Sur une classe d’alg`ebres topologiques
M. Akkar A. Beddaa M. Oudadess
Abstract
We introduce a class of topological algebras which is between the class of
Q-algebras and that of advertibly complete ones. We give some properties
of this class and characterize it in the normed and the multiplicative cases.
Some questions, in particular the boundedness of multiplicative functionals,
are discussed.
1 Introduction
Dans ce travail, nous introduisons une classe d’alg`ebres topologiques que nous ap-
pelons A. Cette classe contient la classe Qdes Q-alg`ebres topologiques (i.e celles
dont l’ensemble des ´el´ements inversibles est ouvert). Elle est contenue dans la classe
Ddes alg`ebres ”advertibly complete”au sens de S. Warner ([13]) et A. Mallios ([8]).
Cesinclusionssont,eng´en´eral, strictes. Nous montrons que dans le cas norm´e, la
classe Aco¨ıncide avec Q. Nous montrons aussi que les alg`ebres localement mul-
tiplicativement convexes (a.l.m.c.) qui appartiennent `aAsont exactement celles
qui sont pleines dans leurs compl´et´ees. Nous en d´eduisons que dans ce cas Aet
Dco¨ıncident. La multiplicativit´elocaleestn´ecessaire pour ce dernier r´esultat. En
fait, nous donnons un exemple d’une a.l.c. compl`ete qui n’appartient pas `aA.
La classe Aest stable par produit quelconque et par limite projective; et les
sous-alg`ebres pleines d’´el´ements de Asont dans A. Nous montrons que dans la
classe A, la convergence des eries g´eom´etriques est ´equivalente `a celle des suites
puissances (proposition 3.7). Ceci montre que les ´el´ements r´eguliers dans les alg`ebres
de cette classe sont de spectre born´e.
Received by the editors February 1995
Communicated by J. Schmets
AMS Mathematics Subject Classification : 46H20, 46H05, 46H99.
Keywords : Alg`ebre topologique, Q-alg`ebre, advertiblement convergente, advertiblement compl`e-
te, compl´et´ee, caract`ere, spectre, ´el´ement r´egulier.
Bull. Belg. Math. Soc. 3 (1996), 13–??
14 M. Akkar — A. Beddaa — M. Oudadess
Dans la partie 4, en caract´erisant les a.l.m.c.(non n´ecessairement compl`etes) qui
sont dans A, nous montrons que plusieurs propri´et´es d’a.l.m.c. compl`etes restent
vraies pour celles-ci. Ainsi, nous retrouvons facilement, comme conequences, des
esultats obtenus par A. Mallios dans ([8]).
Dans les alg`ebres norm´ees advertiblement compl`etes (i.e qui sont des Q-al-
g`ebres), tout caract`ere est continu. Le probl`eme de savoir si tout caract`ere dans une
a.l.m.c. commutative compl`ete est born´e(probl`eme de Michael) est toujours ouvert.
En utilisant un travail de W. Zelazko, nous montrons que la r´eponse `aceprobl`eme
est n´egative dans la classe des a.l.m.c.advertiblement compl`etes.
Il est d´emontr´e dans ([1]) et dans ([11]) que dans une a.l.m.c. commuta-
tive compl`ete dont tout ´el´ement est egulier, l’ensemble des caract`eres non nuls est
´equiborn´e. Nous ´etendons ce r´esultat aux a.l.A-convexes introduites dans ([7]).
Nous montrons aussi que ceci ne reste pas vrai dans le cas advertiblement complet.
Jusqu’`apr´esent, on ne sait pas si une a.l.m.c. commutative compl`ete dont tout
´el´ement est r´egulier est une ”pseudo-Banach algebra” au sens de([5 ]) (i.e tout born´e
est r´egulier). Nous donnons un exemple d’une a.l.m.c. advertiblement compl`ete
commutative dont tout ´el´ement est r´egulier et admettant des born´es non r´eguliers.
