ECE1-B 2016-2017
Chapitre 9 : Probabilités sur un univers fini
I. Espace probabilisable fini
I.1. Notion d’expérience aléatoire
Définition
On appelle expérience aléatoire toute expérience dont le résultat ne peut être prédit de manière certaine.
Autrement dit, une expérience dont le résultat dépend du hasard.
Commençons par introduire, au travers d’exemples, les définitions que l’on va poser par la suite.
Exemple
1) Expérience : on effectue un lancer d’un dé 6.
Univers : Ω = {1,2,3,4,5,6}.
L’univers d’une expérience est l’ensemble des résultats possibles de l’expérience.
Événement A: le résultat obtenu est pair.
Un événement est une propriété de l’expérience qui peut être vérifiée ou non. Un événement est donc
entièrement déterminé par l’ensemble des résultats pour lesquels elle est vérifiée.
A={2,4,6} ⊂
Notons ωle résultat de l’expérience.
On dit que l’événement Aest réalisé si le résultat de l’expérience vérifie l’événement. Autrement dit, si :
ωA
2) Expérience : on considère une urne contenant 3 boules numérotées.
L’expérience consiste au tirage successif et sans remise de ces 3 boules.
Univers : Ω = {(1,2,3),(1,3,2),(2,1,3),(2,3,1),(3,1,2),(3,2,1)}.
L’univers est l’ensemble des 3-listes possibles.
Événement B: le résultat obtenu représente un entier inférieur à 229.
B={(1,2,3),(1,3,2),(2,1,3)} ⊂
Notons ωle résultat de l’expérience.
L’événement est notamment réalisé si son résultat est ω= (1,3,2).
3) Expérience : on considère une urne contenant 5boules numérotées. On effectue maintenant un tirage simul-
tané de trois boules dans l’urne.
Univers : Ω = {{1,2,3},{1,2,4},{1,2,5},{1,3,4},{1,3,5},{1,4,5},
{2,3,4},{2,3,5},{2,4,5},{3,4,5}}.
L’univers est l’ensemble des 3-combinaisons possibles : il y en a 5
3.
Événement B: la somme des chiffres inscrits sur les boules est un multiple de 3.
B={{1,2,3},{1,3,5},{2,3,4},{3,4,5}} ⊂
Notons ωle résultat de l’expérience.
L’événement est notamment réalisé si son résultat est ω={1,3,5}.
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I.2. Espace probabilisable fini
Définition
On appelle espace probabilisable fini la donnée du couple (Ω,P(Ω)) où :
est ensemble fini appelé univers (ou univers des possibles).
C’est l’ensemble des résultats possibles d’une expérience aléatoire.
(Ω = {ω1, . . . , ωn})
P(Ω) est l’ensemble des événements.
Les singletons {ωi}sont appelés événements élémentaires.
Un événement Aest dit réalisé si le résultat de l’expérience est un élément de A.
I.3. Événements
Définition (Vocabulaire)
Soit (Ω,P(Ω)) un espace probabilisable fini.
Soit (A, B)∈ P(Ω)2un couple d’événements.
L’événement est l’événement impossible et est l’événement certain.
Si AB=, les événements Aet Bsont dits incompatibles.
Si AB, on dit que l’événement Aimplique l’événement B.
(si Aest réalisé, Bl’est aussi)
Si C=AB, l’événement Cest réalisé si Al’est ou Bl’est.
Si C=AB, l’événement Cest réalisé si Al’est et Bl’est.
L’événement A, événement contraire de A, est réalisé si Ane l’est pas.
Définition (Système complet d’événements)
Soit (Ω,P(Ω)) une espace probabilisable fini.
Soient mNet (Ai)iJ1,mKune famille d’événements.
La famille (Ai)iJ1,mKest un système complet d’événements fini si :
1) AiAj=pour tout i6=j
(les événements sont deux à deux incompatibles)
2) Ω =
m
S
i=1
Ai
Remarque
C’est une réécriture de la notion de partition avec le vocabulaire probabiliste. Une hypothèse diffère légèrement :
dans le cas d’une partition, on suppose tous les Aidifférents de , ce qui n’est pas (toujours) exigé dans le cas
d’un système complet d’événements.
Exemple
Si (Ω,P(Ω)) est un espace probabilisable fini avec Ω = {ω1, . . . , ωn}.
(A, A)est un système complet d’événements.
({ω1},...,{ωn})est un système complet d’événements.
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II. Espace probabilisé fini
II.1. Probabilité
Définition
Soit (Ω,P(Ω)) un espace probabilisable fini.
Une probabilité est une application P:P(Ω) [0,1] telle que :
1) A∈ P(Ω),06P(A)61
2) P(Ω) = 1
(la probabilité de l’événement sûr est 1)
3) Pour tout couple (A, B)∈ P(Ω)2tels que AB=, on a :
P(AB) = P(A) + P(B)
(cette propriété est appelée additivité)
Lorsqu’une telle application existe, le triplet (Ω,P(Ω),P)est appelé espace probabilisé fini.
