d’obtenir l’incidence et la pre
´valence des cancers, en particulier
celles du cancer gastrique, dans la population ge
´ne
´rale.
L’Afrique est conside
´re
´e dans plusieurs e
´tudes comme une
zone de faible pre
´valence pour le cancer de l’estomac,
contrairement a
`l’Asie, et notamment au Japon et a
`la Chine,
ou
`les pre
´valences les plus e
´leve
´es sont enregistre
´es.
Par ailleurs, on note e
´galement en Afrique une discordance
entre l’e
´pide
´miologie du cancer gastrique et celle de son
principal facteur de risque, H. pylori. En effet, H. pylori infecte
plus de 70 % de la population ge
´ne
´rale mais paradoxalement le
cancer gastrique y a une faible pre
´valence conduisant ainsi au
concept « d’e
´nigme africaine ».
Aux E
´tats-Unis, les e
´tudes ont montre
´que le cancer de
l’estomac e
´tait plus fre
´quent chez les Afro-Ame
´ricains. L’inci-
dence est de 7,5/100 000 habitants pour les Ame
´ricains blancs et
de 14,5/100 000 habitants pour les Afro-Ame
´ricains [4].Le
processus de carcinogene
`se fait donc intervenir d’autres facteurs
environnementaux, ge
´ographiques, alimentaires et ge
´ne
´tiques.
L’a
ˆge moyen des patients est de 58 ans avec une moyenne
d’a
ˆge de 56,9 ans chez les femmes et de 58,4 ans chez les hommes
–re
´sultats comparables a
`celui d’autres e
´tudes africaines [2, 5, 6].
En Afrique, Si le cancer de l’estomac est rare, il survient a
`un
a
ˆge plus pre
´coce que dans les pays occidentaux a
`faible
pre
´valence. En France, l’a
ˆge moyen de survenue est de 70 ans
chez les hommes et de 75 ans chez les femmes. Il est de 69 ans
en Espagne et de 63 ans en Roumanie [7-9].
Cette diffe
´rence d’a
ˆge de survenue du cancer gastrique entre
les populations africaines et occidentales est probablement lie
´ea
`
l’a
ˆge auquel se contracte l’infection par H. pylori.EnAfrique,
l’infection survient pre
´cocement dans l’enfance et sa pre
´valence
reste stable avec l’a
ˆge. En Occident, en revanche, elle est plus
tardive et la pre
´valence infe
´rieure semble augmenter avec l’a
ˆge.
L’ame
´lioration des conditions socio-e
´conomiques dans les pays du
Nord a nettement diminue
´son incidence dans la population
ge
´ne
´rale.
Dans notre e
´tude, le sexe masculin est pre
´dominant avec un
sex-ratio de 2,48.
Cette pre
´dominance masculine est e
´galement rapporte
´e dans
la litte
´rature avec un sex-ratio e
´gal a
`2 en moyenne [1, 2, 4, 8, 10].
L’indication la plus fre
´quente de l’endoscopie digestive haute
est repre
´sente
´eparlese
´pigastralgies (33,3 %). Elles constituaient
e
´galement la principale indication de cet examen dans plusieurs
e
´tudes au Se
´ne
´gal, en Afrique et en Europe [4, 6, 11-14].
Dans les pays a
`haute pre
´valence ou
`le de
´pistage de masse
est effectue
´, le diagnostic du cancer de l’estomac se fait a
`un
stade pre
´coce, ou
`les patients sont encore asymptomatiques.
Ainsi, dans une e
´tude faite au Japon, 66 % des patients sont
asymptomatiques au moment du diagnostic, et, parmi les
patients symptomatiques, 21 % pre
´sentent des e
´pigastralgies [4].
Le cancer gastrique e
´volue le plus souvent a
`bas bruit, avec, au
de
´but, des signes non spe
´cifiques minimes tels que les troubles
dyspeptiques qui incitent peu les patients a
`consulter. Les signes
physiques sont ge
´ne
´ralement en rapport avec le caracte
`re e
´volue
´
de la tumeur. Ainsi la plupart des patients consultent tardivement,
en Afrique tout au moins.
Dans notre e
´tude, l’aspect ulce
´robourgeonnant est le plus
fre
´quent (59,4 %), conforme
´ment a
`la litte
´rature [5, 11, 13, 14].
L’endoscopie digestive haute met en e
´vidence d’autres types
de le
´sions associe
´es a
`la tumeur chez vingt-six patients (25,7 %),
avec une pre
´dominance de l’œsophagite candidosique, de la
be
´ance cardiale et de l’œsophagite peptique (tableau 3).
Ces le
´sions apparaissent le plus souvent a
`un stade e
´volue
´
de la maladie et sont la conse
´quence de la stase gastrique et de
l’immunode
´pression sous-jacente.
La localisation distale antropylorique est la plus fre
´quente, et
est identifie
´e dans 68 % des cas. C’est e
´galement le sie
`ge le plus
fre
´quent dans la litte
´rature [1, 3, 5].
La localisation de la tumeur est le plus souvent fonction
de celle de la le
´sion pre
´ne
´oplasique repre
´sente
´e par la
gastrite chronique, qui va e
´voluer vers une me
´taplasie
intestinale puis une dysplasie de grade croissant, aboutissant
au cancer.
L’ade
´nocarcinome est le type histologique le plus fre
´quent
dans notre e
´tude (83,2 %). D’autres travaux rapportent
des proportions plus e
´leve
´es, variant entre 87,2 % et 100 %
[1-3, 8, 9, 11, 12], peu diffe
´rencie
´chez trente-cinq patients
(41,7 %), moyennement diffe
´rencie
´chez vingt-deux (26,2 %) et
bien diffe
´rencie
´chez onze (13,1 %).
Cette pre
´dominance des formes peu et moyennement
diffe
´rencie
´es, de mauvais pronostic, est e
´galement rapporte
´e
dans certaines e
´tudes en Afrique [5, 13].
Les autres types histologiques repre
´sente
´s par les lymphomes,
les tumeurs stromales et endocrines sont beaucoup plus rares.
Tableau 2. Indications de l’endoscopie digestive haute dans le diagnostic
du cancer de l’estomac.
Table 2. Indications of upper gastrointestinal endoscopy for stomach cancer
diagnosis
Indications Nombre %
E
´pigastralgies 37 33 %
Vomissements 29 26 %
He
´patome
´galie tumorale 12 11 %
Ane
´mie 11 10 %
Maladie de Kaposi 8 7 %
He
´morragie digestive haute 5 4 %
Hypertension portale 4 4 %
Ascite 4 4 %
Amaigrissement 3 3 %
Maladie de Biermer 1 1 %
Reflux gastro-œsophagien 1 1 %
Total 111 100 %
Tableau 3. Le
´sions endoscopiques associe
´es au cancer gastrique.
Table 3. Lesions associated with gastric cancer
Le
´sions associe
´es Nombre de le
´sions %
Èsophagite candidosique 928%
Èsophagite peptique 825%
Be
´ance cardiale 825%
Hernie hiatale 26%
Varices œsophagiennes 13%
Polype duode
´nal 13%
Ulce
`re duode
´nal 13%
Gastropathie purpurique 13%
Gastropathie hypertrophique 13%
Total 32 100 %
Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 25, N84 - octobre-novembre-de
´cembre 2014 379
Cancer gastrique
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