Enfin, nous caract´erisons les a.l.m.c. advertiblement compl`etes dont tout ´el´ement
est r´egulier et nous donnons un th´eor`emedestructuredecesalg`ebres.
2Pr´eliminaires
Dans tout ce qui suit, les alg`ebres consid´er´ees seront complexes, associatives et
unitaires; l’unieestnot´ee e.
Soient A une alg`ebre et B une sous-alg`ebre de A. On dit que B est pleine dans A
si tout ´el´ement de B inversible dans A est inversible dans B (i.e G(A) B=G(B)),
o`uG(A)d´esigne l’ensemble des ´el´ements inversibles de A. On appelle Spectre d’un
´el´ement xA l’ensemble Spx={λC|λe x6∈ G(A)}. Le rayon spectral
de xest le nombre ρ(x)=sup{|λ||λSpx}.
Une alg`ebre topologique est une alg`ebre munie d’une topologie vectorielle telle
que le produit soit s´eparement continu. Elle est dite A-norm´ee si sa topologie est
efinie par une seule norme d’espace vectoriel. Une alg`ebre topologique A est dite
une Q-alg`ebre si G(A) est ouvert. Elle est dite localement convexe (a.l.c.) si sa
topologie est d´efinie par une famille de semi-normes (pλ)λΛ.Si(pλ)λerifie
pλ(xy)pλ(x)pλ(y), pour tous x ,yAettoutλΛ
on dit que A est localement multiplicativement convexe (a.l.m.c.).
On dit qu’une a.l.c. est localement A-convexe (a.l.A-convexe) si sa topologie
est d´efinie par une famille de semi-normes (pλ)λΛerifiant :
λΛ,xA,M(λ, x)>0,N(λ, x)>0telsque:
pλ(xy)M(λ, x)pλ(y)etpλ(yx)N(λ, x)pλ(y), pour tout yA.
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Soient A une alg`ebre topologique et xA. On appelle rayon de r´egularit´edex
le nombre :
β(x)= inf{α>0|la suite (xn
αn)nsoit born´ee}.
On dit que xest r´egulier si β(x) est fini. Un born´edeAestditr´egulier s’il
est absorb´e par un disque born´e idempotent. L’alg`ebre A est dite β-eguli`ere si
βtransforme tout born´edeAenunborn´edeR+. Une a.l.c. est dite m-tonnel´ee si
tout tonneau (i.e disque ferm´e et absorbant) idempotent est un voisinage de z´ero.
3 Classe A
efinition 3.1 : Soient A une alg`ebre topologique et (xλ)λune suite g´en´eralis´ee
dans A. On dit que (xλ)λest advertiblement convergente s’il existe un ´el´ement xA
tel que les suites (xxλ)λet (xλx)λconvergent vers l’´el´ement unit´ee.
Remarques 3.1 :
(1) Si (xλ)λest convergente vers un ´el´ement inversible, alors elle est advert-
iblement convergente.
(2) Il existe des alg`ebres topologiques admettant des suites advertiblement
convergentes non convergentes (cf exemple 4.1).
efinition 3.2 : On dit qu’une alg`ebre topologique a la propri´et´e(T)sitoute
suite g´en´eralis´ee advertiblement convergente est convergente. On note par Ala
classe des alg`ebres ayant la propri´et´e(T).
Commen¸cons par donner la proposition suivante qui sera utile par la suite.
Proposition 3.1 : Soit A une alg`ebre topologique et (xλ)λune suite advert-
iblement convergente.
(1) Soit xAtelque(xxλ)λet (xλx)λsoient convergentes vers e.Alors(xλ)λ
est convergente si et seulement si xest inversible (dans ce cas lim
λxλ=x1).
(2)SiAests´epaee, alors il existe un et un seul xdans A tel que (xxλ)λet
(xλx)λsoient convergentes vers e.
Preuve : Il suffit d’utiliser la continuit´es´epar´ee du produit et l’unicit´edela
limite dans le cas s´epae.