Remarque
Nous avons déjà rencontré une application vérifiant la propriété d’additivité : le cardinal ! (si AB=,
Card(AB) = Card A+ Card B)
En général, l’application Card n’est pas une application probabilité.
En effet, on a :
si Ω = {ω1, . . . , ωn}, on a Card(Ω) = n,
ainsi : Card(Ω) = 1 Ω = {ω}.
(est réduit à un élément)
II.2. Propriétés des probabilités
Propriété
Soit (Ω,P(Ω),P)un espace probabilisé fini.
Soit Aet Bdeux événements (A,B).
Alors :
1) P(A)=1P(A)donc P() = 0
2) P(B\A) = P(B)P(AB)
3) ABP(A)6P(B)
4) P(AB) = P(A) + P(B)P(AB)
Démonstration.
1) On a : AA= Ω (réunion disjointe).
Ainsi, par additivité :
P(AA) = P(A) + P(A) = P(Ω) = 1
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2) On a : (B\A)(AB) = B(réunion disjointe).
Ainsi, par additivité :
P((B\A)(AB)) = P(B\A) + P(AB) = P(B)
3) D’après le point précédent : P(AB) + P(B\A) = P(B).
Or, comme AB, on a AB=A. Ainsi :
P(B) = P(A) + P(B\A)>P(A)
4) On a : AB=A(B\A)(la deuxième réunion est disjointe).
On en déduit, à l’aide du point 2) que :
P(AB) = P(A(B\A))
=P(A) + P(B\A)
=P(A) + P(B)P(AB)
Théorème 1. Formule du crible (ou de Poincaré)
Soit (Ω,P(Ω),P)un espace probabilisé fini.
Soit A, B, C trois événements.
P(ABC) = P(A) + P(B) + P(C)
P(AB)P(AC)P(BC)
+P(ABC)
Démonstration.
P(ABC)
=P(A(BC))
=P(A) + P(BC)P(A(BC))
=P(A) + P(B) + P(C)P(BC)P(A(BC))
=P(A) + P(B) + P(C)P(BC)P((AB)(AC))
=P(A) + P(B) + P(C)P(BC)
(P(AB) + P(AC)P((AB)(AC)) )
=P(A) + P(B) + P(C)
P(BC)P(AB)P(AC)
+P(ABC)
Encore une fois, c’est une conséquence directe de la propriété d’additivité. Ainsi, on obtient une formule analogue
à celle du cours sur le cardinal.
Remarque
On peut généraliser cette formule au cas d’une union d’un nombre fini md’événements. La formule générale est
donnée en copiant le schéma de celle énoncée dans le théorème :
×à chaque ligne on change de signe (on note positivement la première),
×à chaque ligne on considère des probabilités d’intersections regroupant un événement de plus.
Théorème 2.
Soit (Ω,P(Ω),P)un espace probabilisé fini (Ω = {ω1, . . . , ωn}).
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Soient mNet A1, . . . , Amdes événements deux à deux incompatibles (i.e. AiAj=pour tout i6=j).
Alors :
Pm
S
i=1
Ai=
m
P
i=1
P(Ai)
On a notamment, pour tout événement A,P(A) = P
iJ1,nKtq ωiA
P({ωi})
Démonstration.
Conséquence de l’additivité !
Corollaire 1.
Soit (Ω,P(Ω),P)un espace probabilisé fini.
Soient (A1, . . . , Am)un système complet d’événements.
m
P
i=1
P(Ai)=1 et B∈ P(Ω),P(B) =
m
P
i=1
P(BAi)
Démonstration.
Conséquence du théorème 2et de la définition de système complet d’événements. Il suffit de remarquer que :
B=BΩ = Bm
S
i=1
Ai=
m
S
i=1
(BAi)
C’est une union d’événements incompatibles : en effet, si i6=j,
(BAi)(BAj) = BAiBAj=BBAiAj
= (BB)(AiAj) = B=
Il suffit alors d’utiliser la propriété d’additivité.
II.3. Le cas de l’équiprobabilité
Définition
Soit (Ω,P(Ω)) un espace probabilisable fini. On note Ω = {ω1, . . . , ωn}.
On appelle probabilité uniforme la probabilité Pvérifiant :
P({ω1}) = . . . =P({ωn}) = 1
n
Lorsqu’un espace probabilisable (Ω,P(Ω)) est muni de la probabilité uniforme, on dit qu’il y a équiprobabi-
lité.
Cette probabilité est généralement définie à l’aide de l’application Card comme le stipule l’énoncé suivant.
Théorème 3.
Soit (Ω,P(Ω)) un espace probabilisable fini.
Il existe une unique probabilité Pprenant la même valeur sur tous les événements élémentaires.
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