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Cours géographie économique (plus de cours sur http://eco.um1.free.fr)
Economie urbaine et régionale (biblio)
L’objet du cours c’est l’étude des relations entre économie et géographie. 2 façons d’appréhender
ces relations :


De l’économie vers la géographie
De la géographie vers l’économie
A. De la science économique vers la géographie :
Cette analyse repose sur une définition de l’économie particulière ; l’économie est définie comme
une science qui sert à analyser les phénomènes géographiques, spatiaux, c'est-à-dire tous les
phénomènes qui ont une dimension territoriale, spatiale, ce qui peut signifier que l’économie est
susceptible d’analyser tous les phénomènes. Dans la réalité, on peut observer une certaine
polarisation des activités économique, les entreprises ont tendance à se polariser dans des grandes
unités urbaines.
Dans cette perspective, il faut noter que l’économie est une science qui cherche à faire des
prédictions, c.-à-d. à prévoir les comportements des ménages ou des entreprises.
B. De la géographie vers l’économie :
Il s’agit là d’une approche alternative dans laquelle l’économie n’est plus considéré comme une
science, et on va plutôt se consacrer à l’étude de la distribution des richesses dans l’espace
géographique.
Ca se rapproche plutôt de la science géographique, et donc on s’intéresse à l’illustration de la
distribution des activités productives sur le territoire national, sans chercher à en expliquer les
causes.
Dans ce cours, on est plutôt dans la première approche.
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Le point de départ de la discipline est l’importance de l’espace et l’idée selon laquelle toutes les
activités ont une base territoriale.
Les activités humaines sont ancrées dans un territoire, ce qui signifie que, d’une part, les agents
économiques façonnent le territoire, mais aussi, d’autre part, que le territoire influence les activités
économiques. Il y a donc double relation entre activités et territoires… On peut même dire qu’il n’y a
pas d’activité économique, mais qu’il n’existe que des activités économiques « spatialisées ».
Pourtant, pendant très longtemps, les économistes ont totalement ignoré cette dimension spatiale
des activités humaines ; comme l’a dit W. ISARD, les activités humaines ont été analysées comme si
elles se déroulaient dans « un monde merveilleux sans dimension ». L’analyse a été, pendant
longtemps, « ponctiforme » ; on fait l’hypothèse que toutes les activités économiques dans un
endroit sans dimension, où tous sont situés au même endroit. 2 explications possibles :


C’est en partie du a l’origine anglo-saxonne de la science économique
Les hypothèses qu’on a fait pour formaliser le comportement d’agents économiques
A. L’origine anglo-saxonne de l’analyse économique :
On peut dire que l’économie politique est née principalement au 18ième siècle en grande Bretagne.
C’est un ile insérée dans un empire colonial très éclaté (Australie, Nouvelle-Zélande…), qui a
essentiellement basé son développement économique sur le commerce maritime. Or le commerce
maritime est un commerce qui est peu couteux en termes de couts de transports. Et donc les
économistes britanniques classiques comme Smith et Ricardo ont développé une théorie du
commerce international dans laquelle il n’y avait pas de cout de transport et qui réduit donc les pays
à des points. C’est ce qu’on a appelé l’économie politique ponctiforme.
Les premiers travaux qui essayent d’introduire la notion d’espace dans l’analyse économique ont été
réalisé en Allemagne par des auteurs comme Von Thünen, Christaller, au 19ième siècle. Et là encore,
c’est l’aspect géographique qui explique cette préoccupation des économistes Allemands. En effet,
au 19ième siècle l’Allemagne est en train de s’unifier et de se constituer comme un pays unique autour
d’abord d’une union douanière, et par la création d’un marché intérieur. En Allemagne, les
transports se faisaient essentiellement par voie terrestre et ils étaient donc beaucoup plus couteux
que le transport maritime. Et c’est par ce que l’Allemagne faisait que tu transport terrestre couteux,
que les économistes se sont dit qu’on ne pouvait pas ignorer les couts de transports.
Par conséquent, pour les économistes allemands, l’espace représentait un aspect important de
l’activité économique et l’espace ne pouvait pas être réduit à un point comme le faisaient les
économistes anglais.
2ième explication qui fait que l’espace a longtemps été oubliée de l’analyse économique :
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B. Les hypothèses fondamentales de l’analyse économique standard :
Ce sont des hypothèses de l’économie néo-classique (l’économie orthodoxes, standards) totalement
a-spatiale (sans espace) ; c’est un cadre analytique qui met en relation des individus ou entreprises
sans coordonnée géographique, sans localisation, qui achètent des biens à des entreprises qui sont,
elles aussi, sans localisation. Ces entreprises se procurent des facteurs de production à des
vendeurs, eux aussi, sans coordonnée… du fait deux hypothèses fondamentales
L’analyse néoclassique repose sur 2 grandes hypothèses :

Hypothèse sur le comportement individuel : On va considérer que les individus sont
rationnels et ils vont donc maximiser leur satisfaction ou leur profit tout en négligeant
l’espace. Par ailleurs, la rationalité des individus ou des entreprises est une caractéristique
qui est indépendante de la localisation. On suppose que les individus sont rationnels, de la
même façon, ou qu’ils se trouvent. (Le temps non plus n’est pas pris en compte.)

