ESPACES VECTORIELS NORMÉS Introduction 1. L'équation de la chaleur : on soumet un solide Ω ⊂ R3 à une source de chaleur f : Ω → R. Alors la température d'équilibre u(x, y, z) en un point (x, y, z) de Ω est solution de l'équation aux dérivées partielles − δ2 δ2 δ2 u(x, y, z) − u(x, y, z) − u(x, y, z) = f. δ2x δ2y δ2z (Joseph FOURIER, Théorie analytique de la chaleur, 1822.) Si on note ∆u = δ2 δ2 δ2 u + u + u, δ2x δ2y δ2z le laplacien de u alors u 7→ ∆u dénit une application linéaire entre deux espaces vectoriels de dimension innie. En outre, si f ' 0 alors on peut conjecturer que u ' 0. Ceci motive l'introduction d'une notion de norme sur un espace vectoriel de dimension innie. 2. Espaces vectoriels normés Soit E un espace vectoriel sur F = R ou C. Dénition 2.1. On appelle norme sur E toute application k · k : E → [0, ∞[, x 7→ kxk, vériant pour tous x, y ∈ E et tout λ ∈ F, (1) x = 0 si et seulent si kxk = 0. (2) kλxk = |λ| kxk. (3) kx + yk ≤ kxk + kyk. Ex : (1) E = R3 , k(x1 , x2 , x3 )k = k(x1 , x2 , x3 )k2 = x21 + x22 + x23 . (2) E = Fn , x = (x1 , ..., xn ), kxk = kxk∞ = max1≤i≤n |xi |. (3) Si E désigne l'espace vectoriel réel des fonctions réelles continues sur [0, 1] alors l'application p E → [0, ∞[, f 7→ kf k = kf k∞,[0,1] = sup |f (x)|, x∈[0,1] est une norme sur E . Dénition 2.2. Deux normes sur E , k · k et k · k∗ sont dites équivalentes s'il existe c, C > 0 tels que, pour tout x ∈ E , ckxk ≤ kxk∗ ≤ Ckxk. Dénition 2.3. Si k · k est une norme sur E alors (E, k · k) s'appelle un espace vectoriel normé. Agrégation interne - 23 septembre 2009. 1 Dans la suite, (E, k · k) est un espace vectoriel normé. On écrit souvent E à la place de (E, k · k). Distance induite par une norme : soit E est un espace vectoriel normé. Si on dénit d:E×E →R (x, y) 7→ kx − yk alors (E, d) est un espace métrique. Applications continues. Soit (E, k · kE ) et (F, k · kF ) deux espaces vectoriels normés. Dénition 2.4. Soit f : E → F une application et a ∈ E . On dit que f est continue en a si ∀ε > 0 , ∃δ(ε, a) > 0 tel que ∀x ∈ E , kx − akE ≤ δ(ε, a) =⇒ kf (x) − f (a)kF ≤ ε. On dit que f est continue sur une partie A de E si f est continue en tout point de A. Applications linéaires continues. Théorème 2.1. Soit f : E → F une application linéaire. Alors f est continue sur E si et seulement si il existe M > 0 tel que pour tout x ∈ E , kf (x)kF ≤ M kxkE . Dénition 2.5. Pour toute application linéaire continue f : E → F , on pose kf (x)kF . x∈E\{0} kxkE kf k = sup kf (x)kF = sup x∈E kxkE =1 kf k s'appelle la norme de f . Théorème 2.2. L'espace des applications linéaires et continues de E vers F muni de l'application k · k est un espace vectoriel normé. Ex : Soit E = F = R3 , k(x1 , x2 , x3 )k = k(x1 , x2 , x3 )k2 = p x21 + x22 + x23 et f ((x1 , x2 , x3 )) = (a1 x1 , a2 x2 , a3 x3 ), où a1 , a2 , a3 ∈ R. 3. Espaces vectoriels de dimension finie Soit E un espace vectoriel de dimension nie N sur F = R ou C et k · k, une norme sur E . Théorème 3.1 (Equivalence des normes). Toutes les normes dénies sur un espace vectoriel de dimension nie sont équivalentes. Conséquences. Théorème 3.2 (Parties compactes). Si E est de dimension nie alors les parties compactes de E sont les parties fermées et bornées de E . Corollaire 3.1. Toute suite bornée de (E, k · k) contient une sous-suite convergente. Théorème 3.3 (Continuité des applications linéaires). Soit F un espace vectoriel normé sur F et f : E → F une application linéaire. Alors f est continue sur E . Arnaud Rougirel IUFM Poitou Charentes E-mail address : [email protected] 2