Rhumatologie pédiatrique Juvenile arthritis IP J. Morel Points forts L’adalimumab seul ou en association avec le méthotrexate est un traitement efficace dans la forme polyarticulaire de l’arthrite juvénile idiopathique (AJI). L’association avec le méthotrexate ne donne pas plus d’infections sévères que la monothérapie. L’abatacept permet d’obtenir une amélioration clinique, avec une bonne tolérance dans les formes oligo- et poly­ articulaires de l’AJI. Le tocilizumab a démontré une efficacité sur les symptômes articulaires et la fièvre dans la forme systémique de l’AJI. Le pourcentage de patients sans poussée est significativement plus important dans les groupes traités par adalimumab (figure 1). L’association au MTX n’augmente pas l’efficacité clinique de l’adalimumab, avec un pourcentage de répondeurs même plus important dans le groupe adalimumab en monothérapie. Globalement, l’adalimumab a été bien toléré. La plupart des effets indésirables signalés ont été des infections respiratoires hautes. Aucune infection opportuniste ou tuberculeuse n’a été rapportée. Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives en termes d’effets indésirables entre les différents groupes. Cependant, on dénombre plus d’effets indésirables graves avec le traitement par adalimumab. Il n’y a pas plus d’infections graves lorsque l’adalimumab est associé au MTX. p = 0,015 Une étude randomisée multicentrique de phase III, en aveugle contre placebo, a permis d’évaluer l’efficacité de l’adalimumab dans l’arthrite juvénile idiopathique (AJI). Pour des raisons éthiques, le design de l’étude chez l’enfant comprend trois phases : une phase ouverte pendant laquelle tous les enfants reçoivent le traitement, puis une phase en double aveugle avec un randomisation en deux groupes, l’un recevant le traitement et l’autre le placebo. Après cette période ou en cas de poussée, tous les enfants passent dans la troisième phase, qui est ouverte, et reçoivent le traitement. Dans cette étude, la synergie et la tolérance de l’association au méthotrexate (MTX) ont été étudiées. Un groupe recevait du MTX et pas l’autre. Cent soixante-dix enfants (84 dans le groupe avec MTX et 86 dans le groupe sans MTX), âgés de 4 à 17 ans et atteints d’une arthrite polyarticulaire active (plus de 5 articulations gonflées et plus de 3 douloureuses), ont d’abord été inclus dans la phase ouverte de 16 semaines, puis 133 l’ont été dans l’étude randomisée comparant l’efficacité de l’adalimumab (24 mg/m², maximum : 40 mg/dose), associé ou non au MTX. Le critère principal d’évaluation était la poussée, définie par : – l’absence d’amélioration d’au moins 30 % de 3 des 6 critères de l’ACR pédiatriques, – l’amélioration de 30 % pour un seul de ces 6 critères, – ou l’existence de plus de 2 articulations gonflées avec une amélioration de l’activité globale de la maladie mesurée sur l’EVA inférieure à 30 %. La Lettre du Rhumatologue - n° 328 - janvier 2007 LR-NN328ACR-0107.indd 39 80 Pourcentage de patients sans poussée l’Adalimumab dans les arthrites juvéniles idiopathiques polyarticulaires Rhumatologie pédiatrique R humatologie pédiatrique p = 0,031 71 65 60 37 40 43 20 0 MTX Sans MTX Placebo Adalimumab Figure 1. Pourcentage de patients sans poussée pendant la phase en double aveugle chez les enfants atteints d’AJI polyarticulaire et traités par adalimumab ou placebo avec ou sans méthotrexate. l’Abatacept dans les AJI oligoet polyarticulaires L’abatacept est un modulateur des molécules de costimulation qui a fait l’objet d’une étude dans l’AJI, d’abord en ouvert pendant 113 jours (période A), puis randomisée en double aveugle pendant 6 mois (période B) suivie d’une extension en ouvert (période C). Cent quatre-vingt-dix enfants âgés de 12,4 ans et ayant une AJI active de forme polyarticulaire ont 39 29/01/07 10:27:07 Rhumatologie pédiatrique R humatologie pédiatrique Proportion de patients sans poussée 1 0,8 0,6 0,4 0,2 p = 0,0002* 0 0 1 2 3 Mois 4 Abatacept 5 6 Placebo * Log Rank Test Figure 2. Pourcentage de patients sans poussée pendant la phase en double aveugle chez les enfants atteints d’AJI oligo- et polyarticulaire et traités par abatacept ou placebo. été traités, dans cette étude, par l’abatacept seul (10 mg/kg en perfusion d’une heure) à J1, J15 et J29, puis tous les 28 jours (jusqu’à 113 jours) par l’abatacept associé au MTX. Dans l’étude initiale ouverte, l’état de 64,7 %, 49,5 % et 28,3 % des enfants était amélioré en critères AJI 30/50/70. Cent vingtdeux enfants répondeurs ACR 30 ont été randomisés dans la phase en double aveugle. Ils étaient âgés en moyenne de 12,3 (± 3) ans, avec une durée de la maladie de 3,9 (± 3,6) ans, et 77 % recevaient un traitement par MTX. Au cours de l’étude randomisée, qui fait suite à l’étude ouverte initiale, la proportion de patients sans poussée était supérieure dans le groupe abatacept comparativement au groupe placebo (figure 2). La tolérance a été identique dans les deux groupes lors de l’étude randomisée, mais, dans la phase ouverte, 5 événements indésirables graves (dont une leucémie lymphoïde et une varicelle) ont été rapportés. L’abatacept est donc un traitement prometteur des formes polyarticulaires d’AJI, mais il faudra préciser sa tolérance chez l’enfant. Pourcentage de patients répondeurs ACR (N) le Tocilizumab dans les AJI systémiques 100 90,0 90,0 85,0 80 60,9 60 56,5 40 34,8 20 0 ACR 30 ACR 50 Tocilizumab (n = 20) ACR 70 Placebo (n = 23) Figure 3. Pourcentage de patients répondeurs ACR 30, 50 et 70 pendant la phase en double aveugle chez les enfants atteints d’AJI systémique et traités par tocilizumab ou placebo. 40 LR-NN328ACR-0107.indd 40 Une étude de phase III randomisée, en double aveugle, contre placebo a étudié l’efficacité du tocilizumab (Actemra®) [8 mg/­kg/ 2 semaines], un anticorps monoclonal antirécepteur de l’IL-6. Cinquante-six enfants âgés en moyenne de 8,3 ans ont été inclus. Le tocilizumab a permis, dans une première partie ouverte de l’étude, une amélioration rapide des patients : disparition de la fièvre, normalisation de la CRP (en 2 semaines). Au terme des 6 semaines de l’étude ouverte, l’amélioration des critères ACR pédiatrique 30, 50, 70 était respectivement de 91,1 %, 85,7 % et 67,9 %. Dans une deuxième partie contrôlée (versus placebo) [n = 43], l’amélioration est statistiquement significative en faveur du tocilizumab versus le placebo. À la fin de la période en double aveugle, les critères ACR 30, 50, 70 étaient respectivement de 90 %, 90 % et 85 % dans le groupe traité par tocilizumab contre 60,9 %, 56,5 % et 34,8 % dans le groupe placebo (figure 3). Les principaux effets indésirables ont été la fièvre, les infections ORL, les hépatites, les leucopénies et une augmentation transitoire du cholestérol total. Deux effets indésirables graves ont été rapportés, avec un choc anaphylactique et une hémorragie digestive. L’étude d’extension concernant la tolérance est toujours en cours. La Lettre du Rhumatologue - n° 328 - janvier 2007 29/01/07 10:27:09