Facteurs de risque de la transmission du virus HHV-8 Revue critique de l'actualité scientifique internationale sur le VIH et les virus des hépatites n°82 - avril 00 VIH - HHV-8 Facteurs de risque de la transmission du virus HHV-8 Nicolas Dupin service de dermato-vénérologie, Hôpital Tarnier (Paris) Serologic evidence of human herpesvirus 8 transmission by homosexual but not heterosexual sex Smith N.A., Sabin C.A., Gopal R., Bourboulia D., Labbet W., Boshoff C., Barlow D., Band B., Peters B.S., de Ruiter A., Brown D.W.G., Weiss R.A., Best J.M., Whitby D. The Journal of Infectious Diseases, 1999, 180, 600-6 L’origine africaine et l'homo/bisexualité masculine sont les deux facteurs de risque associés à une séropositivité pour le virus HHV-8 retrouvés dans une étude menée dans un centre de MST de Londres. La question de la transmission hétérosexuelle de l'HHV-8 n’en est pas pour autant réglée... http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/82_1180.htm (1 sur 4) [11/04/2003 16:18:25] Facteurs de risque de la transmission du virus HHV-8 Le virus HHV-8 ou autrement appelé KSHV est associé clairement à trois pathologies " néoplasiques " ; la maladie de Kaposi, la maladie de Castleman des patients séropositifs pour le VIH et les lymphomes primitifs des séreuses (1). Si la contamination sexuelle a été clairement démontrée chez les homosexuels (2), aucune étude n’a pu démontrer la possibilité d’une transmission sexuelle chez les hétérosexuels. La survenue de Kaposi chez le jeune enfant en Afrique suggère d’autres modes de contamination comme la contamination mère-enfant et enfant-enfant. L’équipe de Jennifer Best publie dans le JID la plus large étude menée à ce jour dans un centre de MST. L’étude a porté sur 2718 patients âgés de plus de 14 ans consultant à l’Hôpital de Saint-Thomas à Londres entre juillet 1995 et juin 1996. Seuls les patients ayant accepté un prélèvement pour une sérologie VIH ont pu être inclus. Chaque participant a accepté de répondre à un questionnaire relatif à son activité sexuelle dans les derniers 12 mois précédant l’inclusion, ses antécédents de MST et ses caractéristiques démographiques. La recherche d’anticorps anti-HHV-8 a été faite par un test d’immunofluorescence indirecte sur des cellules BCP-1 (provenant d’un lymphome des séreuses et portant l’HHV-8 mais pas l’Epstein-Barr Virus [EBV]). Ce test pratiqué sur des cellules non stimulées permet la détection d’anticorps dirigés principalement si ce n’est exclusivement contre une protéine de latence de l’HHV-8 dénommée LNA-1 ou LANA. Une titration des anticorps a été effectuée sur des dilutions successives du sérum allant de 1/200 à 1/400 000. La recherche d’anticorps anti-HSV-2 – qui est un virus clairement transmis par voie sexuelle chez les hétérosexuels – a été réalisée à titre de contrôle viral sur 2665 patients. Tous les sérums ont été testés par 2 tests ELISA confirmés si positifs par un Western Blot. Les analyses statistiques ont été effectuées dans un modèle uni et multivarié. Les résultats montrent que la prévalence des anticorps anti-HHV-8 est de 7,3 %, soit 198 malades sur 2718. En univarié, la séroprévalence HHV-8 était significativement plus faible chez les femmes avec un OR à 0,6 et plus élevée chez les homo/bisexuels hommes (OR 3,52). La prévalence HHV-8 était également plus élevée chez les sujets plus âgés, les sujets nés en Afrique ou ayant une mère africaine, chez les patients ayant des rapports sexuels avec des Africains ou ceux ayant une gonococcie, une syphilis, une infection par HSV-2 ou par le VIH. Cependant en analyse multivariée, les seuls marqueurs indépendants de séropositivité pour l’HHV-8 étaient le fait