Les hypothèses sur l’efficacité ou l’optimalité des activités économiques : Dans l’analyse
économique standard, la référence c’est le marché, et l’objectif c’est l’équilibre du marché et
l’allocation optimale des ressources. L’équilibre est atteint lorsque l’offre est égale à la
demande et dans la théorie de l’équilibre général, on nous dit que si tous les marchés sont à
l’équilibre, forcément le dernier marché est à l’équilibre. Ca c’est dans des circonstances que
les hypothèses de la concurrence pure et parfaite sont vérifiées. Par ailleurs, il faut savoir
que l’équilibre est également un optimum sous certaines conditions minimales.
On retrouve aussi les 2 principaux théorèmes de l’économie du bien-être :
o Tout équilibre général concurrentiel est un optimum de Pareto . Ca veut dire que si je
m’assure que sur les différents marchés je vérifie les hypothèses de base sur les
comportements individuels (pure et parfaite), j’ai un équilibre général concurrentiel,
et je suis sûr que c’est un optimum de Pareto, c.-à-d. la meilleur situation possible que
je peux atteindre. Je ne peux pas améliorer la situation d’un agent économique sans
dégrader la situation d’un autre.
o Tout optimum de Pareto peut être atteint par un mécanisme décentralisé de
marché.
Là encore, on suppose que l’optimum n’est pas affecté par la notion d’espace. Dans la
théorie économique standard, l’espace est neutre : Ca veut dire que l’espace n’est pas un
obstacle à la réalisation de l’optimum. L’espace est absent des conditions de validités de
l’optimum.
L’optimum est atteint sous un certain nombre de conditions :
o Les préférences des individus et les fonctions de production sont convexes.
o Le prix des facteurs de production et des biens sont uniques pour tous les agents
o La situation de concurrence, ce qui renvoi implicitement a la situation de rendement
décroissant.
On voit que dans les conditions de réalisations de l’optimum, l’espace n’est pas considéré.
Pourtant, l’espace c’est une source d’imperfection des marchés qui va venir perturber les
conditions de réalisation de cet optimum concurrentiel. C’est par ce que les entreprises vont
se localiser à un endroit donné du territoire qu’il y a des sources d’imperfection, par exemple
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le fait qu’une entreprise soit localisé dans un autre endroit ça créée de la distance, l’absence
de concurrence par exemple.
A. Les imperfections créées par l’espace.
L’espace est une source de défaillance du marché et lorsque le marché est défaillant alors
l’intervention de l’Etat devient nécessaire (même pour les néoclassiques).
Monopole naturel : Situation dans laquelle une entreprise est toujours plus efficace que 2 ou 3
entreprises. Exemple : Tout ce qui est infrastructure réseau, la SNCF a besoin d’une infrastructure
lourde qui sont les rails, les gares. Si une entreprise veut concurrencer la SNCF, sans pouvoir utiliser
le réseau ferroviaire actuel, elle est obligé de construire un autre et c’est plus couteux d’avoir 2
entreprises qu’une seule.
L’espace créée des imperfections qui conduisent habituellement à légitimer l’intervention publique
et par conséquent, l’espace n’est pas économiquement neutre. Quelles sont ces imperfections
créées par l’espace ?



Les prix des facteurs et des biens sont diversifiés dans l’espace à cause de l’existence de
couts de transport.
Les agents économiques, l’information et les produits sont inégalement répartis dans
l’espace. Il existe donc des inégalités spatiales.
Il existe des rigidités qui empêchent une parfaite mobilité des facteurs.
o Exemple : Il existe des barrières à l’entrée, des frontières, la mobilité des travailleurs
n’est pas complète.
L’espace remet donc en cause la concurrence, les entreprises ne peuvent en effet opérer qu’en un
nombre limité de lieux ou de localisation. Quand les entreprises sont présentes en un lieu donné,
elles ne sont pas toujours très nombreuses, ce qui remet en cause l’hypothèse de concurrence. Par
conséquent, en raison de la dimension spatiale des activités économiques, les entreprises bénéficient
en quelque sorte d’un pouvoir de marché sur les consommateurs les plus proches (price-maker). A
retenir : Le modèle concurrentiel est donc incompatible avec la notion d’espace et particulièrement
avec la présence d’agglomération économique.
L’espace conduit également à repenser le concept de bien public pur. Un bien public c’est un bien
pour lesquels il n’y a pas de rivalité ni même d’exclusion par l’usage. Cela implique qu’il est toujours
possible d’ajouter un consommateur, de la même façon la qualité du bien et du service n’est pas
affectée par le nombre de consommateur.
Exemple de bien public pur : La défense nationale : Tout français situé sur le territoire national
bénéficie de la même défense nationale.
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Néanmoins, la plupart des biens publics et des services publics ne sont disponibles que sous la forme
d’équipement localisé. Il y a donc des couts de déplacement à supporter pour bénéficier de ce bien.
Exemple : un hôpital universitaire régional, c’est l’endroit ou il y a la plus forte concentration de
compétence de la région, et par conséquent si je veux bénéficier d’un service de pointe, je dois me
déplacer pour être opéré dans ce type d’hôpital.
Par ailleurs, l’augmentation du nombre de consommateur provoque des effets de congestion et
engendre donc un cout social ou un cout pour la collectivité. Ca veut dire que la qualité du bien se
dégrade avec le nombre d’utilisateurs. La conséquence est donc la suivante :



S’il n’y a que des biens privés dans l’économie, alors le marché sous certaines conditions
permet l’allocation optimale des ressources.
S’il existe des biens publics purs, alors cela légitime l’intervention de l’Etat dans l’activité
économique,
et s’il existe des biens publics locaux, le marché ne fonctionne pas, et pour autant ça ne
légitime pas complètement l’intervention de l’Etat.
Conclusion : Pour toutes ces raisons, l’espace créée des imperfections, l’espace n’est pas neutre et sa
prise en compte est indispensable pour bien comprendre les phénomènes économiques.
B. L’importance de l’espace dans les économies dématérialisées.
Dématérialisation de l’économie : Numérique, internet…
De nombreux arguments affirment que la dématérialisation de l’économie conduirait à la mort de la
distance ou encore à la disparition de l’espace et à la fin de la géographie.
L’hyper globalisme est une approche qui prédit que la mondialisation va causer la disparition des
Etats Nations, et le développement de territoires virtuels qui sont déconnectés des territoires réels.
Dans cette approche de l’hyper globalisme ou de la dématérialisation, la distance ne détermine plus
les couts de communication qui sont quasi-nuls. Les entreprises peuvent ou pourront localiser leurs
activités où elles veulent ou plutôt là où elles pourront trouver le meilleur équilibre entre
compétences, productivité, et couts de production.
Par conséquent, dans cette approche, la localisation ne contraint plus les décisions des firmes. Par
conséquent, selon cette théorie de l’hyper globalisme, les individus et les entreprises seront
indifférents à leur localisation et les activités économiques seront de moins en moins spatialisées.
L’examen des faits semble ne pas confirmer totalement la théorie de l’hyper globalisme. La
localisation des activités joue toujours un rôle important. Contrairement à ce que certains pensent, la
baisse des couts de transport ou de communication ne réduit pas l’importance de l’espace. Au
contraire, cela contribue à favoriser une certaine polarisation de l’espace c.-à-d. à favoriser, à
accroitre l’agglomération économique de ville ou de métropole en introduisant une forte distinction
entre le centre et la périphérie. Et la baisse des couts de transport à tendance à renforcer
l’organisation de l’espace de type centre périphérique.
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Comment prendre en compte la dimension spatiale dans les phénomènes économiques ? Le premier
outil qu’on peut utiliser pour caractériser l’espace c’est la notion de distance :
A. La distance :
L’espace va donc être mesuré par la distance qui sépare 2 points. Mais cette distance ne sera pas
mesurée en km ou en mètres, car ce n’est pas un concept économique. La distance sera mesurée et
intégrée dans le raisonnement économique par les couts qui lui sont associés
Toute distance implique des couts, et par conséquent le fait même que les activités humaines se
déroulent dans l’espace se traduit par des couts. Donc les couts de transport qui sont la traduction
de la notion de distance vont venir se rajouter aux couts de production.
Donc l’existence de ces couts de transport explique que ceteris paribus que les individus
interagissent avec des gens proche, ou que les régions et les villes aient plus de relation avec des
régions ou des villes proches.
Le prix total payé par le consommateur
est égale au Prix de Vente + Coût de
Transport. On voit que plus l’individu est
éloigné de i, plus le coût total
augmentera. Par conséquent les
localisations les plus proches de i vont
être privilégié. Les agents économiques
ont tendance à se situer le plus près du
centre.
Donc le cout total de l’usager dépend de sa localisation. Plus je suis éloigné de l’entreprise qui
produit, plus le cout pour moi sera élevé. La conséquence de ça, c’est que les agents vont
évidemment choisir la localisation qui implique un cout total faible.
Mais les couts que la distance implique ne sont pas uniquement des couts monétaires. Les couts que
la distance implique sont des couts de transport, et ces couts ont essentiellement 2 dimensions :


