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COURS DE PSYCHOPEDAGOGIE GENERALE,
Module « Connaissances psychologiques, affectives & relationnelles »
CRB. Michel Jaspar
LA PERSPECTIVE COGNITIVE (ou COGNITIVISTE).
« cognition » = élaboration des représentations mentales, des connaissances (perception, mémoire , langage,
pensée, raisonnement, résolution de problème, intelligence, etc. )
« perspective cognitive ou cognitiviste » : étudie les processus qui rendent compte du fonctionnement de la
pensée et qui influent sur le comportement.
La "métacognition" = la « cognition sur la cognition » (le préfixe µετά signifiant « sur, à propos » en grec
ancien). Autrement dit, la métacognition consiste à avoir une activité mentale sur ses propres processus
mentaux, c'est-à-dire « penser sur ses propres pensées ». Dans le domaine de la psychologie de l'éducation, le
terme désigne la composante du savoir d'un individu qui concerne les processus mêmes du savoir (acquisition,
perpétuation, modification), en quelque sorte « ce qu'il sait de sa façon de savoir ». De façon plus générale en
psychologie cognitive, les processus métacognitifs peuvent concerner des domaines très divers : en mémoire
(savoir que l'on sait, que l'on est capable de mémoriser telle ou telle information pendant telle ou telle durée), en
perception (être capable de dire si on a bien perçu ou non un stimulus), en résolution de problème (décider que
telle stratégie est plus appropriée dans tel cas), etc. Il existe un débat concernant l'évolution humaine quant au
fait que notre espèce soit la seule ou non à être dotée de capacités métacognitives.
Déjà Socrate et Confucius (Vème av. J.-C.): Savoir ce que l’on sait et ce qu’on ne sait pas!
!!!!Croire savoir ce qu’on ne sait pas et ignorer que l’on sait à dangereux !!!!
« métacognition » dans le cadre d’une évaluation à degrés de certitude (on s’en servira bientôt pour des
évaluations)
La mémoire.
- Description de l’organisation de la mémoire
a. 3 étapes dans la mémoire : encodage
à
stockage
à
récupération
b. Distinction rappel / reconnaissance
N.B. : Un questionnaire à choix multiples est une évaluation de la reconnaissance.
c. Distinction mémoire explicite / mémoire implicite
Mesure de la mémoire explicite
Mesure de la mémoire implicite
Rappel : aptitude à retrouver et à reproduire de
l’information déjà apprise (ex : nains ; voir plus
haut)
Amorçage : influence, dans une tâche,
d’informations auxquelles on a été préalablement
exposé
Reconnaissance: aptitude à déterminer qu’une
information est déjà apprise (ex : nains ; voir
plus haut)
Réapprentissage : diminution du temps requis pour
l’apprentissage d’un matériel déjà appris
précédemment (ex : un puzzle, qu’on ne se
souvient pas avoir déjà fait mais qu’on réalise plus
vite)
= Aptitude à déterminer qu’une information est déjà apprise. Ex :
Noms des 7 nains de Blanche-Neige : Naïf? Timide? Andouille?
Grognon? Paresseux? Simplet? Prof? Heureux? Maigrichon?
Joyeux? Grincheux? Endormi? Atchoum? Dormeur? Rondelet ?
Noms des 7 modes heptatoniques : Troyen? Chilien? Dorien?
Locrien? Ionique? Eolien? Ionien? Autrichien? Frigien?
Maximilien? Lydien? Phrygien? Myxophrygien? Myxolydien?
Tertulien? Julien
= Souvenir conscient et intentionnel d’un
événement ou d’un élément d’information
= Rétention inconsciente en mémoire d’une expérience
ou d’une information qui influe sur les pensées et les
comportements ultérieurs.
= Aptitude à retrouver et à reproduire
de l’information déjà apprise. Ex :
Noms des 7 nains de Blanche-Neige ?
Noms des 7 modes heptatoniques ?
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* Un jeu de société, appelé Electro, avait pour principe l’association de deux
éléments (une question et une réponse, ou un pays et son drapeau, ou le
dessin d’un animal et son nom, etc.) sur une plaque métallique, grâce à deux
petites bornes qui, lorsqu’elles se trouvaient dans une certaine position,
annonçaient la bonne réponse (=la bonne association) en faisant s’allumer
une petite lampe. Il était nécessaire, pour que ça fonctionne, que ce soit
toujours les mêmes endroits qui permettent le contact. Donc, sur chacune
des très nombreuses feuilles de questions, les rapports spatiaux entre
chacune des questions et leurs réponses respectives étaient identiques.
