Traitements de fond des Arthrites Juvéniles Idiopathiques (AJI) Pierre Quartier Centre de référence pour les rhumatismes inflammatoires et les maladies auto-immunes systémiques rares de l’enfant (centre RAISE) ex centre pour la rhumatologie et les maladies inflammatoires en pédiatrie (www.cerhumip.fr) Unité d’Immuno-Hématologie et Rhumatologie pédiatrique Necker-Enfants Malades, Paris Conflits d’Intérêt Bourses de recherche : Abbott/Abbvie, Chugai- Roche, Novartis, Pfizer Expertise ou intervention à des séminaires : Abbott/Abbvie, Amgen, BMS, Chugai-Roche, Medimmune, Novartis, Novimmune, Pfizer, Sanofi, Servier, Sweedish Orphan Biovitrum (SOBI) Coordination d’essais cliniques : Abbott/Abbvie, BMS, Chugai-Roche, Novartis, Pfizer, Sanofi Invitation à des congrès : Abbott/Abbvie, BMS, Novartis, Pfizer, Roche, SOBI Nomenclature/classification des AJI à revoir 1/ Trois formes à rapprocher des formes équivalentes de l’adulte : Formes systémiques Formes polyarticulaires FR positif Enthésite en rapport avec une arthrite Still à début pédiatrique PR à début juvénile Spondylartropathies juv. 2/ Une entité (et non deux) de début spécifiquement < 6 ans *: Formes oligoarticulaires Formes polyarticulaire FR négatif isoler début< 6 ans FAN+ isoler début< 6 ans FAN+ 3/ des entités trop hétérogènes (+ les oligo/poly FAN-, début > 6 ans) AJI psoriasique (certaines proches d’oligo ou de spondylarthrites) AJI indifférentiées FR = facteur rhumatoïde ; PR = polyarthrite rhumatoïde FAN = facteurs anticorps anti-nucléaires *risque d’uvéite “à oeil blanc” Les AJI, maladies chroniques, variées Les AJI commencent par définition dans l’enfance mais sont souvent actives sur des années* voire à l’âge adulte Certaines formes d’AJI sont associées à des symptômes particuliers : – l’atteinte systémique de la forme systémique d’AJI ou maladie de Still (fièvre, rash, péricardite, …) – l’uvéite chronique associée à des AJI oligo ou polyarticulaires du jeune enfant – l’atteinte des enthèses puis parfois du rachis et des articulations du bassin dans les spondylarthropathies – l’atteinte cutanée d’AJI associées au psoriasis, … *certainement moins actives avec des traitements efficaces précoces Les AJI, hétérogènes quant aux déséquilibres physiopathologiques sous-jacents Ces maladies ont en commun l’arthrite qui débute avant l’âge de 16 ans et a une évolution chronique Mais on distingue : – Une forme systémique dont la physiopathologie implique les molécules (cytokines) interleukine (IL)-1, IL-18, IL-6 (profil auto-inflammatoire) – les oligo et polyarthrites, associées à un excès de Tumor Necrosis Factor (TNF) alpha, parfois d’IL-6 et qui peuvent aussi répondre à l’abatacept. – les spondylarthropathies, où TNF et IL-17 sont des molécules clés mais ni les anti-IL-6 ni l’abatacept ne fonctionnent Traiter une AJI, ce n’est pas simple 1/ Traiter l’atteinte articulaire elle-même : – Traitements locaux (infiltrations) – Traitements systémiques transitoires ou prolongés 2/ Prévenir la gène fonctionnelle et le handicap – Kinésithérapie, balnéothérapie, ergothérapie – En plus du traitement médical 3/ Traiter d’autres atteintes de l’AJI dans certains cas – Signes systémiques, activation macrophagique, uvéite, … 4/ Traiter des symptômes associés à l’AJI – Douleur, parfois retentissement psychologique, … 5/ Traiter parfois les conséquence de l’AJI ou de certains traitements (corticostéroïdes) : – Déminéralisation osseuse, retard de