d'infection par le HHV-8 que l'équipe de Jaap Goudsmit a mené
une étude rétrospective sur une cohorte de 1 458 homosexuels,
dont les résultats ont été publiés dans American Journal of
Epidemiology. La recherche d'anticorps anti-HHV-8 a reposé sur
un test ELISA combinant une protéine lytique et une protéine de
latence virale. Six pratiques sexuelles ont été évaluées : rapport
génito-anal réceptif, rapport génito-anal insertif, rapport
oro-génital réceptif, rapport oro-génital insertif, rapport oro-anal
réceptif et rapport oro-anal insertif. La prévalence de l'infection
par le HHV-8 à l'entrée de l'étude était de 30%, soit 305 sujets
positifs sur les 1458 sujets inclus. L'infection par le HHV-8 était
plus élevée chez les sujets séropositifs pour le VIH, les sujets
n'ayant pas de partenaires fixes, les sujets originaires d'Europe
du Sud ou d'Amérique latine. L'infection par ce virus augmentait
avec l'âge des sujets et le nombre de partenaires sexuels.
Pendant la durée de l'étude, 215 sujets ont séroconverti pour le
HHV-8, soit une incidence de 3,6 sujets sur 100 nouvellement
infectés par an. Fait marquant, l'incidence et la prévalence de
l'infection par le HHV-8 sont restées stables pendant toute la
durée de l'étude, qui s'est déroulée de 1984 à 1996, témoignant
indirectement de l'absence d'efficacité des mesures mises en
route pour la prévention de l'infection par le VIH (préservatifs
par exemple).
L'analyse des pratiques sexuelles à risque de transmission du
HHV-8 permet de mettre en évidence que les rapports oro-anaux
insertifs (OR 5,95) ou réceptifs (OR 4,29) avec plus de 5
partenaires différents dans les 6 derniers mois, l'âge élevé (OR
2,47), la séropositivité pour le VIH (OR 2,47) sont des
prédicteurs indépendants de la séroconversion pour le HHV-8.
En revanche, il n'existe pas de liens entre les rapports
ano-génitaux (réceptifs ou insertifs) et les rapports oro-anaux
(réceptifs ou insertifs) et ces résultats contrastent avec des
données publiées récemment ou avec les données publiées en
1992 sur la maladie de Kaposi.
Les raisons de ces discordances entre ces différentes études sont
abordées dans un commentaire paru dans le même numéro de la
revue par Jeffrey Martin et Denis Osmond5. L'un des aspects qui
paraît le plus important dans cette analyse est la possibilité de
sous-estimer certaines pratiques que l'on pourrait qualifier de
plus routinières comme le "baiser".
Remontons à la source : le HHV-8 appartient à la famille des
gamma-herpesvirus, dont le seul autre représentant humain est le
virus Epstein-Barr (EBV). Or l'EBV est responsable de la
mononucléose infectieuse ou "maladie du baiser". L'EBV infecte
les cellules épithéliales de l'oropharynx et est excrété
épisodiquement à vie chez certains porteurs sains. N'en serait-il
pas de même pour le HHV-8 ?
http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/90_1278.htm (3 sur 5) [11/04/2003 10:41:34]