Sandrine C ARUSO Décomposition de Dunford Référence : Oraux X-ENS, Francinou-Ginanella-Nicolas, algèbre 2, p 112 Théorème. Soit K un corps, E un K-espace vectoriel de dimension finie, et u un endomorphisme de E dont le polynôme caractéristique est scindé. Alors il existe un unique couple (d, n) d’endomorphismes de E tels que 1. u = d + n, 2. d est diagonalisable, 3. n est nilpotent, 4. d et n commutent. De plus, d et n sont des polynômes en u. Existence. Écrivons sous forme factorisée le polynôme caractéristique de u : χu = (X − λ1 )m1 · · · (X − λr )mr avec les λi deux à deux distincts et mi > 1. Notons Fi = ker(u − λi )mi . D’après le théorème de décomposition des noyaux, r M Fi = ker(χu (u)) = E. i=1 D’après le lemme chinois, il existe un polynôme P tel que pour tout i, P ≡ λi (mod (X− λi )mi ). On définit alors d = P (u). Par construction, d est un polynôme en u. Soit x ∈ Fi . Il existe un polynôme Q tel que d(x) = P (u)(x) = (λi + Q × (X − λi )mi )(u)(x) = λi x+Q(u)◦(u−λi id)mi (x) = λi x car x ∈ ker(u−λi id)mi . Ainsi, d est diagonalisable, de valeurs propres les λi et de sous-espaces propres les Fi . Posons n = u − d ; n est bien sûr aussi un polynôme en u, et par conséquent, il commute avec d. Montrons que n est nilpotent. Notons ui , di et ni les endomorphismes induits par, respectivement, u, i d et n sur Fi . On a ni = ui − di = ui − λi idFi , et par définition de Fi , nm = 0. Par i m conséquent, n = 0 avec m = max mi . Donc n est nilpotent. Unicité. Considérons d et n construits comme précédemment, et soit (d0 , n0 ) un autre couple d’endomorphismes vérifiant les propriétés 1 à 4 du théorème. L’endomorphisme d0 commute avec n0 , donc avec u = d0 + n0 . Par conséquent, il commute avec tout polynôme en u. Or, on a montré que d était un polynôme en u, donc d0 commute avec d. De même, n commute avec n0 . 1 Comme d et d0 sont diagonalisables et commutent, ils sont simultanément diagonalisables. En particulier, d − d0 est diagonalisable. Soient p tel que np = 0 et q tel que n0q = 0. Comme n et n0 commutent, la formule du binôme donne p+q X p + q 0k p+q−k 0 p+q n n (−1)p+q−k . (n − n) = k k=0 Cette somme est nulle, car soit k > q, et n0k = 0, soit p + q − k > p, et np+q−k = 0. Donc n0 − n est nilpotent. Or, n0 − n = d − d0 . Le seul endomorphisme diagonalisable et nilpotent est 0, donc n = n0 et d = d0 . 2