croissance, … Les traitements Traitements non médicamenteux (kinésithérapie, balnéothérapie, ergothérapie, parfois chirurgie) Traitements médicamenteux de fond de l’AJI : – Ce sont des immunomodulateurs – depuis le méthotrexate ou le leflunomide et autres « disease modifying drugs » non biologiques – jusqu’aux traitements biologiques (biothérapies) Autres traitements médicamenteux – anti-inflammatoires non stéroïdiens, parfois corticostéroïdes (éviter administration prolongée) – antalgiques divers, traitements locaux (collyres, produits pour injections intra-articulaires, …) Les traitements de fond Leur principal objectif : – Maintenir sur la durée la maladie la moins active possible et limiter ainsi les conséquences de l’AJI (tant au quotidien que sur le long terme) – Idéalement permettre une rémission complète de la maladie sous traitement – En minimisant le risque de complications Leurs modes d’action et ses conséquences : – Immunomodulateurs – Associés pour certains à un risque accru d’infections*, plus exceptionnellement à d’autres complications *importance des mesures préventives dont les vaccinations Pour débuter un immunomodulateur (méthotrexate ou biothérapie Etre prêt à évaluaer régulièrement l’activité et le retentissement de la maladie avant et pendant le traitement Bilan des « fragilités » du patient – Fragilité infectieuse (dont tuberculose) – Fragilité d’un organe (par exemple hépatique) – Fragilité familiale et sociale (pour le suivi) Prévention des risques : – Information patient et entourage – Traitement d’éventuelles infections – Vaccinations optimisées (dont le pneumocoque) – Education thérapeutique quand c’est possible Médicaments utilisés comme traitement court ou comme traitement de fond Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme ibuprofène (Advil®), naproxène (Apranax®, Naprosyne®) indométacine (Indocid®), … – Parfois en traitement bref de la douleur – Parfois en traitement prolongé pour contrôler une arthrite peu sévère = alors traitements de fond Les corticostéroïdes – Parfois utilisés en traitement bref d’une poussée – Parfois sur le long cours comme traitements de fond, par voie locale (collyres dans les uvéites) ou générale (certaines formes systémiques d’AJI Les Disease Modifying Antirheumatic Drugs (DMARDs) Uniquement utilisés en traitements de fond DMARDs non biologiques : – Méthotrexate (Novatrex, Imeth, …) – Leflunomide (Arava), autres plus rarement DMARDs biologiques (biothérapies) – Anti-TNF : etanercept (Enbrel®), adalimumab (Humira®) rarement infliximab (Remicade®, Inflectra®) – CTLA-4 Ig : Abatacept (Orencia®) – Anti-IL-6 : tocilizumab (RoActemra®), sarilumab – Anti-IL-1 : anakinra (Kineret®), canakinumab (Ilaris®) – Autres en développement Quand introduire un traitement de fond Parfois précocement : – Forme systémique d’AJI sévère – Polyarthrite – Spondylarthropathie avec signes de gravité, en particulier atteinte axiale (rachis, bassin) Parfois après plusieurs mois ou années si l’évolution de la maladie l’impose – Oligoarthrite qui récidive malgré infiltrations et AINS ou qui s’étend à plus d’articulations – Uvéite qui échappe aux collyres ou avec complications (cataracte, glaucome) sous collyres corticostéroïdes Limites des traitements classiques Parfois mal tolérés, surtout pour le méthotrexate : – Intolérance hépatique ou digestive (dont dégoût) Efficacité souvent jugée insuffisante : – jadis chez 30% des patients lorsqu’on attendait