http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/82_1180.htm (2 sur 4) [11/04/2003 16:18:25] Facteurs de risque de la transmission du virus HHV-8 d’être homo/bisexuel et d’être né en Afrique. La séroprévalence pour l’HHV-8 (19 %) était similaire chez les sujets hétérosexuels africains et chez les homo/bisexuels, alors que la séroprévalence chez les hétérosexuels non africains étaient significativement plus faible (19% versus 4,6%, p < 0,001). En analyse multivariée et parmi les homo/bisexuels un antécédent de syphilis, d’infection par HSV-2 ou une séropositivité pour le VIH étaient des paramètres indépendants associés à la séropositivité pour l’HHV-8. En revanche, parmi les Africains hétérosexuels d’Afrique ou d’ailleurs, il n’y avait aucun comportement sexuel ou de facteurs démographiques prédisant la séropositivité pour l’HHV-8. Cette étude est à ce jour la plus large étude publiée sur des consultants "tout venant" d’un centre de MST. Elle démontre clairement que les seuls facteurs de risque associés à une séropositivité HHV-8 en analyse multivariée sont le fait d’être né en Afrique ou d’être homo/bisexuel masculin. Le point fort de cette étude est le fait d’avoir inclus un " témoin viral " (HSV-2) clairement associé à l’activité sexuelle chez les hétérosexuels et qui n’est pas associé à la séropositivité pour l’HHV-8 dans cette étude. Cependant, la faible prévalence de l’HHV-8 (4,6 %) chez les hétérosexuels non-africains rend difficile toute conclusion définitive quant à la possibilité d’une transmission hétérosexuelle dans cette population et reflète simplement la faible prévalence de l’HHV-8 retrouvée dans la plupart des études dans les pays industrialisés du nord de l’Europe. Par ailleurs, un seul test a été utilisé pour la recherche d’anticorps anti-HHV-8. Or la sensibilité exacte de ce test pour détecter des sujets " sains " infectés par l’HHV-8 n’est pas connue. Les études de qualité sur les sérodiagnostics pour l’HHV-8 sont peu nombreuses mais leurs résultats suffisamment discordants pour que des études ultérieures de ce type nécessitent le recours à d’autres tests comme la recherche d’anticorps anti-K8.1 de l’HHV-8 qui, combinée à l’immunofluorescence indirecte, semble plus sensible. Il est donc clair que la situation est loin d’être simple concernant la transmission hétérosexuelle de l’HHV-8. Les études montrant notamment en Afrique une augmentation de la prévalence des anticorps anti-HHV-8 avec l’âge suggèrent la possibilité d’autres modes de transmission horizontaux dans ces populations, comme c’est le cas pour le virus de l’hépatite B (3). La possibilité d’une transmission mère-enfant (verticale ou horizontale) est également suspectée aux vues de données plus récentes (4). A l’inverse, bien que non totalement exclu, le risque de transmission transfusionnelle paraît un événement rare. http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/82_1180.htm (3 sur 4) [11/04/2003 16:18:25] Facteurs de risque de la transmission du virus HHV-8 - Nicolas Dupin 1 - Boshoff C, Weiss RA " Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus. Advances in Cancer Research " eds. Van de Woulde, G. and Klein G. (Academic San Diego), Vol. 75, 57-86 2 - Martin JN, Ganem DE, Osmond DH et al. " Sexual transmission and the natural history of human herpesvirus 8 infection " N Engl J Med, 1998, 338, 948-54 3 - Sitas F, Carrara H, Beral V et al. " Antibodies against human herpesvirus 8 in black South African patients with cancer " N Engl J Med, 1999, 340, 1863-1871 4 - Plancoulaine S "Transmission familiale de l’herpesvirus humain 8 (HHV-8)" Thèse pour le Doctorat en Médecine, 1999 http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/82_1180.htm (4 sur 4) [11/04/2003 16:18:25]