M. Benoit, J. Pon, M.A ZimmermannS90
Il est tout particulièrement important d’adapter l’éva-
luation de l’observance aux types de patients et à leurs
conditions qui exposent le plus à une mauvaise observance.
Facteurs de mauvaise observance
Ces facteurs de mauvaise observance peuvent être regrou-
pés en trois grands chapitres selon qu’ils sont liés au sujet
lui-même, à la maladie ou/et à l’environnement du patient
[3, 8, 10].
Les facteurs liés au sujet
le jeune âge ;
les niveaux socioculturel et d’éducation faibles ;
son degré « d’insight », qui n’est pas statique et évolue
avec le temps, en fonction des interactions entre le
patient, sa maladie, et sa prise en charge ;
l’histoire personnelle du patient, notamment le vécu des
premiers contacts avec le monde psychiatrique, des pre-
miers traitements et des éventuels effets indésirables, du
mode d’hospitalisation sous contrainte, ainsi que l’his-
toire familiale du patient (antécédents familiaux de
pathologie psychiatrique).
Ces facteurs sont souvent associés : les patients qui sui-
vent mal leur traitement à cause des effets secondaires sont
souvent plus jeunes et ont un niveau éducatif plus faible.
Les raisons avancées par les patients pour ne pas avoir
bien suivi leur traitement ont été étudiées. Dans une
enquête réalisée en 2007 [3], les patients invoquaient la
crainte des effets secondaires (14 %), l’oubli du traitement
(37 %), le sentiment d’inutilité des traitements (25 %), ainsi
que le fait de ne pas vouloir prendre de traitement (19 %).
Ne pas prendre un traitement peut être ainsi une décision
plus ou moins délibérée du patient. C’est souvent la crainte
d’effets indésirables ou celle d’une stigmatisation qui
paraissent être les principales causes réelles de mauvaise
observance, en particulier pour les patients jeunes.
Les facteurs liés à la maladie elle-même
Les premiers épisodes ont une place particulière. Il est mon-
tré que les taux de mauvaise observance sont les plus impor-
tants au début de la maladie. Or la non-observance est un
facteur de rechute, dont le taux peut varier entre 40 et 90 %
la première année [12]. La durée de maladie non traitée, et
donc la mauvaise observance au début de la maladie, sont
des facteurs de mauvais pronostic clinique et social [6, 7].
Les formes paranoïdes désorganisées ou partiellement résis-
tantes s’accompagnent fréquemment d’une mauvaise compli-
ance, attribuable aux effets collatéraux des thérapeutiques.
Les formes défi citaires avec retentissement cognitif et
l’absence de prise de conscience de la maladie (insight)
qui va de pair avec la diffi culté liée à la perception d’un
bénéfi ce thérapeutique.
Les co-morbidités somatiques (notamment du métabo-
lisme glucidique, la prise de poids).
Les abus de drogues dont l’alcool, avec ou sans dépen-
dance, compliquent l’observance.
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Les facteurs liés à l’environnement
Soit l’environnement sociofamilial direct du patient qui
se retrouve plutôt isolé, voire seul face à sa maladie.
Soit plus fréquemment l’environnement médical. Son
importance dans l’observance peut être mal évaluée par
le corps médical, tant du point de vue des structures, que
par l’éloignement des centres de consultations, leur fai-
ble disponibilité avec des délais de rendez-vous trop longs
que de l’implication du corps médical, engagé ou non dans
un devoir d’information et d’éducation à la maladie.
En conclusion
La mesure de l’observance et par conséquent les mesures
visant à l’améliorer reposent sur :
1) Ce que dit le patient lui-même de sa maladie et de son
traitement. Il faut favoriser une attitude active du patient
par rapport à son traitement et l’informer sur sa maladie, les
traitements, les effets indésirables, le rythme du suivi et sur
les risques liés à la non observance thérapeutique.
2) Les modalités de gestion de sa prise en charge, et
sur l’adaptation régulière de cette dernière aux différentes
étapes de la maladie et à l’attitude du patient.
3) Sur la qualité de communication entre le patient et
l’équipe qui le suit.
Références
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