de ces traitements une amélioration significative tout en tolérant la persistance d’une maladie active – aujourd’hui, efficacité jugée insuffisante chez un % plus élevé de patients car, au vu de l’efficacité des biothérapies, l’objectif est l’obtention d’une rémission complète ou quasi-complète de la maladie – Pour les corticostéroïdes, toxicité ++ chez l’enfant Un exemple d’action d’une biothérapie : Inhibition du TNFa par l’etanercept (Enbrel®) Macrophage activé TNFR TNF CTLA-4Ig (Abatacept, Orencia®) joue le rôle du CTLA4 naturel CTLA4 se fixe à CD80/86 de façon beaucoup plus affine que CD28 Peptide antigénique CPA LT naïf CTLA4 bloque le second signal d ’activation du lymphocyte T Principales maladies et progrès dans leur traitement de fond Forme systémique d’arthrite juvénile idiopathique • AJI: arthrite, début < 16 ans, durée > 6 semaines, autres diagnostics exclus • fièvre 15 jours, avec pics caractéristiques 3 jours • Rash cutané ± adénopathies ± hépato-splénomegalie ± péricardite ± syndrome d’activation macrophagique (SAM) Interleukine-1 et Interleukine-6 dans la forme systémique d’AJI FS-AJI : proposition de critères moins restrictifs Critères « provisionnels » du CARRA Projet de nouveaux critères PReS (Alberto Martini) – L’arthrite ne serait plus un critère obligatoire – La durée de 6 semaines d’évolution ne serait plus exigée, possibilité de diagnostic ou de diagnostic « provisionnel » après 2 à 3 semaines – Intérêt potentiel : pouvoir offrir plus précocement un traitement anti-IL-1 dans le contexte d’une approche moderne d’une maladie à présentation initiale très auto-inflammatoire – Risque : diagnostiquer par excès Attitude classique / attitude moderne Attitude classique (= recommandations actuelles) : – Essayer un AINS (souvent l’indométacine) dans le formes peu sévères – Si critères de sévérité ou réponse insatisfaisante aux AINS, introduire une corticothérapie générale – Si corticodépendance et maladie active après 3 mois ou plus, discuter biothérapie anti-IL-1 ou IL-6 Attitude moderne – Si échec du traitement AINS, envisager précocement une biothérapie anti-IL-1 (en général l’anakinra) avant même corticothérapie Anakinra (Kineret) précocement Vastert SJ, et al. Arthritis Rheumatol. 2014;66:1034-43. 21 patients vus au diagnostic de FS-AJI, 20 en échec de l’indométacine = mis sous anakinra (2 mg/kg, 100) 18/20 = apyrexie à J3 15 avec réponse ACR ≥ 90% à Jour 90 13 avec maladie inactive à 1 an, dont 11 avaient stoppé l’anakinra Sur l’ensemble des patients : – à 2 ans : 12/14 en rémission dont 8 sans traitement – À 3 ans, 10/11 en rémission dont 8 sans traitement Un enfant n’a pas répondu à l’anakinra ni aux autres traitements tentés par la suite, évolution défavorable Autre anti-IL-1 : Canakinumab: cible l’IL-1β Etude chez des enfants traités après en moyenne 2-3 ans de maladie, avec fièvre et arthrites Caractéristiques AC monoclonal humain, IgG1 anti-IL-1β Action Lie directement l’IL-1β Capture and neutralise l’IL1β ihnibant ainsi sa liaison à son récepteur Pas de réaction croisée avec IL-1α or IL-1Ra Canakinumab IL-1β G2305 : Réponse au Canakinumab versus placebo à J15 et J29 (critère ACR pédiatrique adapté à la FS AJI) Primary Endpoint Day 15 Day 29 * * *P < 0.0001 vs placebo **P = 0.0001 vs placebo * * * Responders, % * * * ** * n 36 4 29 2 26 1 18 0 14 Canakinumab (n=43) 0 34 4 33 2 28 1 20 1 Placebo (n=41) Tolérance : 4 événements indésirables graves: 2 sous