Certains des joueurs peuvent s’apercevoir de l’astuce et ne plus vraiment chercher à répondre aux questions
puisqu’ils savent, après quelques questionnaires, où trouver les réponses. Mais certains, sans s’en apercevoir de
manière consciente, vont tout naturellement trouver les réponses grâce à leur mémoire implicite. Leur main va
se diriger, à leur insu, vers la zone elle s’est déjà portée pour les autres questionnaires. Au-delà de ce jeu,
cela illustre parfaitement la situation de certains apprentissages les réponses aux questions sont soufflées,
même de manière involontaire de la part de l’enseignant et reçues de manière inconsciente par les élèves. Un
enseignement qui a pour vocation l’autonomie de ses élèves tâchera de prévoir des dispositifs pédagogiques et
des modes d’évaluation qui éviteront cet écueil.
d. Distinction mémoire sensorielle / à court terme / à long terme
(ou mémoire de travail )
- mémoire sensorielle : deux sous-systèmes en fonction des sens.
I Mémoire « icônique » (=visuelle) : à jusqu’à ½ seconde
II Mémoire « échoïque » (=auditive) : à jusqu’à 2 secondes
- si on agite une lampe de poche dans le noir, on perçoit des lignes et cercles de lumière
- heureusement que la rétention dans cette mémoire est très courte, sinon nous aurions
constamment des images floues des mouvements sous nos yeux !
e. La mémoire à court terme appelée aussi
« mémoire de travail » :
= le « bloc-notes » de la mémoire.
Modèle de Baddeley :
- localisation des différentes composantes de la mémoire de travail ( = à court terme) :
la boucle phonologique:
dans l’hémisphère gauche ; fait intervenir les 2 zones du langage
et les met en rapport avec l’administrateur central, logé dans le lobe frontal.
= Images sensorielles :
quelques secondes, voire
fraction(s) de secondes à peine.
= prise de conscience
à30 ‘’ à quelques minutes
7 éléments maximum
= Stockage de l’information
organisée, de 30’’ à ……..?
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l’administrateur central : dans les lobes frontaux
Le calepin visuo-spatial:
dans l’hémisphère droit ; met en liaison les zones occipitales,
siège de la perception visuelle, et l’administrateur central, logé dans le lobe frontal.
L'empan : à l’origine, l’empan est une unité de longueur ancienne. Elle a comme base la
largeur d'une main ouverte, du bout du pouce jusqu'au bout du petit doigt, soit environ 20
cm. Par analogie, en sciences cognitives, l'empan mnésique désigne le nombre d'éléments
(en général des chiffres ou des mots) que l'on peut restituer immédiatement après les
avoir entendus. Une expérience classique consiste à lire une liste de chiffres, à une
vitesse donnée (par exemple un par seconde) puis à demander au sujet de les restituer
dans l'ordre. Quand la liste contient moins de 5 éléments, le rappel ne pose normalement pas de problème. Au-
dessus de 7 éléments, cela devient rarement possible, à moins de recourir à des stratégies
(voir plus bas).
- test d’empan auditif de chiffres et de mots. Ex :
- 2 épreuves pour évaluer l’empan visuel :
Span-Supra Span : il s’agit de mémoriser, sur une grille, la configuration
de cases noires et blanches. Ex :
Après avoir observé quelques secondes cette
configuration, il s’agit de signaler, sur une
grille vierge, quelles sont les cases qui étaient
noires, en y mettant de petites croix.
On commence, comme pour les autres empans,
par des grilles très petites, puis on augmente
progressivement le nombre de cases :
Etc.
Les blocs de Corsi : L’épreuve des blocs de Corsi consiste à reproduire, dans le
même ordre ou en ordre inverse, une séquence de mouvements de pointage de
différents cubes montrée par l’observateur. Le nombre de blocs augmente
progressivement et permet de déterminer l’empan visuo-spatial qui est le nombre
maximum de blocs que le sujet rappelle sans erreur. L’épreuve des blocs de Corsi a
été construite pour tester, chez des patients épileptiques ayant subi une résection du
lobe temporal, le versant non verbal de la mémoire par analogie avec le versant
verbal mesuré par les séquences de chiffres. Les blocs de Corsi sont utilisés pour
évaluer la mémoire immédiate non verbale ou la mémoire de travail dans ses
aspects visuo-spatiaux aussi bien chez l’enfant, que l’adulte ou la personne âgée
3° Epreuve que subit Fred, dans l’extrait de C’est pas sorcier : il parcourt une rue virtuelle (sur un écran) et voit
apparaître un peu partout divers objets. A un signal donné, il doit redire tous les objets vus et leur disposition
dans l’espace (ex : une poubelle à droite, un cycliste au milieu de la rue, etc.). aussi, le nombre d’objets
augmente progressivement.
- une épreuve pour évaluer l’administrateur central : empans de chiffres à répéter à l’envers ou empans de mots,
avec, en plus, l’obligation de les restituer dans l’ordre alphabétique ! Cela exige la conservation, dans la boucle
phonologique (et/ou le calepin visuo-spatial, selon les personnes) d’une série de chiffres ou de mots, tandis que
l’administrateur central les manipule pour les ranger. Une stratégie souvent utilisée pour l’ordre alphabétique
est de ranger les mots immédiatement, au fur et à mesure de leur arrivée, dans une sorte d’espace mental, en
fonction de leur place dans l’alphabet.