Une dimension matérielle : tout ce qui est cout d’essence, véhicule, prix du billet de train ou
d’avion, assurance. Ces couts sont plutôt simples à mesurer.
Une dimension temporelle : Puisque le déplacement d’un individu ou le transport de
marchandise sont des activités qui prennent du temps, on dit que ce sont des activités
chronophages, et qui sont plus difficile à mesurer.
Le temps n’a pas de prix mais ça ne signifie pas qu’il n’a pas de valeur. Comment être capable de
donner une valeur au temps pour pouvoir éventuellement l’intégrer dans les coûts de transport.
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Je vais appeler h la valeur du temps, ça se mesure en euro par heure. La valeur du temps c’est une
disposition à payer pour économiser du temps sur son trajet. En terme micro, la valeur du temps
s’apparente à un TMS, entre du temps et de l’argent. A l’optimum, h = Umt / Ump.
Le cout généralisé de transport c’est un élément qui permet d’agréger des éléments monétaires et
des éléments temporels. Ca va être par exemple = Prix (euros) + temps (heure)* h (euros / heure).
Comment on détermine cette valeur du temps : Soit je suis capable de connaitre les fonctions
d’utilités de tous les individus, soit j’utilise des modèles plus simples.
Exemple : TGV : Prix 60 euros, temps 3h ; Avion : Prix : 120 euros, temps 1h.
Si je choisis le TGV, ma valeur du temps h doit pas être très élevée, par ce que je suis près à
supporter 2 h de plus de transport pour utiliser 60 euros. Donc ma valeur du temps est inférieure à
30 euros.
Donc le cout, dans sa forme temps / prix, c’est la traduction de l’existence de l’espace dans les
phénomènes économiques.
Résumé : Afin de comprendre comment l’espace affecte les comportements économiques il faut
prendre en considération les couts impliqués par la distance c.-à-d. les couts de transport, lesquels
intègrent une dimension matérielle et une dimension temporelle. On verra que le choix de
localisation d’une entreprise ou d’un ménage dépend de la minimisation de ses couts de
déplacement.
B. La concentration et les rendements d’échelle
On a vu que la distance et le cout de transport associé est UN élément qui permet d’expliquer le
choix de localisation. Un second aspect du choix de localisation est l’existence de rendement
d’échelle.
Rendement d’échelle : Plus j’augmente le volume de ma production, plus le cout par unité produite
va diminuer.
Donc l’entreprise dans son choix de localisation va chercher à minimiser les couts de transports mais
elle va également chercher à maximiser les rendements d’échelle. Ces deux effets peuvent avoir des
effets contradictoires sur la localisation.
Il y a donc un arbitrage qui se fait entre concentration et dispersion de la production. Plus
précisément, si les rendements d’échelles sont importants et les couts de transport faible, alors la
production sera fortement concentrée. Si les couts de transport sont nul, alors la concentration de
l’activité économique sera totale (La collecte de matières premières, la production et la vente serait
donc localisées en un même point).
C. Commerce interrégional et croissance urbaine
Un autre élément important pour analyser et comprendre la structuration de l’espace c’est tout ce
qui est commerce et inter action avec d’autres individus. Ca veut dire que le choix de la localisation
dépend non seulement des couts de transports (distance), des économies d’échelles (qui peuvent
expliquer la concentration ou pas des activités), mais également de la nécessité d’échanger et de
consommer un certain nombre de biens.
Le point de départ de l’analyse c’est la théorie des avantages comparatifs : Cette théorie nous dit
que les nations ou les régions ont intérêt à se spécialiser dans la production des biens pour lesquelles
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elles ont un avantage comparatif. « Les nations ou les régions ont intérêt à se spécialiser dans la production
des biens pour lesquelles ont un avantage comparatif/relatif et non absolu. » D. Ricardo
D Ricardo est à l’origine de cette théorie, et dans son article il prend l’exemple du Portugal et de
l’Angleterre. Ils produisent tous les deux 2 biens, le drap et le vin. Les conditions de production sont
décrites par les couts unitaires de production (pour produire une unité de bien) mesurés en unité de
travail.
Heures de travail
Drap
Vin
Angleterre
3
9
Portugal
2
1
Dans cette situation, l’Angleterre n’avait pas intérêt à l’échange par ce qu’elle ne disposait pas
d’avantage absolu dans la production de bien. Mais Ricardo dit que le pays peut avoir intérêt à se
spécialiser dans la production dans laquelle il est le plus efficace, comparativement a l’autre pays.
Le Portugal dispose d’avantage absolu sur l’Angleterre, donc si j’utilise l’analyse d’A. Smith, seul le
Portugal peut exporter le vin et le drap. Ricardo montre qu’y compris dans cette situation, ce ne sont
pas les couts absolu qui comptent mais les couts relatifs. Dans ce cas, même si le Portugal produit 2
biens à des couts inférieurs à ceux de l’Angleterre, il a intérêt à se spécialiser dans une des deux
productions et à abandonner l’autre à l’Angleterre. En effet, si les 2 pays entrent dans l’échange
international et donc se spécialisent : pour chaque unité de drap abandonné, le Portugal peut
produire 2 unités de vin supplémentaire. L’Angleterre en ne produisant pas une unité de vin, il peut
disposer de 3 unités de drap supplémentaire.
Donc l’ouverture aux échanges internationaux qui passe par une spécialisation de la production,
permet aux deux pays de disposer de quantité supplémentaire des 2 marchandises. Il y a donc un
gain global tiré du commerce international et on voit bien que l’Angleterre, bien que moins
compétitive que le Portugal dans la production des deux biens considérés, a finalement trouvé une
spécialisation dans le drap, et ça débouche sur la division international du travail.
L’idée : Tout pays a intérêt à se spécialiser dans la production de bien pour lequel il est relativement
le plus efficace.
Pour que ce résultat soit obtenu, il est nécessaire que le prix relatif auquel s’effectue le commerce
international soit compris entre les rapports d’échange qui prévalent en économie fermée.

