Tableau 2. Principaux traitements antiparkinsoniens efficaces sur le tremblement de repos.
Médicaments Posologie usuelle Principaux effets secondaires
L-dopa 150 à au moins 800 mg/j Hypotension orthostatique, nausées, vomissements,
fatigue, somnolence diurne, fluctuations motrices
Agoniste dopaminergique Nausées, vomissements, hypotension orthostatique,
somnolence diurne, œdème des membres inférieurs,
confusion, hallucinations, troubles
psychocomportementaux (achats compulsifs, jeux
d’argent, modification de la libido)
- Ropinirole LP 2 à 24 mg/j
- Pramipexole LP 0,26 à 3,15 mg/j
- Piribédil LP 150 à 350 mg/j
- Rotigotine dispositif transdermique 2à8ou16mg/24 heures
Anticholinergique (trihéxiphénidyle) 1 à 10 mg/j Sécheresse buccale, rétention urinaire, flou visuel,
constipation, ralentissement cognitif, confusion
cardiologique, il est plutôt bien toléré (bradycardie, syn-
cope, fatigue, troubles érectiles rares). Il est conseillé de
démarrer à 20 mg/j, puis de majorer progressivement si
besoin jusqu’à 320 mg/j.
Les autres bêtabloquants (aténolol, sotalol) plus sélec-
tifs pourraient être une option thérapeutique en cas de
contre-indication au propranolol mais ne sont pas aussi
efficaces.
La primidone, anticonvulsivant précurseur des barbi-
turiques, a montré des effets bénéfiques chez plus de
50 % des patients. Mais leurs effets secondaires poten-
tiels (ralentissement, somnolence, troubles de l’équilibre)
en limitent souvent l’utilisation aussi bien chez les jeunes
actifs que chez les sujets plus âgés. On recommande une
initiation à un quart, voire 1/8e, de comprimé de 250 mg
en privilégiant une prise vespérale initialement et en majo-
rant très lentement la posologie. Certains patients tolèrent
jusqu’à quatre ou cinq comprimés par jour mais en pra-
tique, il est rare de dépasser deux à trois comprimés par
jour.
Le topiramate (100 à 300 mg/j), la gabapentine (jusqu’à
1 200 mg/j) et l’alprazolam (jusqu’à 1,5 mg/j) se sont aussi
révélés efficaces. Le clonazépam et la clozapine, parfois
prescrits, ont un niveau de preuve d’efficacité insuffisant
pour en recommander l’utilisation.
Les injections de toxine botulique dans les muscles
extenseurs et fléchisseurs du poignet peuvent améliorer
la composante posturale du tremblement mais au prix
d’une diminution de la force musculaire de la main parfois
gênante. Ces indications restent très limitées.
Dans le cas d’un tremblement du chef, les deux
thérapeutiques à privilégier sont le propranolol jusqu’à
320 mg/j ou les injections de toxine botulique dans les
muscles cervicaux [5].
Concernant le tremblement de la voix, les différents
essais médicamenteux (propranolol, méthazolamide)
n’ont pas montré d’efficacité significative. Des injections
de toxine botulique dans les muscles laryngés peuvent
être discutées mais peuvent se compliquer de dysphagie
transitoire.
En pratique, la balance efficacité/tolérance ne justi-
fie de mise en route d’un traitement qu’en cas de gêne
fonctionnelle. En cas d’échappement thérapeutique ou
d’inefficacité et si la gêne fonctionnelle est majeure, un
traitement par stimulation cérébrale profonde peut être
envisagé. La cible habituelle dans ce cas est le noyau
ventro-intermédiaire (VIM) du thalamus. Cette stimula-
tion, réalisée de fac¸on uni- ou bilatérale, permet une
amélioration clinique nette avec finalement, hormis les
risques inhérents liés à la chirurgie, peu d’effets secon-
daires [6]. Une stimulation plutôt bilatérale qu’unilatérale
des VIM est rarement proposée dans le traitement des
tremblements du chef ou des tremblements de la voix iso-
lés. En cas de contre-indication à la chirurgie stéréotaxie,
une thalamotomie au Gamma-knife peut être discutée
[7].
Le tremblement cérébelleux
Associé à d’autres signes d’un syndrome cérébelleux
statique ou cinétique, il est assez facilement identifiable.
C’est un tremblement souvent cinétique pur ou prédo-
minant lors du mouvement, de grande amplitude, de
fréquence basse (<5 Hz). Outre les causes iatrogènes, les
principales causes sont la sclérose en plaques, les trau-
matismes crâniens, les ataxies héréditaires et toutes les
affections touchant le cervelet. Les essais thérapeutiques
ne rapportent pas de traitement médicamenteux significa-
tivement efficace mais des cas rapportés font état d’une
amélioration partielle du tremblement sous propranolol,
clonazépam, carbamazépine, trihéxiphénidyle, amanta-
dine ou oxitriptan. La stimulation à haute fréquence du
VIM du thalamus peut être proposée mais la sélection
du patient reste une étape difficile. La présence d’une
composante dysmétrique, d’autres signes neurologiques
associés ou une maladie trop évolutive constituent des
contre-indications à la chirurgie [8].
mt, vol. 18, n◦2, avril-mai-juin 2012 91
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