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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.11-n°2-avril-mai-juin 2011
L’expertise de l’infirmier prend tout son sens au tra-
vers de l’élaboration des diagnostics infirmiers. A chaque
étape du modèle de PADIM, il doit identifier les besoins
du patient, poser un diagnostic infirmier, formuler des
objectifs de soins personnalisés et adaptés à l’étape,
mettre en œuvre les actions appropriées et enfin les éva-
luer, ou autrement dit assurer leur suivi.
Il a aussi la possibilité d’élaborer, avec la participa-
tion des membres de l’équipe soignante, des protocoles
de soins infirmiers relevant de son initiative. Cette idée
renforce l’aspect pluri-professionnel de la prise en charge
de l’observance.
La pluri professionnalité est la clé d’une prise en
charge de qualité de l’observance. Chacun a un rôle à
jouer et des actions à mener dans cette optique, dont
certaines sont reprises dans le rapport de l’OMS de 2003.
Chaque professionnel doit d’abord se former pour
donner à la personne soignée une information et une
éducation de qualité. Le suivi des recommandations
nationales et internationales est essentiel et nécessite
une mise à jour régulière des connaissances. Une for-
mation à la communication est également indiquée dans
la mesure où la difficulté de l’observance se situe sur-
tout dans un contexte de maladie chronique. Il revient
donc à chacun d’être capable d’identifier dans quelle
phase d’acceptation est le patient, être capable de l’écou-
ter et de l’aider à mobiliser ses ressources pour qu’il
trouve lui-même ses solutions, les moyens d’intégrer le
traitement dans sa vie quotidienne.
En dehors de ces actions préalables, l’ensemble des
acteurs de cette équipe doit mettre en place une orga-
nisation bien précise qui part de l’annonce du diagnos-
tic à l’évaluation de l’observance, en passant par l’édu-
cation en santé et/ou thérapeutique.
La consultation médicale de mise en œuvre du trai-
tement est essentielle dans l’adhésion du patient au pro-
gramme thérapeutique. C’est en effet lors de cet entre-
tien que le patient recevra les informations relatives à
sa pathologie et au traitement qu’il va recevoir : objec-
tifs, durée, mode d’administration, effets secondaires,
modalités de suivi.
Il semble indispensable que l’infirmier vienne en ren-
fort suite à cette consultation médicale, au moyen d’une
consultation infirmière (formelle ou non) pour accom-
pagner et appuyer les informations dispensées.
C’est là que son expertise est sollicitée.
Dans son article « Phénoménologie de la non-obser-
vance dans les maladies chroniques », le DrG. Reach a
mis en évidence ce dont le patient a besoin pour une
bonne observance du traitement, et qui sont autant d’ob-
jectifs clés que l’équipe pluri-professionnelle doit poser :
« Pour qu’un patient accomplisse un geste théra-
peutique qui lui a été prescrit, il faut :
– qu’il comprenne qu’il faut le faire ;
– qu’il ait compris ce que ce geste sous-entend ;
– qu’il se souvienne de le faire ;
– qu’il ne tombe pas dans un mécanisme d’évitement ;
– qu’il ne refuse pas, sciemment, de le faire ;
– qu’il ait envie de le faire ;
– enfin, qu’il soit capable de décider de le faire ».
L’exemple de l’observance des injections d’anticoa-
gulants à domicile dans le cadre de la prévention ou du
traitement de maladies thromboemboliques permet
d’illustrer le rôle infirmier.
Ce dernier, qui est ici essentiellement éducatif, consis-
tera à :
• recueillir les données concernant le patient : âge,
contexte socioprofessionnel, habitudes de vie, connais-
sance de la pathologie, du traitement, projet de vie, etc. ;
• identifier ses motivations et capacités à pratiquer
l’auto-injection ;
• reprendre les explications médicales, réajuster ce
que le patient a retenu et compris ;
• expliquer d’une façon simple et pratique ;
• l’accompagner dans l’acceptation de la maladie,
du traitement ;
• identifier avec lui les personnes ressources
(conjoint, enfant, ami, etc.) ;
• l’aider à intégrer le traitement dans sa vie, en adé-
quation avec ses habitudes et son projet de vie.
Une fois que le patient aura adhéré au programme
thérapeutique et accepté de réaliser lui-même les injec-
tions sous-cutanées, l’infirmier devra se concentrer sur
le soin.
Dans l’ordre logique, il conviendra de lui expliquer
et lui montrer comment faire.
La technique d’injection tiendra une place essentielle
dans l’éducation.
L’infirmier précisera les zones du corps où le patient
pourra réaliser l’injection, insistera sur l’alternance des
sites, et lui donnera les principes de bases :
– assurer la désinfection du site ;
– réaliser un pli cutané entre le pouce et l’index ;
– introduire l’aiguille sur toute sa longueur, vertica-
lement, dans l’épaisseur du pli cutané ;
– injecter le produit ;
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