En économie fermée :
o Portugal : 2 unités de vin s’échangent contre 1 unité de drap (en terme de valeur
travail). Soit un prix relatif du drap par rapport au vin = 2. Le drap coute 2 fois plus
cher que le vin.
o En Angleterre : 1 unité de vin s’échange contre 3 unités de drap. Soit un prix relatif
du drap par rapport au vin d’1/3.
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Donc si l’échange international s’effectue avec un prix relatif du drap par rapport au vin supérieur à
1/3 et inférieur à 2, l’échange est profitable aux deux pays. C’est la condition pour que l’échange
international existe.

En économie ouverte, supposons que le prix relatif soit = 1
o Le Portugal exporte une unité de vin et obtient en échange une unité de drap. Soit le
double de ce qu’il pouvait faire en situation d’autarcie.
o
L’Angleterre en exportant 1 unité de drap obtient 1 unité de vin, soit le triple de ce
qu’elle aurait pu obtenir en situation d’autarcie.
Tout ça peut concerner aussi bien 2 pays que 2 régions, 2 villes.
D’après cette théorie, le commerce est bénéfique pour 2 régions si un certain nombre de conditions
économiques sont vérifiées :



S’il existe des différences de dotations (en matière de force de travail par exemple)
S’il existe des différences de productivité
Si le taux d’échange se fixe entre les taux d’échange des deux régions en situation d’autarcie.
A ces conditions économiques, on est tenté de rajouter des conditions techniques :



Il faut qu’il existe un marché c.-à-d. un lieu où les échanges entre acheteurs et vendeurs
peuvent se faire.
Il faut également que les régions soient dotées de capacité de stockage.
Il faut que les couts de transport soient assez bas pour que les gains de l’échange ne soient
pas annulés par le cout de transport des marchandises. (gain de l’échange > cout de
transport).
Si ces conditions sont respectées, alors les régions vont se spécialiser et échanger.
D. Externalités et économie de l’agglomération.
1. Définition :
Pour expliquer les comportements des entreprises ou des consommateurs par rapport à l’espace, les
économistes utilisent le concept d’économie d’agglomération.

Economie d’agglomération : Ce sont les gains de productivité que les agents économiques
retirent de leur regroupement avec d’autres agents économiques. Donc l’agglomération
permet des gains de productivité par ce que cela réduit les couts de transport des biens, des
transports, ou des idées. Pourquoi les industries d’une industrie se regroupent souvent :
o Notion de partage : la proximité des entreprises entre elles génère un marché plus
large et dans un marché plus large, une entreprise peut se procurer une plus grande
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o
o
variété de consommation intermédiaire. Par ailleurs l’élargissement du marché des
fournisseurs (d’inputs) leur permet d’exploiter des économies d’échelle.
Appariement : Dans un bassin d’emplois plus large, l’appariement entre les offres et
les demandes d’emplois est plus simple et a plus de chances d’être de meilleure
qualité. Comme il y a un plus grand nombre de possibilité d’embauche, les
travailleurs pour être sûr d’être embauchés vont se spécialiser, et il va y avoir une
concurrence qui bénéficie aux entreprises.
En termes d’apprentissage : Dans un marché de grande taille, il y a des possibilités
d’apprentissage beaucoup plus importantes, et par conséquent, cela accélère les
retombées positives des connaissances et du savoir.
Ces mécanismes ont bien évidemment des effets cumulatifs et se renforcent mutuellement
engendrant ainsi d’autres effets positifs. A l’inverse, cette agglomération des agents économiques
peut être la source de surcouts :


D’une part, les couts des facteurs de production (travail, capital, terrain) est plus élevé dans
les zones où l’activité économique est concentrée.
D’autre part, des externalités négatives de production sont susceptibles de réduire la
productivité des entreprises (embouteillages….).
C’est donc précisément la notion d’externalité qui est cruciale pour comprendre les effets
d’agglomération. Un effet externe positif est un effet dont bénéficie l’entreprise sans en supporter
les couts. Un effet externe négatif est un effet dont une entreprise supporte les couts sans bénéficier
des avantages associés.
2. Comment mesurer ces économies d’agglomération ?
Directement cela est très difficile, et donc on peut recourir à des méthodes indirectes comme par
exemple en comparant la part de la population d’une ville dans un pays et a part de cette ville dans la
production nationale.
La population américaine représente environ 4,6% de la population mondiale, mais elle génère 28%
du PIB mondial. De la même façon, la population européenne représente un peu plus de 6% de la
population mondiale, pour 28% des richesses créées au niveau mondial. Ca traduit le fait que les
activités de production se concentrent en quelques lieux de la planète.
Ces inégalités dans ces répartitions spatiales des PIB et donc des entreprises sont la conséquence des
choix de localisation des entreprises.
3. Typologie et exemple des effets d’agglomération.
Depuis les travaux de Hoover en 1937 on effectue une distinction au sein des effets d’agglomération
selon qu’ils concernent une seule industrie ou plusieurs industries.

