Labels et appellations d’origine • Tribunes Traçabilité alimentaire : un enjeu de taille Par Chantal GUITTET Députée SRC du Finistère ff Conseillère municipale de ff Relecq-Kerhuon L a sécurité alimentaire est devenue une source de préoccupation croissante chez les consommateurs de l’Union européenne, surtout depuis le scandale découvert en 2013 d’une commercialisation de viande de cheval vendue comme viande de bœuf. Ce scandale dit « de la viande de cheval » était une fraude économique, contrairement aux crises de la « vache folle » ou de la grippe aviaire, qui elles étaient sanitaires. Cela montre le niveau d’exigence des consommateurs qui souhaitent avoir une information complète des produits, connaître le cheminement des aliments tout au long de la chaîne de production et de distribution pour identifier les différents risques, apprécier la qualité et les conditions environnementales de production, et évaluer la contribution des produits au développement d’un pays ou d’une région. Les logos AOC/AOP (Appellation d’origine contrôlée / protégée), IGP (Indication géographique protégée) et STG (Spécialités traditionnelles garanties) répondent en partie à ces préoccupations, en donnant le lieu précis de production et de transformation et les caractéristiques précises des produits. Le principe de transparence en matière de législation alimentaire a conduit à un étiquetage obligatoire et systématique pour la viande, la volaille, les fruits et légumes, les produits de la pêche, le miel et l’huile d’olive. Cela n’est malheureusement pas le cas lorsque ces ingrédients sont intégrés dans des plats préparés. En effet, pour les produits frais, le règlement européen Inco (Information des consommateurs sur les denrées alimentaires) complète le dispositif figurant dans le code de la consommation en y introduisant au 1er janvier 2015 des nouveautés substantielles destinées à mieux informer le consommateur : • la lisibilité de l’étiquetage avec une taille minimale de caractère ; • la présence d’allergènes (d’après une liste de 14 substances provocant des allergies ou intolérances) ; • l’indication de l’origine de la viande pour les viandes préemballées fraîches, congelées et surgelées, porcine, ovine, caprine et de volaille. « Origine française » signifie que l’animal est né, a été élevé et abattu en France ; • la déclaration nutritionnelle ; • l’indication de la date de congélation pour les viandes, préparations de viande et les produits de la pêche ; la mention « décongelé » doit aussi apparaître le cas échéant ; • pour les poissons, quels que soient les réseaux de distribution, sont obligatoires l’indication de la zone de pêche précise, le mode de pêche utilisé pour être plus transparents sur l’éthique et leur pratique, le nom scientifique du poisson. « Le principe de transparence en matière de législation alimentaire a conduit à un étiquetage obligatoire et systématique [...] Cela n’est malheureusement pas le cas lorsque ces ingrédients sont intégrés dans des plats préparés. » La Commission européenne est réticente vis-à-vis de l’étiquetage de l’origine des ingrédients entrant dans les préparations culinaires, et considère que les coûts d’une telle mesure seraient trop importants pour les industriels. Les citoyens européens, dans leur grande majorité, considèrent que la qualité de leur alimentation est une priorité qui va bien au-delà de la seule question des contrôles et de l’étiquetage. L’exemple de l’introduction de protéines animales dans l’alimentation des animaux d’élevage ou l’autorisation de produits de décontamination dans la chaîne alimentaire – dans le cadre de la négociation des traités de libreéchange – doivent faire l’objet d’une très grande vigilance. La Revue du Trombinoscope | Février 2015 | 21