canakinumab (varicelle, SAM), 2 sous placebo (gastroentérite, SAM) 14 1 G2301: Partie 2 : délai avt rechute canakinumab versus Placebo 100 Kaplan-Meier Estimate: Probability to Remain Flare Free, % 90 80 60 75% Canakinumab (n=50) 50 P <0.0043 70 40 30 27% Placebo (n=50) 20 10 0 1 29 57 85 113 141 169 197 225 253 281 309 337 365 393 421 449 477 505 533 561 589 617 645 Study Day Délai médian à la rechute : 236 jours (95% CI: 141, 449) ss placebo mais médiane non atteinte sous canakinumab 52% des patients rechutent ss placebo vs 22% ss canakinumab Anti-récepteur de l’IL-6 tocilizumab, chez des enfants avec 6 ans de maladie active et 20 arthrites en moyenne, avec ou sans fièvre TCZ (n=75) Responders (%) Placebo (n=37) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 90.7* 85.3* 70.7* 37.3* 24,3 10,8 ACR30 ACR50 8,1 5,4 ACR70 ACR90 Réponse ACR pédiatrique 30/50/70/90% à la semaine 12 (ITT ) *p<0.0001 Analyse de Cochran-Mantel-Haenszel ajustée sur les facteurs de stratification de la randomisation appliqués à l’inclusion ; ITT = analyse en intention de traiter Expérience acquise avec les anti-IL-1 Essais randomisés Profil évolutif « autoinflammatoire » Peu d’arthrite Phase initiale Inflammatoire ± polyarthrite Profil évolutif systémique et polyarthrite Expériences pilotes Profil évolutif polyarticulaire sans signes systémiques cliniques Expérience acquise avec le tocilizumab peu de données Profil évolutif « autoinflammatoire » Peu d’arthrite Essais randomisés Phase initiale Inflammatoire ± polyarthrite Profil évolutif systémique et polyarthrite Profil évolutif polyarticulaire sans signes systémiques cliniques Taux de maladie inactive sous biothérapie dans la forme systémique d’AJI, Necker 1ère ligne 2è ligne 3è ligne 4è ligne Anti-TNF 0/13 0/4 0/1 Anakinra 26/51 0/7 0/1 Canakinumab 7/10 4/14 2/5 0/2 Tocilizumab 2/2 2/6 4/10 1/1 Woerner A, et al. RMD Open 2015;1:e000036. Forme Systémique d’AJI : autorisations de mise sur le marché (AMM) / essais en cours Maladie évolutive, échec des AINS et corticostéroïdes : – Anti-IL-6 : • Tocilizumab : AMM voie IV 12 mg/kg toutes les 2 semaines si poids < 30 kg, sinon 8 mg/kg toutes les 2 semaines • Essais en cours avec tocilizumab et sarilumab SC – Anti-IL-1 • Utilisation hors AMM de l’anakinra • AMM pour le canakinumab 4 mg/kg (maxi 300 mg) SC /4 semaines … mais prise en charge par l’assurance maladie en attente (très cher) • Etude canakinumab de décroissance de dose Les enthésites avec AJI (spondylarthropathies) Anti-inflammatoires non stéroïdiens, essayer au besoin plusieurs familles • Ibuprofène ou naproxène 30 mg/kg par jour sans dépasser 1200 mg environ • Diclofénac ou indométacine 3 mg/kg par jour sans dépasser 150 mg en deux ou 3 prises • Meloxicam (7,5 ou 15 mg/jour en 1 ou 2 prises) ± antalgiques, infiltrations, salazopyrine Si échec anti-TNF, autorisation de mise sur le marché européenne récente pour l’etanercept et l’adalimumab 30 AJI associées au psoriasis Certaines formes évoluent comme des oligoarthrites ou des oligoarthrites étendues = même prise en charge en y associant au besoin des traitements locaux pour l’atteinte cutanée D’autres formes évoluent comme des spondylarthropathies (essai réalisé avec l’etanercept) Pas de thérapeutique originale à ce jour chez l’enfant mais des biothérapies particulières comme les antiinterleukine (IL) – 17 pourraient être testées à l’avenir Quoi de neuf dans l’AJI psoriasique et l’enthésite avec AJI ? Essai etanercept ouvert dans ces deux indications (et les oligo étendues) Essai adalimumab randomisé contre placebo pour les enthésites avec AJI (et les oligo étendues) Bons résultats sur l’arthrite (assez bons sur scores cutanés du pso pour l’etanercept), plus mitigés sur l’enthésite … AMM récemment obtenues Efficacité étanercept à 96 semaines (ouvert) Constantin T, et al. J Rheumatol. 