Dans le premier cas, on parlera d’économie de localisation ou de juxtaposition. Cela désigne
les gains de productivité réalisés dans une même industrie ou une même branche d’activité.
Dans ce cas-là, les économies sont externe à la firme, mais interne à l’industrie, on parle
donc d’externalité intra-sectorielle (ou externalités MAR). Ce sont plus précisément des
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
externalités de connaissances. En raison de l’agglomération des entreprises d’un même
secteur, les entreprises bénéficient d’une plus grande spécialisation de leur zone
d’exploitation conforme à leur activité. Ces effets s’expliquent par l’existence d’indivisibilité
(certains biens et services ne sont pas divisibles et donc peuvent être couteux à utiliser pour
une seule entreprise, mais devenir rentable si plusieurs entreprises l’utilisent simultanément.
De plus, le fait de se juxtaposer permet un accès immédiat au concurrent du même secteur,
ce qui permet aux entreprises de se tenir au courant des informations du marché dans les
négociations avec les clients et les fournisseurs. Les entreprises qui se regroupent peuvent
également se partager un pool de main d’œuvre spécialisé plus important et plus fiable.
Donc ces effets on les trouve soit dans le secteur industriel, soit dans le secteur tertiaire.
Exemple de regroupement intra sectoriel : Silicon valley aux Etats unis.
Deuxième cas : Ce sont les effets externes qui existent à l’échelle d’une ville, on parle
d’économie d’urbanisation. Au delà d’une seule industrie ou d’un seul secteur et les gains de
productivité proviennent des phénomènes de fertilisation croisée entre entreprises de
secteurs différents. Par conséquent, dans les économies d’urbanisation on a des effets
externe à la firme, mais également externe à l’entreprise (mais interne à la ville). En général,
plus les villes se développent, plus les économies d’urbanisation sont importants et
remplacent les économies de localisation.
Exemple : A New York, a Wall Street on avait une concentration d’entreprise qui faisaient de
la finance (logique économie de localisation), et puis au fur et à mesure que ça a attiré les
individus, la finance a eu besoin d’autre type de compétence, ça a attiré les gens qui
concevait les applications informatiques, les avocats, conseils juridique, etc… On est passé
dans une logique d’économie d’urbanisation.
Ces deux types d’économies ne sont pas exclusives l’une de l’autre même si leurs effets sont étudiés
séparément et souvent mis en comparaison. Donc finalement, la distinction entre économie
d’urbanisation et de localisation met l’accent sur les phénomènes marchands (localisation c’est sur
les partages de facteur de production), ou les externalités pécuniaires liées au relations marchandes
entre industrie et secteurs complémentaires (plutôt urbanisation).
Ici on va faire essentiellement référence au modèle de Von Thünen.
Le premier travail qui utilise l’analyse économique pour comprendre la structuration ou
l’organisation de l’espace et la localisation des activités date du début du 19° siècle, et ce travail a été
réalisé par Von Thünen. Il procède à une analyse de type hypothético-déductible. Il observe ce qui se
passe autour de lui, s’appuie sur son expérience, et essaie d’en tirer des principes généraux sur la
localisation des cultures agricoles. Le modèle proposé par Von Thünen c’est un modèle original et en
avance sur son temps. C’est le seul modèle de ce type au 19° siècle et c’est le seul modèle qui ai pris
en compte l’existence des couts de transport mais également l’existence de rendement croissants du
à ces déplacements. Ce modèle a connu par la suite des prolongements jusqu’au 20ième siècle et son
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intérêt principal réside dans le fait qu’il peut être généralisé et transposé au niveau de l’organisation
micro spatiale ou d’un village, ou de la nation (macro spatiale). Ce modèle étudie la structuration de
l’espace autour d’un point central et plus particulièrement la structuration de l’espace agricole
autour d’une ville.
Donc l’objet du modèle c’est de répondre à la question : comment vont se répartir les cultures sur un
territoire agricole structuré autour d’une ville centre qui est le marché unique pour l’ensemble des
biens produits.
Dans une économie de marché, c.-à-d. si les prix se fixent librement et s’il n’y a pas de distorsion du
fait de l’intervention de l’Etat, la rente que procure un terrain reflète les décisions de localisation des
agents. Donc lorsqu’un agent (entreprise ou ménage) achète un terrain (en en payant le prix), il
achète une localisation. Le prix payé reflète donc la valeur attribuée au terrain et aux avantages que
l’agent économique pense tirer de cette localisation.
Donc le concept de rente provient du fait que l’offre de terrain est inélastique. Il n’y a qu’un seul
terrain à un endroit donné.
Ce qu’il faut retenir : Si un individu achète un terrain, sa localisation lui procurera une rente (rente de
localisation) plus ou moins élevée selon l’endroit où elle est. Donc la rente foncière est due à la
localisation unique du terrain.
Cette notion de rente vient des économistes classiques, et en particulier Malthus et Ricardo.


Chez Ricardo, la rente est une conséquence des différences de fertilité des terres. Il
considère que les couts de production varient en fonction de la fertilité de la terre et donc
que la rente provient de la différence entre le loyer payé au propriétaire et le revenu tiré de
la terre.
Pour Von Thünen la rente ne dépend pas de la fertilité mais dépend des couts de transport.
Et pour Von Thünen, la rente est décroissante avec la distance à la ville centre. Par
conséquent, pour Von Thünen, la localisation des cultures va se faire de manière à maximiser
sa rente foncière.
Il existe essentiellement 3 grandes différences dans la conception de la rente chez Ricardo et chez
Von Thünen.
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


Ricardo suppose l’existence de terres agricoles de qualité différentes mais il ne tient pas
compte du cout de transport. A l’inverse, Von Thünen prend en compte les couts de
transport, mais suppose que les terres sont de qualités homogènes. En réalité, les
agriculteurs sont confrontés aux deux facteurs : La qualité, et la distance ont une influence
sur les recettes et les rentes foncières.
La valeur foncière chez Von Thünen n’est pas liée au travail de l’agriculteur mais uniquement
à la localisation des terres. La rente est le surplus accaparé par le propriétaire du sol et
s’identifie au prix de l’utilisation des terres.
Chez Von Thünen c’est le prix du sol qui détermine l’usage de la terre alors que chez Ricardo
c’est l’usage du sol qui en détermine le prix.
A. Les 8 hypothèses :
 1. La zone de production agricole est une plaine homogène, continue, et isolée du monde
extérieur par un désert, fertile de manière identique sur toute sa surface, dotée de voies de
communication équivalente dans toutes les directions. Donc pas de relief ni d’obstacles qui
affectent les couts de déplacement.
 2. Au centre de la plaine, on trouve une ville représentée par un point. Cette ville c’est le
marché de consommation pour la production agricole, et le marché des facteurs de
production. Cette ville point concentre toutes les ventes de produit agricole et tous les
achats de produits intermédiaires de l’agriculture. Par conséquent, Von Thünen ne se
préoccupe pas de la structuration de la ville, ni de la limite entre ville et campagne.
 3. La qualité du sol et le climat sont identiques en tout point de cette plaine.
 4. Cet Etat est un Etat isolé et auto suffisant c.-à-d. pas de commerce international.
 5. Il n’y a pas de réseau routier et les transports se font en ligne droite entre le lieu de
production et le lieu de commercialisation.
 6. La demande de produit agricole est déterminée par la population de la ville. Cette
demande a une élasticité infinie par rapport au prix. Ce qui revient à dire que les prix sont
déterminés de manière exogène dans le modèle (concurrence parfaite).
 7. Les agriculteurs sont rationnels et optimisateurs et ils vont donc maximiser leur profit en
arbitrant entre niveau de la rente foncière et cout de transport.

