DOSSIER
tmiqu
Le Courrier de la Transplantation - Volume X - n
o 2 - avril-mai-juin 2010
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BILAN INITIAL
L’examen clinique initial devant un
transplanté suspect de MK doit naturelle-
ment être complet, incluant l’examen de
tout le revêtement cutanéomuqueux avec
un examen ORL et ophtalmologique.
Des photographies ou des schémas des
lésions cliniques permettront le suivi
des lésions.
Le bilan d’extension comporte un
scanner thoraco-abdomino-pelvien et
une exploration endoscopique diges-
tive haute. La bronchoscopie avec
lavage n’est proposée qu’en présence
d’anomalies au scanner thoracique. La
colonoscopie sera faite en fonction de
la symptomatologie d’appel.
Il est indispensable de rechercher systé-
matiquement une infection opportuniste
associée à la MK, car son traitement peut
faire disparaître la MK, surtout en cas
de tuberculose.
L’association à un lymphome des
séreuses sera évoquée devant des épan-
chements pleuraux récidivants avec
une virémie très élevée dans le liquide
pleural (24). Les autres associations de
maladies liées à l’infection HHV-8 sont
plus rares : maladie de Castleman multi-
centrique, lymphomes plasmablastiques,
hypoplasie médullaire et/ou syndrome
d’activation macrophagiques.
INTÉRÊT
DES EXAMENS VIROLOGIQUES
Sérologie
La sérologie HHV-8 est constamment
positive au cours d’une MK détectée par
au moins l’une des nombreuses tech-
niques disponibles. La valeur de cette
sérologie pour le suivi des transplantés
à l’échelon individuel reste discutée. Les
tests sérologiques utilisent des techniques
d’immunouorescence, de Western Blot
ou d’ELISA pour détecter des anticorps
dirigés contre des antigènes latents ou
lytiques d’HHV-8. Les tests d’immu-
nofluorescence utilisent des cellules
dérivées de lymphome des séreuses en
culture mises en contact avec le sérum
des patients, à différentes dilutions. Ces
lignées, expriment majoritairement des
antigènes de latence. La réactivité est
caractérisée par un marquage nucléaire
moucheté. Une réactivation virale peut
être induite dans ces lignées, conduisant
à l’expression d’antigènes lytiques. L’im-
munouorescence lytique est caractérisée
par une uorescence homogène cytoplas-
mique. Les tests d’IF lytiques sont plus
sensibles mais moins spéciques que les
tests d’IF latents (22).
Des tests ELISA ont été développés ;
certains utilisent des antigènes d’HHV-8
puriés tels que les produits des ORFs26,
65,73 ou K8.1 ; d’autres utilisent des
lysats viraux.
PCR
La détection, et éventuellement la quan-
tication de séquences nucléiques spéci-
ques d’HHV-8 par PCR dans les tissus,
est parfois utile pour le diagnostic de
MK cutanée ou viscérale. La quanti-
cation de la virémie HHV-8 dans le sang
circulant n’a pas d’intérêt individuel
pour le suivi d’une MK. En revanche,
des virémies élevées sont statistique-
ment associées aux MK évolutives.
La virémie HHV-8 fait partie du bilan
d’exploration d’une èvre, d’une cyto-
pénie, d’une cytolyse ou d’un syndrome
d’activation macrophagique inexpliqués,
surtout chez les transplantés préalable-
ment séropositifs avant greffe ou chez les
transplantés avec un donneur séropositif
pour HHV-8 (3).
TRAITEMENT
DE LA MALADIE DE KAPOSI
La pierre angulaire du traitement de
la MK après transplantation d’organe
repose sur la minimisation de l’immu-
nosuppression, permettant le contrôle de
la prolifération kaposienne et le maintien
de la fonctionnalité du greffon. Toute
infection opportuniste concomittante,
pouvant majorer l’immunosuppression,
sera systématiquement traitée. S’il n’y
a pas de parallélisme entre l’extension
de l’atteinte cutanée et la sévérité des
atteintes viscérales, leur évolution est
généralement corrélée, d’où l’intérêt
d’une évaluation objective de la progres-
sion ou de la régression des lésions
dermatologiques. L’objectif n’est pas
d’obtenir la rémission complète mais de
contrôler la maladie. En effet, la stabi-
lisation de la MK chez un patient ne
presentant pas ou peu de gêne fonction-
nelle semble préférable à une rémission
complète au prix d’un rejet de l’organe
transplanté.
Le pourcentage de rémission après
simple levée des immunosuppresseurs
a été estimé dans le registre de Cincinatti
aux alentours de 17 % des 213 patients
avec atteinte cutanée isolée, et 16 %
des 343 patients avec atteinte viscé-
rale associée (13). Cette estimation est
probablement sous-évaluée, notamment
en cas d’atteinte viscérale, du fait du
délai long observé avant la stabilisation
(3,6 mois) et la rémission (11 mois) de
cette maladie après minimisation de
l’immunosuppression (23).
Plus récemment, le sirolimus et appa-
rentés ont fait la démonstration de leurs
propriétés à la fois immunosuppressives
mais aussi antinéoplasiques et antian-
giogéniques (25). Sans attendre la stabi-
lisation voire la régression des lésions
kaposiennes après simple diminution
des immunosuppresseurs, les antical-
cineurines sont souvent remplacées
après greffe rénale ou cardiaque par
un inhibiteur de mTOR. Des résultats
spectaculaires ont été observés avec des
échappements possibles de la MK après
un délai variable (26).
Les traitements spéciques de la MK
ne sont justiés en complément de ces
mesures qu’en présence d’une gêne
esthétique ou fonctionnelle et en cas de
risque vital (3). Les traitements locaux
tels que la cryothérapie, la cryochirurgie,
la destruction par les lasers CO2 ou à
colorants, ou la radiothérapie peuvent
être utiles pour des lésions limitées,
esthétiquement ou fonctionnellement