Problème d’économie ou problème de budget ? Demain, le Premier ministre se réunira avec l’UGTA et le FCE. Théoriquement, la “nouvelle politique économique” du gouvernement est tracée et le projet de budget 2017 est prêt. Alors, pourquoi “tripartite” improvisée ? Jusqu’ici, le système rentier avait l’avantage de ne poser que les seuls problèmes d’allocation de ressources : comment dépenser un argent “naturellement” disponible ? Depuis un certain temps, la disponibilité de cet argent est en question. Ce qui constitue pour le régime une situation inédite jamais envisagée au cours de son règne : un problème de ressources budgétaires. Mais de politique économique, il n’en a jamais conçu, en dix-sept ans de règne, sachant que, sans économie, il a de quoi financer ses investissements, son fonctionnement et assurer les besoins de base de la société. Certes, il a pris des décisions de politique économique, mais jamais comme éléments d’une politique économique élaborée. Exemple : la règle des 51/49. Elle est conforme, non une “politique économique”, mais à cette attitude qui consiste à éviter de laisser lui échapper du pouvoir économique vers un capitalisme, national ou étranger, qui ne serait pas acquis à son soutien. Et quand ce fut politiquement utile, il a su tordre le cou à la loi et autoriser des investissements étrangers majoritaires ou même à 100%. Autre exemple : les nationalisations, tantôt panacée, tantôt maladie honteuse, poussant jusqu’à la renationalisation. La politique dite de “relance de la croissance” a toujours concerné les seules dépenses d’équipements, voie royale de répartition autoritaire et privative de la rente pétrolière. Le gré à gré systématique a permis le double avantage de négocier les bonnes grâces de puissances partenaires et de faciliter l’enrichissement exponentiel de l’oligarchie alliée. Aujourd’hui, le gouvernement évoque “une nouvelle politique économique” basée sur la promotion d’une “économie de production” en substitution à l’économie de rente. Il est dans l’incantation. On ne remplace pas une économie par une autre ; on organise la transition d’une économie à une autre. Cela demande du temps et des ressources. Or, l’économie “existante” ne produit plus assez de ressources pour investir. La transition se fera par la force des choses et dans la douleur sociale : pas de rente… alors au travail ! Le pouvoir n’aura toujours pas de nouvelle politique économique ; celle-ci s’imposera de fait. Mais il aura l’angoisse inhabituelle : boucler le budget. Les réserves ont baissé et nos activités non pétrolières, dépendantes de l’économie pétrolière, vont baisser à leur tour. Et, donc, la fiscalité ordinaire aussi. Alors, comment conserver le niveau de budget sans recourir à la dette ou à la planche à billets ? Ou comment serrer le budget sans produire du mécontentement social ? C’est ce casse-tête qui fait courir le gouvernement entre innovations fiscales-sociales et reculades. M. H.