cours de psychologie de la musique, uctl

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COURS DE PSYCHOLOGIE DE LA MUSIQUE, UCTL
2016/2017
•
Michel Jaspar Cours 3 du 4 octobre 2016
Chanson d’introduction : petit refrain mnémotechnique pour le nom des 4 lobes cérébraux
• LA MEMOIRE : fonctionnement général (suite)
Description de l’organisation de la mémoire
e. La mémoire à court terme : a des capacités supérieures à cet empan de « 7 maximum » à condition d’organiser
les items en chunks.(= « tronçons ») ex :
CDHASBLINGCIAON UCEESVP
CDH
ASBL
ING
CIA
ONU
CEE
SVP
Le « chunking » dépend des connaissances « préacquises » (influence de la mémoire à long terme sur la
mémoire à court terme !). Plus l’expérience et l’expertise sont grandes, plus facile est l’organisation du matériel à
mémoriser.
Les chunks peuvent être très longs, pourvu qu’ils possèdent leur « évidence » pour le
« mémorisateur » !
- extrait de l’émission C’est pas sorcier : https://www.youtube.com/watch?v=Crh3MtpVZxM
Fred parcourt une rue virtuelle (sur un écran) et voit apparaître un peu partout divers objets. A un signal donné, il
doit redire tous les objets vus et leur disposition dans l’espace (ex : une poubelle à droite, un cycliste au milieu de
la rue, etc.). Là aussi, le nombre d’objets augmente progressivement.
- une épreuve pour évaluer l’administrateur central : empans de mots mais avec, en plus, l’obligation de les
restituer dans l’ordre alphabétique ! Cela exige la conservation, dans la boucle phonologique (et/ou le calepin
visuo-spatial, selon les personnes) de la série de mots, tandis que l’administrateur central les manipule pour les
ranger. Une stratégie souvent utilisée est de les ranger immédiatement, au fur et à mesure de leur arrivée, dans une
sorte d’espace mental, en fonction de leur place dans l’alphabet.
f. La mémoire à long terme : stock des connaissances.
Mémoire implicite
Mémoire explicite (et implicite)
Manipuler un crayon et former
des lettres, stationner, jouer du trombone,
mettre le sujet devant le verbe en parlant,…
Ces systèmes sont à la fois autonomes (cas connus de personnes chez qui l’un est troublé et pas les autres) et
interdépendants (une connaissance sémantique a d’abord été apprise au moins une première fois dans un contexte
spatio-temporel bien précis (mémoire épisodique) avant de devenir une connaissance purement conceptuelle,
indépendante de tout contexte). Un recours à la mémoire épisodique peut être d’une grande aide pédagogique à
varier les supports (visuel, auditif, film, jeux, intonation variée, excursions, concerts, etc.)
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g. Le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme.
- Cas
exceptionnels :
1) Cas « HM » (initiales) : suite à une lésion, sa MLT ne reçoit plus les nouvelles informations (amnésie
antérograde). Elle contient toujours les infos apprises avant l’accident vasculaire (à peu de choses près à
légère amnésie rétrograde) mais n’encode plus rien de neuf. Sa MCT fonctionne toujours dans l’immédiat
(répétition directe de chiffres, mots, etc.) mais ne peut plus transmettre à la MLT !
Mémoire eidétique : mémoire TRES fidèle, presque comme si la photographie (visuel) ou l’enregistrement
(sonore) passaient directement de la mémoire sensorielle à la mémoire à long terme. Deux cas célèbres :
2) Jacques Bergier (à droite : photo + case extraite de Vol 714 pour
Sydney, album de Tintin où un personnage l’évoque, car c’était
un ami d’Hergé): il parlait couramment 14 langues, répondait
souvent à des questions qu’on lui soumettait dans toutes les
disciplines (jeu « L'incollable » sur RTL-TVI).
3) Le Russe Veniamin, suivi 30 ans par un psychologue, était
capable de mémoriser un tableau de 175 chiffres et de le
restituer, même plusieurs années après !!!
N.B. : l’existence de cette mémoire eidétique (nommée parfois mémoire absolue ou mémoire photographique)
est controversée. Des expériences faites avec des joueurs d’échec experts avaient montré leur grande
supériorité dans la mémorisation de positions complexes de pièces sur un jeu. Les champions étaient capables
de se souvenir de surprenantes quantités d'informations, bien plus que dans le cas d'amateurs, cette expérience
venant ainsi au soutien de la mémoire eidétique. Cependant, après avoir présenté aux champions des
dispositions de pièces impossibles lors de vraies parties, la précision de leurs souvenirs était semblable à celle
des amateurs. Cela signifiait que les champions avaient développé une faculté à mémoriser pour prévoir des
compositions de jeu rationnelles plutôt que d'être détenteurs d'une capacité eidétique absolue. (Etudes
d’Adriaan de Groot, psychologue et joueur d’échecs néerlandais).