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La mémoire à court terme : a des capacités supérieures à cet empan de « 7 maximum » à condition d’organiser
les items en chunks (= « tronçons ») ex :
C D H A S B L I N G C I A O N U C E E S V P C D H A S B L I N G C I A O N U C E E S V P
Le « chunking » dépend des connaissances « préacquises » (influence de la mémoire à long terme sur la
mémoire à court terme !). Plus l’expérience et l’expertise sont grandes, plus facile est l’organisation du matériel
à mémoriser. Les chunks peuvent être très longs, pourvu qu’ils possèdent leur « évidence » pour le
« mémorisateur » !
f. La mémoire à long terme : stock des connaissances.
Mémoire implicite Mémoire explicite (et implicite)
Manipuler un crayon et former
des lettres, stationner, jouer du trombone,
mettre le sujet devant le verbe en parlant,…
Ces systèmes sont à la fois autonomes (cas connus de personnes chez qui l’un est troublé et pas les autres) et
interdépendants (une connaissance sémantique a d’abord été apprise au moins une première fois dans un
contexte spatio-temporel bien précis (mémoire épisodique) avant de devenir une connaissance
purement conceptuelle, indépendante de tout contexte). Un recours à la mémoire épisodique peut être d’une
grande aide pédagogique à varier les supports (visuel, auditif, film, jeux, intonation variée, excursions,
concerts, etc.)
g. Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme.
- Cas exceptionnels :
1) Cas « HM » (initiales) : suite à une lésion, sa MLT ne reçoit plus les nouvelles informations (amnésie
antérograde). Elle contient toujours les infos apprises avant l’accident vasculaire peu de choses près
à légère amnésie rétrograde) mais n’encode plus rien de neuf. Sa MCT fonctionne toujours dans
l’immédiat (répétition directe de chiffres, mots, etc.) mais ne peut plus transmettre à la MLT !
Mémoire eidétique : mémoire TRES fidèle, presque comme si la photographie (visuel) ou l’enregistrement
(sonore) passaient directement de la mémoire sensorielle à la mémoire à long terme. Deux cas célèbres :
2) Jacques Bergier (à droite : photo + case extraite de Vol
714 pour Sydney, album de Tintin où un personnage
l’évoque, car c’était un ami d’Hergé): il parlait
couramment 14 langues, répondait souvent à des
questions qu’on lui soumettait dans toutes les disciplines
(jeu « L'incollable » sur RTL-TVI).
3) Le Russe Veniamin, suivi 30 ans par un psychologue,
était capable de mémoriser un tableau de 175 chiffres et de le restituer, même plusieurs années après !!!
N.B. : l’existence de cette mémoire eidétique (nommée parfois mémoire absolue ou mémoire photographique)
est controversée. Des expériences faites avec des joueurs d’échec experts avaient montré leur grande supériorité
dans la mémorisation de positions complexes de pièces sur un jeu. Les champions étaient capables de se
souvenir de surprenantes quantités d'informations, bien plus que dans le cas d'amateurs, cette expérience venant
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ainsi au soutien de la mémoire eidétique. Cependant, après avoir présenté aux champions des dispositions de
pièces impossibles lors de vraies parties, la précision de leurs souvenirs était semblable à celle des amateurs.
Cela signifiait que les champions avaient développé une faculté à mémoriser pour prévoir des compositions de
jeu rationnelles plutôt que d'être détenteurs d'une capacité eidétique absolue. (Etudes d’Adriaan de Groot,
psychologue et joueur d’échecs néerlandais).
Il y a, parmi les autistes et les enfants atteints du « Syndrome de Williams » des individus qui ont certaines
capacités mnésiques impressionnantes sur le plan quantitatif mais pauvres sur le plan qualitatif. Exemples :
connaissance d’un annuaire téléphonique, identification du jour de la semaine pour n’importe quelle date après
J-C, oreille absolue pointue (même pour une porte qui grince, une alarme, etc.) mais sans aucune sensibilité
musicale pour autant.
- Efficacité de l’encodage :
La répétition de maintien : répétition machinale de la matière pour la garder disponible dans la mémoire.
L’ effet de position sérielle : tendance
selon laquelle la récupération des
premiers et des derniers éléments d’une
série ou séquence se fait beaucoup mieux
que celle des éléments du milieu de cette
liste. Effet de primauté : les premiers
éléments sont arrivés dans une MCT
vierge et ont pu vite s’installer
confortablement et solidement dans la
MLT ; les éléments suivants sont arrivés
dans une MCT encombrée et s’y sont
comme dissouts avant de pouvoir passer
dans la MLT. Les tout derniers éléments,
en revanche, sont tellement récemment
arrivés à la MCT qu’ils « résonnent » ou
« brillent toujours » ( = effet de récence)
La répétition d’élaboration : association entre une information nouvelle et des connaissances déjà
sauvegardées, et analyse de cette nouvelle information en vue de sa mémorisation :
Influence des connaissances déjà contenues dans la mémoire à long terme pour gérer l’arrivée des nouvelles
connaissances et rendre ainsi l’encodage élaboré, qu’il y ait ou non des stratégies consciemment mises en
places.
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