2016;43:816-24 Ruben-Vargas R, et al. : efficacité S12 Adalimumab > placebo sur l’arthrite (A)* p =0,039 *Effet significatif sur le nombre d’arthrites avec une réduction de 63% sous adalimumab à S12 versus 12% sous placebo (A), pas sur l’enthésite (C) Les AJI associées au psoriasis La plupart évoluent soient comme une oligoarthrite (surtout les formes débutant < 6 ans), soit comme une spondylarthopathie juvénile (le formes débutant chez des enfants plus âgés) La présence d’un psoriasis chez un apparenté du 1er degré était responsable d’un nombre élevé d’AJI ingroupables selon la classification d’Edmonton D’où une volonté pour les nouvelles classifications de ne pas conserver le pso comme facteur classant Alors même qu’a été mené un essai thérapeutique avec l’etanercept dans l’indication AJI associée au Pso … AMM dans l’enthésite avec AJI Traitement de l'arthrite active liée à l'enthésite chez les patients en cas de réponse insuffisante ou d'intolérance au traitement conventionnel (AINS ou plus) : A partir de 6 ans : adalimumab 24 mg/m2 toutes les 2 semaines avant 13 ans, 40 mg /2 semaines à partir de 13 ans A partir de 12 ans : etanercept 0.8 mg/semaine (également dans l’arthrite juvénile liée au psoriasis) Les oligoarthrites étendues et polyarthrites Attitude classique (recommandations actuelles) : – Tester le méthotrexate* – Si intolérance ou échec (après au moins 3 mois) discuter une biothérapie Attitude moderne – Introduire précocement méthotrexate et biothérapie – Pour un contrôle plus rapide et plus complet de l’activité de la maladie – Et espérer pouvoir ensuite plus précocement proposer une décroissance thérapeutique *efficacité progrerssive, parfois association initiale à une corticothérapie AMM dans les AJI polyarticulaires (ou oligoarticulaires étendues) Polyarthrites et Oligoarthrites étendues dès l’âge de 2 ans après échec d’un traitement par méthotrexate : – Etanercept (récepteur soluble du TNF) : 0,8 mg/kg (maximum 50 mg) x 1/semaine SC en monothérapie – Adalimumab (AC anti-TNF) : 24 mg/m2 si poids < 30 kg et sinon 40 mg x 1 /2 semaines SC, en association au méthotrexate si possible – Tocilizumab (AC anti-Récepteur de l’IL-6) 10 mg/kg si poids < 30 kg et sinon 8 mg/kg x 1 /4 semaines IVL avec ou sans méthotrexate Poly et oligoarthrites étendues à partir de 6 ans si échec d’un premier traitement biologique : – Abatacept (CTLA-4Ig) 10 mg/kg (maxi 1g) J1, J15, J29 puis x 1 /4 semaines IVL Essais en cours des AJI oligoarticulaires étendue et polyarticulaires D’autres anti-TNF (mais pas en France) : – le golimumab (échec de l’essai bien que le traitement semble efficace) – le certolizumab pegol L’abatacept sous-cutané dès 2 ans Des anti-récepteur de l’IL-6 sous-cutanés dès 2 ans : – Tocilizumab – Sarilumab AJI avec anticorps anti-nucléaires Pathologie de début précoce (le plus souvent avant 6 ans) … mais pouvant rester évolutive à l’âge adulte De présentation polyarticulaire (> 4 articulations au cours des 6 premiers mois), oligoarticulaire persistante ou oligoarticulaire étendue Facteurs