EXEMPLES :
(1) Toute alg`ebre de Banach (A, kk) appartient `aA.Eneet,sixAet
(xn)nest une suite dans A telle que (xxn)net (xnx)nconvergent vers e,alors,pour
nassez grand,on aura kxxnek<1etkxnxek<1.D’o`uxest inversible et
(xn)nest convergente.
(2) Soit M[0,1]l’alg`ebre des fonctions mesurables sur [0,1]et `a valeurs com-
plexes. Consid´erons l’alg`ebre quotient A=M[0,1]/N,o`uNest l’id´eal des fonctions
nulles presque partout. L’alg`ebre A munie de la topologie de la convergence en
mesure est une alg`ebre topologique etrisable compl`ete([12]). Elle appartient `ala
classe A.Eneet,sifAet(fn)nune suite dans A telle que (ffn)nconverge
vers la fonction constante 1, alors il existe une sous-suite telle que (ffnk)kconverge
16 M. Akkar — A. Beddaa — M. Oudadess
presque partout vers 1. D’o`u{x|f(x)=0}est de mesure nulle. Par suite fest
inversible dans A et (fn)nconverge vers f1.
(3) Soit C(R) l’alg`ebre des fonctions continues sur Ret `a valeurs dans C,
munie de la topologie de la convergence uniforme sur les parties compactes. Si f
C(R)et(fn)nune suite telle que (ffn)nconverge vers la fonction constante 1,
alors fne s’annule en aucun point de R.Do`ufest inversible et par suite (fn)n
est convergente. Ainsi C(R) est dans la classe A. Nous verrons plus loin qu’en fait
toute a.l.m.c. compl`ete est dans A.
Remarque 3.2 : Comme dans l’exemple 1, on montre que toute Q-alg`ebre
topologique appartient `a la classe A.Ond´esigne par Qla classe des Q-alg`ebres
topologiques. On a donc Q⊂A. Cette inclusion est, en g´en´eral, stricte (Exemple
3ci-dessus). Cependant on a la :
Proposition 3.2 : Soit A une alg`ebre norm´ee. Alors : A est une Q-alg`ebre
si et seulement si A ∈A.
Preuve : Supposons que A ∈A, on va montrer que A est pleine dans sa
compet´ee ˜
A. Soient xAG( ˜
A) et y˜
Atelquexy =yx =e.Ilexistedonc
une suite (xn)nde Cauchy dans A qui converge vers ydans ˜
A. D’o`u(xn)nest
advertiblement convergente donc convergente dans A. Par suite xG(A). Ainsi
G(A) est ouvert car G(˜
A) l’est.
Remarque 3.3 : La proposition pr´ec´edente n’est pas vraie dans une alg`ebre
A-norm´ee quelconque (La multiplication du produit est n´ecessaire). En effet, con-
sid´erons l’alg`ebre A des fonctions f, mesurables sur [0,1], `a valeurs complexes et
qui sont de la forme f=Pn
i=1 λiχAi;avec n Net (Ai)1inune partition de
[0,1]telle que mes(Ai)>0, pour tout i=1,2,3,....,n. Munie de la norme d´efinie par :
kfk1=R[0,1] |f(t)|dt, l’alg`ebre A est A-norm´ee. Elle v´erifie (T) car si fAet(fn)n
est une suite dans A telle que (ffn)nconverge vers 1 dans A, alors il existe une
sous-suite (ffnk)kqui converge presque partout vers 1. D’o`uf(x)6= 0 pour presque
tout x.Donc,λi6= 0, pour tout i {1,2,...,n}.Parcons´equent, fest inversible dans
A. Mais A n’est pas une Q-alg`ebre, car sinon, il existerait α>0telque1+fsoit
inversible dans A, pour tout ferifiant kfk<α. Mais si on consid`ere la fonction
efinie sur [0,1]par :
f(x)=1six[0,α
2]etf(x)=0,si x]α
2,1],
on aura : kfk1=α
2<α,alorsque,1+fn’est pas inversible dans A car 1+f=0sur
[0, α
2] qui est de mesure strictement positive.
