un traitement antidépresseur
d’épreuve peut s’avérer utile en cas
de doute.
Un début aigu, une évolution brève
et fluctuante, des troubles de la vigi-
lance, une agitation précoce doivent
au contraire évoquer un état confu-
sionnel qu’il est particulièrement
important de reconnaître car il est en
général secondaire à un problème
somatique sous-jacent dont il repré-
sente un signe de gravité. De plus, la
dépression et l’état confusionnel
sont généralement réversibles grâce
à un traitement antidépresseur dans
le premier cas ou par le traitement
de la cause et l’utilisation de neuro-
leptiques incisifs dans le second.
Les examens complémentaires à
demander routine devant une suspi-
cion de démence incluent des
dosages sanguins (électrolytes y
compris la calcémie, créatinine, gly-
cémie, formule sanguine, TSH, vita-
mine B12 et folates) et une neuro-
imagerie (imagerie par résonance
magnétique de préférence ou à
défaut un CT scan). Une évaluation
neuropsychologique permettra de
préciser les domaines cognitifs
affectés et de mesurer la sévérité des
troubles.
Une troisième étape :
identifier le type de
démence en question
Plutôt que de passer en revue toutes
les démences connues et leurs
caractéristiques cliniques (tâche
impossible à réaliser dans un seul
article) nous discuterons celles qui
se rencontrent le plus fréquemment
chez le sujet âgé en indiquant les
principaux éléments cliniques ou
paracliniques qui orientent le clini-
cien vers un diagnostic précis. Nous
ne listerons pas non plus tous les cri-
tères cliniques existants qui sont
parfois complexes et dont la valeur
est souvent incertaine.
La maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est de loin la
cause la plus fréquente de troubles
cognitifs et représente plus de la
moitié des cas de démence du sujet
âgé. Il faut l’évoquer devant un début
insidieux, des troubles portant ini-
tialement essentiellement sur la
mémoire et l’orientation s’accompa-
gnant parfois de troubles thymiques
et associés à des difficultés
praxiques, gnosiques, langagières et
une altération des fonctions exécu-
tives évoluant progressivement sur
plusieurs années. L’examen clinique
ne met pas en évidence de déficit
neurologique focal et la neuroima-
gerie révèle le plus souvent une atro-
phie cortico-sous-corticale.
La démence vasculaire2
La démence vasculaire est typique-
ment caractérisée par un début bru-
tal, une évolution par paliers et la
présence de symptômes et de signes
neurologiques focaux. Si cette pré-
sentation clinique est effectivement
très évocatrice d’une démence vas-
culaire elle se rencontre malheureu-
sement dans bien moins de la moi-
tié des cas. La présence de facteurs
de risque cardiovasculaire tels que
l’hypertension, la fibrillation auricu-
laire, l’élévation de l’homocystéine
sérique, est associée à un risque
accru de démence vasculaire ce qui
n’est pas surprenant. Toutefois, ces
mêmes facteurs peuvent aussi favo-
riser la survenue d’une maladie
d’Alzheimer et ils ne sont donc d’au-
cune utilité pour le diagnostic diffé-
rentiel.
Le profil neuropsychologique est
celui d’une atteinte marquée des
fonctions exécutives associée à un
déficit mnésique. Celui-ci est le plus
souvent lié à un problème de récu-
pération de l’information stockée
alors que l’encodage est mieux pré-
servé que dans les maladies neuro-
dégénératives. Il en résulte que les
défauts au rappel libre sont souvent
corrigés par l’indiçage, contraire-
ment à ce qui se passe dans la mala-
die d’Alzheimer3. Malheureusement
ces caractéristiques ne sont pas suf-
fisamment spécifiques pour per-
mettre à elles seules de poser le dia-
gnostic de démence vasculaire.
Les progrès de la neuroimagerie ont
permis de reconnaître l’importance
de la démence vasculaire isché-
mique sous-corticale qui s’exprime
cliniquement par un ralentissement
important et radiologiquement par
des lésions de la substance blanche
périventriculaire mais aussi plus à
distance des ventricules, en particu-
lier au niveau du centre semi-ovale.
Le CT-scan et surtout l’IRM permet-
tent aussi de mettre en évidence des
séquelles de ramollissement ou des
lacunes et sont particulièrement
utiles pour détecter ces lésions qui
peuvent exister en l’absence de
signes cliniques focaux ou d’anam-
nèse évocatrice. La neuroimagerie
améliore significativement la détec-
tion des démences vasculaires.
Le diagnostic de démence vasculaire
reste donc difficile, mais il convient
de l’évoquer devant la triade sui-
vante :
1) présence d’une démence,
2) présence d’une pathologie céré-
brovasculaire mise en évidence
par l’évaluation clinique ou para-
clinique et
3) présence d’un lien entre les deux.
Les démences mixtes
Les démences vasculaires et la
maladie d’Alzheimer sont connues
depuis la fin du XIXème siècle et le
début du siècle suivant, mais il a fallu
attendre les années soixante du
XXème siècle pour voir apparaître la
première mention de démence
mixte. Ce concept a connu de nom-
breuses définitions mais la plupart
des auteurs utilisent actuellement ce
terme pour décrire une démence due
à la fois à des lésions de type Alz-
heimer et des lésions vasculaires.
Plusieurs études neuropatholo-
giques ont montré leur coexistence
fréquente chez le sujet très âgé (âge
moyen 85 ans) et des corrélations
clinicopathologiques ont montré la
validité du concept de démence
mixte. L’utilisation de la neuroima-
gerie a permis d’améliorer significa-