génétiques présents, plusieurs cas dans certaines familles Avec un risque d’uvéite chronique « à œil blanc » imposant une surveillance régulière (env /3 mois) de l’examen ophtalmologique avec lampe à fente au cours des 5 premières années d’évolution Traitement de fond des uvéites Parfois les collyres suffisent – attention cependant au risque chez certains patients d’hypertonie oculaire/glaucome ou de cataracte du fait d’une inflammation oculaire prolongée et/ou de la corticothérapie Le méthotrexate a un effet protecteur et permet parfois de contrôler l’uvéite Si insuffisant, des essais ont montré l’efficacité de l’adalimumab (Humira) et d’autres biothérapies pourraient aussi être efficaces ADJUVITE : Traitement des uvéites chroniques de l’AJI M2: Objectif principal ® J -30/ J -7 J1 Placebo (n=20) ADA amélioration = baisser les corticoïdes ADA (n=20) J15 M1 M2* Double-insu: 2 mois M3 M4* M6 Ouvert : 10 mois 1 an M9 M12 Réponses adalimumab vs placebo à M2 • Objectif principal : – 9/16 répondeurs dans le groupe adalimumab – 3/15 dans le groupe placebo – Khi-2 : p=0,038, RR = 2,81 en modèle binomial mais intervalle de confiance large [0.94-8.45] • Analyse en per-protocole (excluant 2 inclus à tort) : – 9/14 répondeurs dans le groupe adalimumab – 3/15 dans le groupe placebo – p = 0.015 en Khi-2 – p = 0.035 en modèle binomial, RR = 3,21 [1.09 ; 9.51] Au Royaume Uni : essai SYCAMORE The clinical effectiveness, SafetY and Cost effectiveness of Adalimumab in combination with MethOtRExate for the treatment of juvenile idiopathic arthritis associated uveitis, Patients with JIA and persistent uveitis despite MTX >12 weeks PBO eow + MTX ® N prévu =154 ADA sc eow + MTX Primary endpoint: Effectiveness of ADA vs PBO on refractory uveitis in JIA treated with MTX Essai randomisé 2/3 ADA 1/3 Placebo sur 18 mois, Objectif 1al à M3 sc, sous-cutané Résultats (publiés dans le New England Journal of Medicine ce 27 avril) Inclusions stoppées après analyse intermédiaire sur 90 patients (14 centres en Angleterre et Ecosse) car résultats déjà très significatifs : – 44/60 répondeurs dans le bras ADA versus 12/30 dans le bras placebo Tolérance satisfaisante Perspectives dans l’uvéite associée à l’AJI ou peut-être plus largement les uvéites antérieures chroniques non infectieuses de l’enfant Probablement dossier d’AMM pour l’adalimumab avec : – SYCAMORE comme étude pivot – ADJUVITE et données de registre comme données additionnelles Essais à venir avec d’autres biothérapies dans l’uvéite de l’AJI Décroissance et arrêt des biologiques chez les enfants en rémission complète Données préliminaires dans la forme systémique d’AJI avec le tocilizumab et la canakinumab Essai multicentrique français dans les AJI oligoarticulaires étendues et polyarticulaires sans facteur rhumatoïde : étude AJIBIOREM Forme systémique d’AJI sous tocilizumab : décroissance thérapeutique et arrêt de traitement (De Benedetti Arthritis Rheum 2014) Patients de l’étude internationale TENDER en rémission complète sans corticostéroïdes Essai d’espacer les perfusions de tocilizumab à /3 semaines pendant 3 mois, /4 semaines pendant 3 mois puis arrêt ¼ des patients ont pu arrêter le tocilizumab sans rechute au cours des 6 mois qui ont suivi alors même que les patients de l’étude TENDER avaient commencés le tocilizumab avec en moyenne 5 ou 6 années de maladie et une vingtaine d’articulations inflammatoires À venir dans la forme systémique d’AJI Etude de