8. Il y a un marché de location des terres et les propriétaires louent leur terre aux
agriculteurs offrant la rente la plus élevée.
B. Le modèle
La rente foncière correspond à la différence entre le prix de marché et le cout total de production qui
comprend le cout de production au sens stricte, et le cout de transport entre le lieu de production et
le lieu de commercialisation (voir graphique plus haut). La rente foncière dépend donc de la distance
entre les différents lieux de production et le marché.
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



Je vais noter p le prix de marché du prix agricole (exogène)
c le cout de production unitaire (pour produire une unité de blé, ça coute c) (exogène)
t le cout unitaire de transport. (exogène)
d la distance entre le lieu de production des produits agricole, et la ville (le point).
Donc la rente offerte par une localisation particulière s’écrit R = p – c – td
La rente est une fonction de la distance, on note R(d) = p – c – td
La rente est nulle quand R(d) = 0 quand p – c = td c.-à-d. quand d* = (p-c)/t
Si mon terrain est localisé à une distance inférieure à d, ma rente sera positive. Si mon lieu de
production est a une distance supérieur à d, ma rente est négative et donc je ne peux pas produire.
La rente est maximale quand d = 0, dans ce cas R(d) = p- c
On voit donc que pour un produit donné, la rente est une fonction linéaire décroissante de la
distance au marché, et la pente de cette droite est égale au cout unitaire de transport (la pente c’est
–t).
Représentation de la rente foncière en fonction de la distance au centre :
Exemple : Considérons 3 cultures
Culture
A (du blé)
B (maïs)
C (soja)
Prix de vente (marché
ville centre) = P
20
25
30
Cout de production (c)
Cout de transport (t)
10
10
10
1
2
4
On va tracer les différentes rentes foncières :
Culture A : R = p – c – td = 20 – 10 – d = 10 – d.
Si d = 0  RA = 10 ; Si d = 10  RA = 0 Donc on trace avec 2 points (0 ; 10) et (10 ; 0)
Culture B : R = p – c – td = 25 – 10 – 2d
Si d = 0  RB = 15 – 2d = 15 ; Si RB = 0  15 – 2d = 0  d = 7,5 Donc on a 2 points (0 ; 15) et (7,5 ; 0)
Culture C : R = p – c – td = 30 – 10 – 4d = 20 – 4d
Si d = 0  RC = 20 ; Si Rc = 0  20 – 4d = 0  d = 5 Donc je trace avec 2 points (0 ; 20) et (5 ; 0)
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Donc lorsque la rente de la culture C est la plus élevée de toute, je vais produire du soja. Ca se situe
entre 0 et le point d’intersection entre C et B  RB = RC  15 – 2d = 20 – 4D  2d = 5  d = 2,5



Donc de 0 à 2,5 sur l’abscisse je vais produire du soja par ce que la rente procurée par la
culture du produit C est supérieure à toutes les autres rentes.
De 2,5 à l’intersection entre B et A, je vais produire du maïs puisque la rente foncière
procurée par la culture B est supérieure aux autres rentes. RB = RA  15 – 2d = 10 – d  d = 5
De 5 à 10 kilomètres, j’aurais la culture de A.
On peut faire une courbe qui relie tous ces points.
Lorsqu’on a plusieurs cultures il est possible de déterminer sur le principe de la maximisation de la
rente foncière la parcelle qui sera attribuée à chaque culture. Pour l’attribuer, entre 0 et 2,5
kilomètre on fait du soja, entre 2,5 km et 5 on fait du maïs, entre 5 et 10 du blé. A partir des points
d’intersection c.-à-d. à partir de la distance correspondant à cette intersection, la rente foncière de la
deuxième culture devient plus importante, par conséquent à partir de ce point il devient plus
rentable de changer de culture.
Ça revient à dire qu’il existe un point donné et précis de l’espace à partir duquel l’augmentation des
couts de transport est telle que la rentabilité nette d’un produit n’est plus suffisante et il faut donc
passer à la culture d’un autre produit. Et ainsi de suite après chaque intersection.
Donc ça va se traduire par des cercles concentriques autour de la ville centre, jusqu’à 10 km de la
ville centre.
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Les biens ou les produits agricoles dont les couts de transport sont les plus élevés sont localisé près
du marché ou du lieu de marchandisation de ces produits. Inversement, les produits agricoles dont
les couts unitaires de transport sont les moins élevés sont situés loin du point central. Par
conséquent, dans l’approche de Von Thünen, ce sont les couts de transport qui déterminent la
structure de l’espace c.-à-d. l’organisation des activités agricoles dans l’espace. Par ailleurs, comme
les couts de transports sont linéaires, les cultures sont organisées en cercles concentriques autour de
la ville centre.
L’espace agricole est donc le résultat de l’ensemble des choix effectués par les agriculteurs et il
résulte donc de leurs décisions de production des différentes cultures. Donc Von Thünen propose
une explication économique et rationnelle de l’organisation de l’espace agricole.
A l’époque où Von Thünen a développé son modèle, il est parvenu à la structuration suivante de
l’espace agricole : La première couronne (C sur le graphique) aux alentours immédiats de la ville est
constituée par des cultures maraichères et la production de lait (pas de stockage possible, il faut
pouvoir distribuer rapidement les marchandises). La deuxième couronne est consacrée à la
sylviculture (forêts) en raison du rendement net élevé du bois. Les 3 cercles suivants sont constitués
par la production de céréales, les cultures pastorales et les cultures triennales. Le dernier cercle est
consacré à l’élevage extensif. Au-delà, il n’y a plus rien dans le modèle de Von Thünen.
Autre implication intéressante du modèle de Von Thünen : Il existe un point précis de l’espace à
partir duquel on passe d’une culture à une autre et cette séparation entre les cultures (les cercles)
est nette. Implicitement il se produit ce même type de phénomène entre la ville centre et la
première zone de culture agricole, ça veut dire qu’à une certaine distance par rapport au lieu de
travail, le cout d’un logement y compris le cout de déplacement jusqu’à ce site augmente jusqu’au
point où il n’est plus intéressant de construire des habitations. C’est précisément là ou commence a
campagne.
Dans certains cas rares, il est possible que certaines activités agricoles spécialisées et localisées,
concurrencent la construction de logement. Tout simplement parce qu’elles rapportent autant que la
construction de logements.
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Exemple : C’est le cas des vignobles près de Dijon ou de Reims (Bourgogne, Champagne). Marché des
fleurs près d’Amsterdam, mais ce n’est évidemment pas le cas pour les produits agricoles de masse
(céréales …).
En pratique, la limite entre usage urbain et agricole n’est pas claire, contrairement à ce que nous
enseigne Von Thünen, des variations spatiales diverses existent, qu’elles soient imputable à la qualité
du sol, à la topographie, à l’accès à l’eau et à l’accès au transport. De ce fait, il est peu probable qu’il
y ai une rupture nette entre deux usages des terres a une distance constante du centre ville.
A. Approfondissement du modèle :
Von Thünen va réintroduire des éléments qui avaient dans un premier temps été écartés dans un but
de schématisation. De nouvelles hypothèses vont être introduites afin de rendre le modèle plus
réaliste ou plus conforme à la réalité. On peut avoir un rendement différent selon les cultures, mais
ça ne modifie en rien la distance au-delà de laquelle la rente foncière est nulle. En revanche, ça
modifie l’ordonnée à l’origine (droite pivote fixée sur l’abscisse).

