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CANDIDE : UNE RE CRÉATION…
La création de Candide par Pierre Diependaële et sa compagnie a eu lieu en 1985, lors de sa première
saison au sein du Théâtre du Marché aux Grains à Bouxwiller (aujourd’hui Théâtre Christiane Stoë),
dont la salle fut inaugurée en mai 1984.
C’est alors sur la proposition de la comédienne Christiane Stroë que Candide fut le premier projet
répété dans ces lieux nouvellement équipés, faisant de cette œuvre philosophique le point de départ
d’une aventure humaine et artistique qui traverse l’histoire, puisque toujours vivace aujourd’hui.
Près de 30 ans plus tard, Pierre Diependaële a décidé de recréer Candide, de faire à nouveau entendre
la pensée de Voltaire sur les scènes de théâtre.
Comme il l’évoque lui-même : « Trente ans, c’est une génération ; le texte de Voltaire – journal critique
d’actualités réinterroge l’histoire (…) tout ce qu’il balaie fait question aujourd’hui ». Pierre Diependaële a
décidé de faire un « scanner de l’époque » dans laquelle il a monté cette pièce la première fois et « la
mettre en regard aujourd’hui, de cette époque-là ».
Dans le texte, Candide se soumet lui-même à l’épreuve du temps, sans nostalgie.
Pierre Diependaële fait un exercice similaire et s’inscrit ainsi dans la démarche de Voltaire « historien
compulsif ». Tel un enquêteur il « historie », regarde le chemin parcouru depuis 1985 : « rebattre un
temps d’avant la chute du Mur, d’avant l’outil ordinateur, d’avant l’euro… d’avant ci, d’avant ça…
d’avant la naissance et la mort de tant et tant d’êtres ».
Faire entendre le texte et la pensée voltairienne, écrit dans « un état maîtrisé de l’écriture française »
alors que celle-ci est à son faîte ; toujours travailler à « un théâtre de texte » et valoriser ainsi cette
langue « efficace » (Voltaire ayant alors pour objet de « convaincre le lecteur afin de modifier sa
pensée », c’est ce à quoi aspire Pierre Diependaële dans cette recréation.
Autre clin d’œil de l’histoire, le metteur en scène a aujourd’hui quasiment le même âge que Voltaire
lorsqu’il écrivit Candide…
« Le texte de théâtre dégage son intensité, son point d’incandescence, dans le temps éphémère, non
reproductible de la représentation.
Mais il traverse ou, plus précisément, il accompagne durablement l’histoire de certaines sociétés.
Chacun des actes du théâtre trace en pointillé une ligne des histoires humaines.
Le théâtre est un art du temps présent, sommé de satisfaire l’instance de l’acte présent, un peu comme
on dit des notes enregistrées d’un procès qu’elles sont des « minutes ».
Par le truchement d’un monde imaginaire habité, hanté de situations et de personnages de fiction, le
théâtre s’affiche comme le lieu et le temps nécessaires à l’expression d’une identité, à la résolution
d’une crise ou d’un conflit, qu’ils soient collectifs ou individuels. »
Pierre Diependaële / Théâtre du Marché aux Grains