Il y a, parmi les autistes et les enfants atteints du « Syndrome de Williams » des individus qui ont certaines
capacités mnésiques impressionnantes sur le plan quantitatif mais pauvres sur le plan qualitatif. Exemples :
connaissance d’un annuaire téléphonique, identification du jour de la semaine pour n’importe quelle date après
J-C, oreille absolue pointue (même pour une porte qui grince, une alarme, etc.) mais sans aucune sensibilité
musicale pour autant.
- Efficacité de l’encodage :
• La répétition de maintien : répétition machinale de la matière pour la garder disponible dans la mémoire.
• L’ effet de position sérielle : tendance selon laquelle la
récupération des premiers et des derniers éléments d’une
série ou séquence se fait beaucoup mieux que celle des
éléments du milieu de cette liste. Effet de primauté : les
premiers éléments sont arrivés dans une MCT vierge et ont
pu vite s’installer confortablement et solidement dans la
MLT ; les éléments suivants sont arrivés dans une MCT
encombrée et s’y sont comme dissouts avant de pouvoir
passer dans la MLT. Les tout derniers éléments, en revanche,
sont tellement récemment arrivés à la MCT qu’ils
« résonnent » ou « brillent toujours » ( = effet de récence) !
• La répétition d’élaboration : association entre une
information nouvelle et des connaissances déjà
sauvegardées, et analyse de cette nouvelle
information en vue de sa mémorisation :
• Influence des connaissances déjà contenues dans la
mémoire à long terme pour gérer l’arrivée des
nouvelles connaissances et rendre ainsi l’encodage
élaboré, qu’il y ait ou non des stratégies
consciemment mises en places. Exemples :
2
- organisation du matériel à encoder par catégories sémantiques, lorsque c’est possible. Par exemple, une liste de
mots peut donner lieu à un classement par catégories (extrait de l’émission C’est pas sorcier) MAIS attention à
l’apparition de faux-souvenirs, amorcés par plusieurs représentants d’une catégorie (ex de l’émission : liste à
retenir : feuille, nature, branche, vert, racine, tronc, forêt ; après une diversion, on demande de juger, à la vue
d’une nouvelle liste de mots, si chaque mot était présent ou non dans la première liste : fruit, arbre, feuille,
branche, forêt, gland, nature ; il arrive assez souvent que le mot arbre soit reconnu comme déjà présent dans le
1ère liste, bien que ça ne soit pas le cas. C’est un faux-souvenir, qui a pour origine l’amorce provoquée par
l’abondance de termes sémantiquement proches).
- organisation du matériel à encoder grâce à un lien, trouvé en envisageant plusieurs visions possibles. Exemple
illustratif, qui n’est évidemment, dans ce cas, pas dû au hasard, mais le
hasard peut parfois rendre plus lisible une lecture qu’une autre. Si vous
présentez ce tableau en demandant de mémoriser les lignes ou de
mémoriser les colonnes, il s’avère que la tâche est très différente !
- si le matériel n’offre pas spontanément des liens, en créer va augmenter les chances de mémorisation. D’ailleurs
on constate, lorsqu’on observe l’activité du cerveau que la mémorisation qui s’appuie sur des associations, des
liens, ne provoque pas la même activité électrique que celle dépourvue, par exemple, d’imagerie mentale. Ces
stratégies sont les fameux moyens mnémotechniques. Ainsi, certaines personnes sont-elles capables de mémoriser
de grandes quantités de choses apparaissant comme compliquées (paquets entiers de cartes à jouer, longues listes
de mots, numéros de téléphone, décimales du nombre Π , etc..) grâce à des scénarios, des images, des chansons,
etc.
Voici quelques-unes des nombreuses phrases qui permettent de se rappeler l’ordre des planètes du système solaire
du soleil jusqu’à la limite externe du système :
Me Voici Tout Mouillé, Je Suis Un Nageur Pressé
Mais Viendras - Tu Manger Jeudi Sur Une Nappe Propre?
Mon Vieux Théâtre Me Joue Souvent Une Nouvelle Pièce
Monsieur Vous Travaillez Mal, Je Suis Un Novice Paumé
Monsieur, Vous Tirez Mal- Je Suis Un Novice Pitoyable
Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, (Pluton)
(Il en existe des dizaines, y compris dans d’autres langues : anglais, néerlandais, allemand, …)
Pourquoi oublie-t-on ?
• L’oubli motivé ( refoulement de Freud) : refus du conscient de garder des souvenirs trop menaçants ou
trop douloureux pour le reste de notre vie. Amnésie dissociative : oubli sélectif d’une expérience stressante
ou traumatisante qui est menaçante pour le moi à Nombreux procès en Amérique du Nord, sur base de
souvenirs d’enfance récupérés à l’âge adulte (abus sexuels surtout) à méfiance !
• L’oubli lié aux indices
à souvenir lié au contexte, mémoire associative (« Darling, they’re playing our tune! » en musique, la
« madeleine » de Proust).