Première hypothèse que Von Thünen a écartée : L’espace agricole n’est plus homogène et il
est transformé par la présence d’une voie navigable, ou d’une route qui traverse la plaine et
passe par la ville.
o Comme les couts de transport par bateau sont moins élevés, cela conduit à
augmenter la rente offerte pour occuper les parcelles le long de la rivière. Ça veut
dire que les cercles concentrique vont s’allonger le long de la voie d’eau.
o L’ajout d’une voie navigable conduit également à l’abandon de l’hypothèse selon
laquelle les déplacements se font en ligne droite d’un lieu quelconque vers le centre.
Et c’est cette hypothèse qui expliquait la forme circulaire de l’espace. Par
conséquent, l’utilisation optimale de l’espace n’est plus circulaire.
Von Thünen va également ajouter une ville secondaire et cette ville secondaire va développer son
propre système de cercle concentrique identique à celui de la ville principale.
Si je mets une deuxième ville centre, elle va avoir des interactions avec l’autre, donc il y a un moment
où il y aura une concurrence entre les deux villes. Y a un arbitrage basé sur le rente foncière. A partir
du moment où il y a concurrence on peut introduire la fiscalité (si les impôts fonciers de la ville A
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sont moins élevés, ça diminue le cout de production et ça augmente la rente foncière, j’aurais plutôt
intérêt à me localiser vers la ville A).
B. La généralisation des concepts
Il ne s’agit plus de modifications proposées par Von Thünen, mais d’approfondissements résultants
d’une interprétation plus large des concepts utilisés par Von Thünen.
1. La notion de rendement à l’hectare.
Définition : En terme monétaire, la notion de rendement à l‘hectare exprime ou mesure
le revenus qu’un producteur peut obtenir en exploitant un hectare de terre. Donc ce
rendement à l’hectare dépend de plusieurs éléments.


L’intensité avec laquelle cet hectare peut être exploité : Cela dépend des
conditions technologiques de production.
La nature de la production :
Ce rendement à l’hectare n’était pas présent chez Von Thünen par ce qu’il se
concentrait sur la localisation des activités agricoles.
2. La notion de cout de transport peut également être approfondie.
Dans les couts de transport il y a des couts directs et matériels, mais il y a également des
couts indirects et immatériels. On peut donc élargir la notion de couts de transports pour
inclure des couts d’interactions spatiale qui comprennent notamment les
communications interpersonnelles, les déplacements journaliers, les couts de
transaction, mais également les couts d’opportunité du temps. En terme de localisation,
cette extension de la conception du cout de transport conduit à modifier la courbe de
rente du modèle initial et plus l’activité est sensible aux couts d’interactions avec les
entreprises et les populations plus sa courbe de rente va décroitre rapidement lorsque la
distance augmente. Tous ces éléments (toutes ces extensions) vont modifier la
structuration de l’espace à la fois agricole et à la fois au sein des villes.
C. La dynamique spatiale :
On peut également modifier le modèle en le dynamisant, en le présentant en dynamique. Ca veut
dire que le modèle peut être rendu dynamique en modifiant la valeur des différents paramètres. Par
exemple je modifie le rendement, les couts de transport, j’aurais une autre organisation de l’espace
agricole.
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a. Variation des revenus : L’augmentation du revenu d’une culture donnée va
repousser les limites de la zone concernée vers l’extérieur. R = p - c – td  d = (pc)/t
La variation du revenu peut être due à 3 facteurs qui peuvent être
combinés
d = (p-c)/t. Une augmentation du prix de vente (p) (forte demande
ou pénurie d’offre) ou baisse des prix.
Une variation du cout de production sous l’effet des progrès techniques ou des
économiques d’échelle.
Variation du cout de transport suite au progrès technique ou à un système de
tarification approprié.
La variation de ces variables, d’une manière isolée ou combinée nous permet de comprendre
aisément les processus spatiaux suivants :
 La progression des cultures riches et demandées au dépend des autres cultures, le
développement du maraichage et des couronnes laitières ainsi que de la production de
viande autour des grandes agglomérations.
 Le développement à grande échelle de certaines cultures et notamment l’économie de la
plantation. C’est tout ce qui est un peu exotique, et qui aujourd’hui grâce à la diminution des
couts de transports intercontinentaux, peuvent être commercialisés.
 La baisse progressive de la mise en valeur du sol, de la valeur de la rente agricole, et des
investissements au fur et à mesure qu’on s’éloigne du centre. Comme les cultures riches sont
en périphérie immédiate des villes, plus on s’éloigne plus on a des cultures soit peu valorisée,
soit qui ne nécessitent pas beaucoup d’investissement.
b. La modification du prix :
Lorsque le prix d’un produit s’élève (ceteris paribus), la droite associée à la rente foncière se déplace
parallèlement vers le nord-est de telle façon que la culture en question se rapproche plus du marché
et s’étend sur une surface plus élevée. En effet, plus la droite se déplace vers le nord-est, plus elle a
de chance d’être la culture qui propose la rente la plus élevée, donc plus elle a de chance d’être
située à proximité immédiate du centre-ville.
L’offre augmente ainsi jusqu’à satisfaire totalement la demande exprimée et la limite entre les
cultures se déplace au dépend de la culture la moins rentable.
On va considérer le cas de 5 cultures :
 Situation initiale :
Culture
1. Maraichage
2. Arboriculture
irriguée
3. Arboriculture
sèche
4. Céréales
5. Elevage
Cout de
production
200
150
Prix de vente
220
175
Rendement
(prix/ha)
2400
1360
Cout de
transport
4
2,5
120
145
950
1,5
75
35
90
45
800
650
0,7
0,3
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La rente foncière s’écrit : Rendement à l’hectare [p – e – td]
o
o
o
o
o
Première culture : R1 = 2400 [220 – 200 – 4d] = 48000 – 9600d
R2 = 1360 [175 – 150 – 2,5d] = 34000 – 3400d
R3 = 950 [145 – 120 – 1,5d] = 23750 – 1425d
R4 = 800 [90 – 75 – 0,7d] = 12000 – 560d
R5 = 650 [45 – 35 – 0,3d] = 6500 – 195d
Ce qui nous intéresse c’est de savoir ce que peut entrainer une modification d’un des paramètres sur
les différents niveaux de culture. L’ordonnée à l’origine sera donnée par une distance nulle.
o
o
o
o
o
o
o
Distances extrêmes des cultures (telles que R1 = 0) : ça veut dire que s’il n’y a pas
d’autre cultures, je vais cultiver cette culture jusqu’à sa distance extrême.
R1 = 0  d1 = 480000 / 9600 = 5. Ca veut dire qu’en l’absence d’autres cultures que
le maraichage, compte tenu des caractéristiques de production, de prix de vente et
de cout de transport, cette culture n’irait pas au-delà de 5 km autour de la ville
centre sur laquelle je commercialise mon produit.
R2 = 0  d2 = 34000 / 3400 = 10. Donc l’arboriculture irriguée, si elle était la seule
culture, devrait être cultivée jusqu’à 10 km autour de la ville.
R3 = 0  d3 = 23750 / 1425 = 16,67km.
R4 = 0  d4 = 12000 / 560 = 21,43km.
R5 = 0  d5 = 6500 / 195 = 33,33km.
Les ordonnées à l’origine c’est 48000, 34000, 23750, 12000, 6500.
1 : orange ; 2 vert ; 3 bleu foncé ; 4 rose ; 5 bleu clair ;
o
o
o
o
Détermination des limites de chaque culture : On doit chercher des points
d’intersections, lorsque la rente 1 devient égale à la rente 2.
R1 = R2  48000 – 9600d = 34000 – 3400d  [48000 – 34000] / [9600 – 3400] =
2,26km. Donc entre 0 et 2,26 km, je vais faire du maraichage. 2,26 est la distance
limite du maraichage.
R2 = R3  [34000 – 23750] / [3400 – 1425] = 5,19km. Donc entre 2,26km et 5,19km,
on va faire de l’arboriculture irriguée.
R3 = R4  = 13,58km
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o
R4 = R5  = 15,07km
Maintenant on va dynamiser, c.-à-d. voit qu’est ce qui se passe si on change un des éléments. Par
exemple en fonction des changements climatiques, les gouts des consommateurs, le modèle peut se
dynamiser.

