EPFL - Section de Mathématiques Introduction à la théorie des nombres Semestre Printemps 2009 Prof. Eva Bayer-Fluckiger 19.03.2009 Série 5 Exercice 1 √ L’anneau Z[ −2] √ √ Considérons l’anneau Z[ −2] := {a+b −2; a, b ∈ Z}. Cet anneau est muni d’une application √ N : Z[ −2] → N appelée norme et donnée par : √ N (a + b −2) = a2 + 2b2 . 1. Montrer que l’application norme √ est multiplicative, c’est-à-dire que l’on a N (αβ) = N (α)N (β) pour tous α, β ∈ Z[ −2]. √ 2. Montrer qu’un élément de Z[ −2] est une unité si et seulement s’il est de norme 1. √ 3. Montrer que l’anneau Z[ −2] est euclidien pour la norme, c’est-à-dire que l’application N satisfait les deux propriétés suivantes (on dit que N est un stathme euclidien) : √ (a) pour tous α, β ∈ Z[ −2], N (αβ) ≥ N (β) ; √ √ (b) pour tous α, β ∈ Z[ −2]\{0}, il existe q, r ∈ Z[ −2] tels que α = βq + r avec r = 0 ou N (r) < N (β). √ √ √ 4. Soit a ⊂ Z[ −2] un idéal non nul de l’anneau Z[ −2]. Montrer l’égalité a = aZ[ −2] pour tout élément a ∈ a de norme minimale. √ Ceci implique que l’anneau Z[ −2] est principal. En fait, il s’agit d’un fait plus général : tout anneau euclidien est principal. Exercice 2 A propos des algèbres de quaternions Soit F un corps de caractéristique 6= 2 et soient a, b deux éléments de F ∗ . On appelle algèbre de quaternions (a, b) toute F -algèbre de dimension 4 possédant une F -base {1, i, j, k} telle que : i2 = a, j 2 = b et k = ij = −ji. Une telle base est appelée base quaternionique pour l’algèbre (a, b). Tout élément x ∈ (a, b) est appelé un quaternion de l’algèbre (a, b). Il s’écrit comme combinaison linéaire : x = α + βi + γj + δk, avec α, β, γ, δ ∈ F. On associe à x son quaternion conjugué, noté x̄, défini par : x̄ = α − (βi + γj + δk). L’application ι : x ∈ (a, b) 7→ x̄ est appelée l’involution canonique de (a, b). On montre que l’on peut définir une application N(a,b) : (a, b) → F , appelée norme et donnée par : N(a,b) (x) = xx̄. 1. Soient a, b ∈ F ∗ . Montrer l’existence d’un isomorphisme de F -algèbres : (a, b) ' (b, a). 2. Soit M2 (F ) l’algèbre des matrices carrées d’ordre 2 sur F dans laquelle on considère les matrices suivantes : 1 0 0 1 I= et J = . 0 −1 1 0 Montrer l’existence d’un isomorphisme de F -algèbres : ' (1, 1) −→ M2 (F ), induit par 1 7→ Id , i 7→ I, j 7→ J et k 7→ IJ, où {1, i, j, k} désigne une base de l’algèbre de quaternions (1, 1) telle que i2 = 1, j 2 = 1 et k = ij = −ji. 3. Soient a, b ∈ F ∗ . Montrer l’existence d’un isomorphisme de F -algèbres de quaternions : (a, b) ' (u2 a, v 2 b), pour tous u, v ∈ F ∗ . En particulier, cela implique l’existence d’un isomorphisme de F -algèbres : (1, w2 ) ' M2 (F ), pour tout w ∈ F ∗ . 4. Soient a, b ∈ F ∗ . Montrer que l’algèbre de quaternions (a, b) est à division si et seulement si sa forme norme N(a,b) est anisotrope : plus précisément, on montrera qu’un quaternion x ∈ (a, b) est inversible si et seulement si N(a,b) (x) 6= 0. 5. Soient a, b ∈ F ∗ . Montrer l’équivalence des propriétés suivantes : (a) (a, b) ' M2 (F ) (isomorphisme de F -algèbres) ; (b) l’algèbre (a, b) n’est pas à division ; (c) N(a,b) est isotrope. Pour montrer l’implication (c) ⇒ (a), on pourra suivre les indications suivantes : 1. Montrer que l’on peut supposer a 6∈ F ∗ 2 . 2. Soit x = α + βi + γj + δk ∈ (a, b) un quaternion non nul, tel que N(a,b) (x) = 0. En écrivant N(a,b) (x) = α2 − β 2 a − γ 2 b + δ 2 ab, montrer qu’il existe deux éléments r, s ∈ F tels que b−1 = r2 − as2 . 3. Poser u := rj + sij et v := (1 + a)i + (1 − a)ui. Montrer que u et v satisfont les relations : u2 = 1, v 2 = 4a2 , uv = −vu, et que la famille {1, u, v, uv} forme une F -base de l’algèbre (a, b). 4. En déduire l’existence d’un isomorphisme de F -algèbres (a, b) ' (1, 4a2 ). Conclure. 6. Application. Pour tout a ∈ F ∗ , montrer que les algèbres de quaternions (a, −a) et (a, 1 − a) (si a 6= 1) sont isomorphes à l’algèbre de matrices M2 (F ).