4
indésirables. Un traitement non pris n’a évidemment aucune chance d’apporter le bénéfice
thérapeutique en vue duquel il avait été prescrit.
Or le prescripteur n’est pas toujours en mesure de savoir si son patient prend ou non le
médicament, et, s’il le prend, s’il le prend régulièrement et conformément à la prescription, ou non.
Dans ces conditions, l’opinion du prescripteur sur le médicament n’est pas forcément le reflet de sa
pleine efficacité, ni de sa tolérance effective. Or cette opinion, au-delà du cas du patient à partir
duquel elle a été formée, va déterminer son inclination, voire sa légitimité à prescrire le
médicament en cause à d’autres patients.
Les industriels, qui ont engagés de considérables moyens pour mettre au point un médicament et
en valider les conditions d’usage, ont donc un intérêt évident et parfaitement légitime à ce qu’elles
soient respectées.
L’observance des nouveaux médicaments est donc un facteur clé de leur implantation dans la
pratique médicale. On sait d’ailleurs l’intérêt porté depuis quelques années aux études en vie réelle
dans la réévaluation des médicaments quelques années à peine après leur mise sur le marché. Qui
dit vie réelle dit aussi observance réelle. Mais pas seulement.
En fait, de mon double point de vue de clinicien et d’économiste de la santé, l’observance qu’il est
indispensable de favoriser ne se limite pas à l’observance par le patient des clauses de la
prescription, posologie, horaire des prises, durée de traitement, conseils hygiéno-diététiques
associés, etc.
J’y associerai en effet volontiers l’observance par le prescripteur des mentions qui le concernent, à
commencer par les indications validées.
On sait l’importance des prescriptions hors-AMM dans certaines pathologies. Cette pratique n’est
pas condamnable en soi, elle est même dans certains cas indiscutablement légitime. Mais elle doit
obéir à des règles de vraisemblance scientifique, dont l’observance s’impose.
Au terme de ce propos, on comprend donc que tous les acteurs professionnels de la santé,
médecins, pharmaciens, industriels, mais aussi financeurs et responsables de la santé publique, se
mobilisent pour favoriser l’observance.
Les moyens d’y parvenir devraient selon moi être envisagés dès le développement du nouveau
médicament, comme une composante de sa mise à disposition.
Lors du congrès de l’Asco, la société américaine d’oncologie clinique, il y a quinze jours à Chicago,
un séminaire entier et de nombreuses communications ont été consacrées à la notion de la valeur
(« the value ») des traitements et de l’évolution du financement des prises en charge vers des
modèles fondés sur la valeur, ce que les anglo-saxons appellent « value-based pricing ». Il a
largement été exprimé que la valeur dépasse largement le résultat clinique tel que mesuré par le
médecin, sur le fondement du taux d’un marqueur biologique ou le diamètre d’une tumeur.