernière forme est discutée. L'étude d'histoire naturelle réalisée en Ontario a en
effet montré que son individualisation par rapport aux formes PP n'était pas justifiée. [24] D'autres formes
cliniques, comme les formes transitionnelles, ont été caractérisées en fonction de la séquence une poussée
unique puis progression mais n'ont pas été intégrées dans ces définitions. Le Tableau 2 réunit l'ensemble
des possibilités ainsi que les appellations proposées dans la littérature. Les patients n'ayant eu qu'une
poussée ne peuvent pas être classés dans une des quatre formes, alors qu'une majorité d'entre eux
présente déjà probablement une SEP et que la répétition des IRM permet d'établir le diagnostic
précocement en montrant l'apparition de nouvelles lésions (voir plus loin les critères diagnostiques). On
utilise le terme de syndrome clinique isolé pour désigner une première poussée isolée caractéristique d'une
atteinte d'allure inflammatoire idiopathique à haut risque de SEP. D'autres types de classification sont
parfois proposés (selon la charge lésionnelle en IRM, selon le tableau clinique prédominant etc.). L'objectif
de ces classifications évolutives est d'adapter le traitement à la physiopathologie supposée. Nous
exposerons les caractéristiques évolutives selon le mode de début : rémittent ou progressif. En pratique
clinique et de recherche, ce sont en effet ces deux formes cliniques principales de SEP qui se distinguent.
Les formes aiguës d'évolution monophasique fatale, décrites par Marburg, ne rentrent pas dans cette
classification et seront décrites plus loin.
Formes de début rémittent
Entre 85 et 90 % des patients débutent leur maladie par la phase rémittente. L'âge de début moyen est 29
ans. La maladie est caractérisée au début par des poussées cliniques et des rémissions. La poussée est
définie comme une période d'apparition ou d'aggravation assez rapide de signes ou symptômes
neurologiques, durant plus de 24 à 48 heures et séparée de la précédente d'au moins 1 mois. Cette période
est suivie d'une rémission plus ou moins complète. Les symptômes peuvent être nouveaux mais il peut
s'agir aussi de la réapparition ou de la majoration d'un symptôme déjà vécu lors d'une poussée antérieure.
Dans ce cas, et en particulier s'il s'agit de l'aggravation de séquelles acquises lors d'un épisode précédent, il
faut être prudent avant de retenir le diagnostic de nouvelle poussée. Les symptômes neurologiques doivent
durer au moins depuis 48 heures. Il faut les distinguer des manifestations paroxystiques parfois rencontrées
dans la maladie, des troubles liés à la chaleur ou à une fatigue après un effort inhabituel et surtout d'un
épisode infectieux avec fièvre qui peut majorer ou faire réapparaître des symptômes neurologiques. Enfin,
certains symptômes de la maladie semblent évoluer indépendamment de poussées chez des patients ayant
une forme apparemment rémittente : il en est ainsi de la fatigue, des douleurs neurologiques, des troubles
sphinctériens, des troubles thymiques, des troubles du sommeil et des troubles cognitifs même s'ils
surviennent parfois à l'occasion d'une poussée. Les crises comitiales surviennent habituellement en dehors
des poussées.
Cette définition clinique est cependant arbitraire, les études en IRM ayant montré que des lésions
inflammatoires pouvaient apparaître en dehors des poussées et qu'une rechute quelques jours après une
poussée pouvait correspondre à une nouvelle lésion.
Les premières poussées régressent souvent sans séquelles alors que les suivantes laissent un déficit
permanent mais qui ne s'aggrave pas avant la poussée suivante. Certaines poussées très sévères du début
de la maladie ne régressent quasiment pas, laissant le patient paraplégique ou hémiplégique. La majorité