la décroissance thérapeutique chez les patients en rémission complète (étude en cours avec le canakinumab) Réflexions sur une vraie approche « treat to target » visant la maladie inactive / rémission complète et la décroissance thérapeutique contrôlée Biomarqueurs – Pour le choix de la biothérapie optimale ? – Pour décider d’une décroissance ou d’un arrêt thérapeutique ? Dans les AJI non systémiques oligo ou polyarticulaires (sans facteur rhumatoïde) : PHRC national 2016 : AJIBIOREM Etude de la décroissance thérapeutique précoce et de l’arrêt des biothérapies : – chez des enfants avec AJI oligo ou polyarticulaire sans facteur rhumatoïde – en maladie inactive obtenue à < 12 mois de l’initiation de leur dernière biothérapie par etanercept, adalimumab, abatacept ou tocilizumab (= les 4 ayant une AMM) – avec une maladie inactive depuis < 6 mois – biothérapie pour l’arthrite (pas pour uvéite) Maladie inactive / Rémission complète Maladie inactive (sous traitement ou sans traitement) : – absence d’arthrite active, absence d’uvéite active – absence de signes généraux (fièvre, rash, sérite) – absence d’inflammation biologique – Évaluation par le médecin de l’activité de la maladie < 10/100 Rémission complète : – Maladie inactive de manière persistante depuis au moins 6 mois – Sous traitement (mais sans corticostéroïdes) ou hors traitement Score JADAS (focus sur JADAS 10 ou 27) Juvenile Arthritis Disease Activity Score volonté d’intégrer d’autres critères d’évaluation de la maladie dont l’évaluation par le patient ou ses parents JADAS : – Nombre d’articulations actives (en mettant un maximum à 10 ou 27 pour les JADAS10 ou 27) … comptent pour 10 ou 27 points – Vitesse de sédimentation (VS-20/100, maxi 10 points) – Evaluation de l’activité de la maladie par le médecin (de 0 à 10) – Evaluation de l’activité de la maladie par patient ou parent (de 0 à 10) …score total sur 57 (JADAS27) ou sur 40 (JADAS10) Scores jugeant le retentissement fonctionnel ou plus général de la maladie, des traitements En plus de l’évaluation : – Par le médecin du nombre d’articulations limitées – Par patient ou parent du retentissement de la maladie sur une échelle de 0 à 100 CHAQ – Childhood Health Assessment Questionnaire – Rempli par patient ou parent (quelques minutes) – 8 groupes de questions, score sur 3 – CHAQ > 1.25/3 = retentissement fonctionnel majeur JAMAR : – Score plus sophistiqué en cours de validation En résumé pour les traitements de fond Indication à poser par une équipe expérimentée Mais ne pas attendre trop longtemps pour les discuter devant une AJI avec une atteinte systémique, polyarticulaire, axiale (rachis ou bassin) ou mal contrôlée par les traitements de 1ère ligne Nécessitent un bilan préalable des fragilités du patient, une bonne information, une prévention des risques (vaccins, …), un suivi régulier Ont transformé positivement le pronostic des AJI Une décroissance thérapeutique est envisageable chez certains patients en maladie inactive Importance des essais cliniques et suivis de cohortes Réseaux de soins, enseignement et recherche Structures d’ados et d’adultes Service hospitalouniversitaire FAI2R & Réseau Ile de France & centres de compétence Centre de référence Collaborations internationales, PRINTO*, unités de recherche Associations Familles/ patients Sociétés savantes CIC/URC, labos Divers Spécialistes, Kinés, … Autorités de santé *Pediatric Rheumatology International Trial Organisation