Dynamisation du modèle de Von Thünen :
Il faut regarder comment la droite de la rente peut évoluer.
o
Si le prix de vente se modifie
 Si le prix augmente : ça déplace l’ordonnée à l’origine vers le haut. La pente
restant la même, ça déplace parallèlement la rente foncière vers la droite.
Donc ça augmente la surface cultivée de la culture au détriment des autres.
Selon l’ampleur de cette hausse de prix, la culture suivante peut disparaitre
par ce qu’elle ne sera plus rentable.
 Si le prix de vente diminue : On a un déplacement dans l’autre sens,
parallèlement.
o
Si le cout de production est modifié :
 Si le cout augmente : C’est comme une diminution du prix, ça entraine un
déplacement vers la gauche parallèle à la rente foncière initiale.
 Si le cout diminue, ça a le même impact qu’une augmentation des prix. La
rente se déplace parallèlement vers la droite.
Si le rendement / ha se modifie : Si le rendement augmente, ça entraine un
pivotement de la courbe de rente foncière. Elle va pivoter vers le haut autour de son
abscisse. Si R1 diminue, et passe de 2400 à 2000 : 2000[220 – 200 – 4d] = 40000 –
8000d  Donc le rendement a diminué  l’ordonnée à l’origine diminue et quand R
= 0  d = 40000 / 8000 = 5km donc la pente est modifiée. Donc la rente pivote sur
l’ordonnée. Si la rente diminue, la rente pivote vers le bas. Ca modifie
potentiellement la zone de culture du maraichage.
Si je modifie le cout de transport : Ca modifie juste la pente mais pas l’ordonnée à
l’origine, donc ça pivote par rapport à l’ordonnée à l’origine.
 Si le cout de transport augmente : Si le cout de transport augmente par
rapport à la situation initiale, on a la courbe de rente foncière qui pivote à
partir de son ordonnée à l’origine. Donc si le cout de transport augmente, la
rentabilité se fait dans des distances plus réduite.
 Si je diminue le cout de transport : je rends plus rentable la culture sur une
plus grande distance.
o
o
Donc le modèle de Von Thünen n’est pas figé, si on modifie un des paramètres, on modifie les
surfaces cultivées, et l’ordre des cultures.
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Les pratiques économiques de même que les conditions de transport ont considérablement évolué
depuis l’époque de Von Thünen et un certain nombre d’hypothèses posées par Von Thünen ne sont
plus valable aujourd’hui. Cela limite la portée du modèle de Von Thünen pour décrire la structuration
de l’espace économique agricole. Toutefois, le modèle de Von Thünen reste un modèle très
didactique, de grande valeur, qui montre l’effet du marché et de la distance sur l’occupation agricole
du sol. Le résultat essentiel c’est que l’espace agricole se trouve organisé selon les couts de
transports et indirectement en fonction de la distance au marché. Le modèle de Von Thünen
conserve malgré tout une certaine actualité : On constate qu’à toutes les échelles, l’affectation du sol
agricole s’effectue selon des couronnes concentriques plus ou moins régulières, allant du centre vers
l’extérieur.
Le meilleur exemple du modèle de Von Thünen c’est le système de ceintures aux Etats Unis. On a un
système de ceinture par rapport aux lacs aux états unis, avec le maïs, le coton, le blé. C’est un
système de structuration de l’espace qui rappelle le modèle de Von Thünen.
Si on doit retenir une chose, c’est que Von Thünen c’est un pionnier de la structuration de l’espace
agricole, c’est le premier a avoir prix en compte la notion de distance (au travers des couts de
transport) pour expliquer la structuration de l’espace agricole c.-à-d. comment vont se répartir les
différentes cultures autour de la ville centre.
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