Nous donnons maintenant quelques propri´et´es de stabilit´e de la classe A.
Proposition 3.3 :
(1) Le produit d’une famille d’alg`ebres de la classe A(muni de la topologie
produit) est dans A.
(2) Toute sous-alg`ebre ferm´ee B d’une alg`ebre A appartenant `aA, appartient
`a A.
(3) Toute sous-alg`ebre pleine d’une alg`ebre appartenant `aA, appartient `aA.
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Preuve : (1) Soit (Ai)iIune famille d’´el´ements de A.Consid´erons l’alg`ebre
produit A = QiIAimunie de la topologie produit. Soit (xλ)λune suite advertible-
ment convergente dans A. Si piesigne la projection de A sur Ai, la suite (pi(xλ))λ
est advertiblement convergente dans Aidonc convergente.Notons yisa limite. On
erifie que la suite (xλ)λest convergente vers (yi)iI.
(2)Soit(xλ)λune suite advertiblement convergente dans B. Elle est advert-
iblement convergente dans A donc convergente (dans A). Comme B est feredans
A, (xλ)λest convergente dans B.
(3)SoitA∈Aet B une sous-alg`ebre pleine de A. Soient xBet(xλ)λdans
B telle que (xxλ)λet (xλx)λconvergent vers edans B donc dans A. D’o`uxest
inversible dans A. Mais B est pleine dans A, xest alors inversible dans B et (xλ)λ
est convergente vers x1.
Corollaire 3.1 : La classe Aest stable par limite projective.
Preuve : La limite projective ´etant une sous-alg`ebre pleine du produit, le
esultat se d´eduit de ce qui pr´ec`ede.
Corollaire 3.2 : Toute a.l.m.c. compl`ete appartient `aA.
Preuve : Une telle alg`ebre s’´ecrit comme limite projective d’alg`ebres de Ba-
nach([9]).
Proposition 3.4 : Soit A une alg`ebre appartenant `aAet I un id´eal ferm´edans
A. Alors A/I munie de la topologie quotient appartient `aA.
Preuve : Soit s la surjection canonique de A sur A/I. Si (s(xi))iest une suite
advertiblement convergente dans A/I, alors (xi)iest advertiblement convergente,
donc convergente dans A. Par suite (s(xi))iest convergente.
Remarque 3.4 : La r´eciproque de la proposition pr´ec´edente est, en g´en´eral,
fausse. En effet, si on consid`ere l’alg`ebre C[X]des polynˆomes `acoecientsdansC,
munie de la norme kP(X)k=sup{|P(z)|||z|≤1},alorsC[X]n’appartient pas `a
A(car ce n’est pas une Q-alg`ebre). Mais, si on consid`ere l’id´eal I = {P|P(0) = 0},
alors A/I est alg`ebriquement et topologiquement isomorphe `aCqui appartient `aA.
Proposition 3.5 : Soient (A,T) une alg`ebre topologique appartenant `aAet
Tune topologie d’alg`ebre plus fine que T. Alors (A,T)appartientaussi`aA.
Corollaire 3.3 : L’alg`ebre A = C×K(R) des fonctions continues sur R,con-
stantes hors d’un compact, munie de la norme kk
est une Q-alg`ebre.
Preuve : La norme kk
est plus fine que la topologie Tde la convergence
uniforme sur les parties compactes de R. L’alg`ebre (A,T)appartient`aA.Ona
donc le r´esultat par la proposition pec´edente et la proposition 3.2.
Proposition 3.6 : Soit A une alg`ebre topologique telle que l’ensemble des
caract`eres continus non nuls M(A)soitnonvide.Silapropri´et´e:
(P) : Pour tout xde A, Spx ={χ(x)|χM(A)}
est v´erifi´ee, alors A ∈A.
Preuve : Soit (xλ)λune suite advertiblement convergente dans A. Soit xAtel
que (xxλ)λet (xλx)λconvergent vers l’´el´ement unit´ee. Donc, pour tout χM(A),
1 / 12 100%