à souvenir lié à l’état : souvenirs agréables à bien-être
souvenirs désagréables à dépression
(pour réduire les effets de ce cercle vicieux, admettre son état dépressif et se concentrer sur des souvenirs agréables)
• L’oubli pathologique
§ Traumatismes crâniens
a) Amnésie post-traumatique
b) Amnésie rétrograde (plus de souvenirs d’avant accident)
c) Amnésie antérograde (plus de nouvelles infos après l’accident) : troubles mnésiques les + fréquents,
touchant presqu’exclusivement la mémoire explicite, la mémoire implicite étant la plupart du temps
préservée.
§ La maladie d’Alzheimer : Affection du système
nerveux à dégénérescence des neurones !
Cette forme de démence pré-sénile, qui peut survenir
précocement, entre 45 et 55 ans, mais touche 2x plus de
personnes tous les 5 ans, au-delà de 65 ans, débute par une
altération de la mémoire procédurale (à problèmes
d’apraxie), altération dont le patient n’a pas conscience.
Cerveau sain
Cerveau d’un patient
-
atteint d’Alzheimer
3
Elle touche progressivement la mémoire déclarative et l’ensemble des fonctions mnésiques, ce qui se traduit
assez rapidement par une désorganisation profonde du langage et de la pensée. On constate chez les patients
qui en sont atteint une détérioration, parmi d’autres, de la zone hippocampique. C’est l’amnésie antérograde
qui frappe le plus chez ces patients (= incapacité à fixer de nouveaux souvenirs en mémoire à long terme),
même si l’amnésie rétrograde existe également (= incapacité à récupérer les souvenirs anciens), mais souvent
d’étendue variable et parfois dans des domaines spécifiques (ex : oubli des prénoms des gens de la famille
mais préservation du nom des pays et de leur capitale, appris dans l’enfance). Bien qu’on ne puisse pas encore
parler de guérison, on observe actuellement des progrès dans le retardement ou l’atténuation des effets de cette
maladie, notamment grâce aux stimulations artistiques, et tout particulièrement musicales (des études récentes
montrent même des performances impressionnantes de mémorisation de nouvelles chansons, en contraste total
avec la mémorisation de matériel verbal non chanté).
§
Cas de Jimmy
Janvier 84, Chicago, Jimmy Tontlewicz (4 ans) tombe au fond du Lac Michigan, gelé. On remonte
son corps (ne respire +, le cœur ne bat +), dont la température est descendue à 25°, ½ heure
après ! Après une heure d’efforts des médecins, le cœur se remet à battre ! 2 phénomènes
semblent expliquer ce miracle : 1) refroidissement brutal à hibernation (les fonctions chimiques
du cerveau, ralenties, réduisent son besoin d’oxygène).
2) réflexe du mammifère en
plongée (baleines, dauphins, phoques) : le sang se retire des membres et organes internes pour
aller se concentrer dans le cœur et le cerveau à les organes vitaux sont protégés, car ils
récupèrent tout l’oxygène disponible. En même temps, les battements du cœur et l’activité du cerveau sont quasi
réduits à 0. Ce réflexe est inné chez les mammifères marins et, peut-on à cette occasion le constater, sans doute
chez les très jeunes enfants ! MAIS, à son réveil, 9 jours après, il est complètement amnésique : non seulement il
ne reconnaît plus personne et ne se souvient de rien, mais il ne sait plus ni marcher, ni s’asseoir, ni même
s’alimenter ! On doit tout lui réapprendre. En 2 mois, il retournera au stade de ses 3 ans…
Il doit avoir 36 ans à présent. Aux dernières nouvelles (2011), il vit une vie normale et ne parle plus jamais de cet
épisode. Seule trace : une petite cicatrice sur le crâne (où les médecins ont introduit une sonde pour contrôler sa
pression cérébrale).
Les souvenirs autobiographiques ; amnésie de l’enfance: aucun souvenir avant 3 ou 4 ans. Causes:
• Absence d’un sens du moi (à 2 ans environ)
• Encodage appauvri : moins de raffinement, pas encore le sens de ce qui est important ou
intéressant pour structurer le souvenir, tendance à se fier aux questions des adultes pour
fournir des indices de récupération.
• Différences entre schèmes* cognitifs anciens et nouveaux, à cause des aptitudes
linguistiques et cognitives encore très limitées avant l’école. De nouveaux schèmes
apparaissent ensuite, mais d’aucune utilité pour se remémorer les expériences antérieures.
* schème = représentation mentale abstraite mais basée sur un réseau de connexions cérébrales spécifique,
permettant de résoudre des problèmes et de guider l’action, relativement à un concept, un geste, une image,
une idée,.... Ex : le schème (moteur) de la préhension (prendre un objet), le schème (mathématique) du
principe d’addition ou de soustraction. A propos de la question particulière des souvenirs, les schèmes relatifs
à la temporalité et à la construction d’un récit varient très fort, dans leur substance, aux premiers âges de la vie
(ex : dans 3x dormir, etc.)
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