géniques. Dans le domaine de l’infection à VIH, on retiendra
comme principales molécules proangiogéniques en cours
d’étude actuellement, sécrétées principalement par les fibro-
blastes :
– le FGF (Fibroblast Growth Factor),
– le VEGF (Vascular Endothelial Cell Growth Factor),
– le VPF (Vascular Permeability Factor),
– l’IL8 (interleukine 8).
Les principaux facteurs antiangiogéniques (et leurs dérivés) qui
ont déjà bénéficié d’applications cliniques, en particulier pour
le sarcome de Kaposi, sont :
– l’IFNαet l’IFNß,
– l’angiostatine,
– l’endostatine.
L’étude présentée par I.J. Fidler (abstr. S2), réalisée au MD
Anderson, rapporte les capacités de l’IFNαet de l’IFNß à
diminuer l’expression des ARN messagers et des protéines
proangiogéniques comme le bFGF et la collagénase de type IV
au sein de multiples lignées cellulaires de carcinomes humains,
comme les cancers du rein, de la vessie, du côlon et de la pros-
tate, par le biais de mécanismes indépendants de la proliféra-
tion tumorale. Il a ainsi montré que l’IFNß peut être produit
par différents types de cellules comme les kératinocytes, les
cellules de l’épithélium de surface du côlon ou de la vessie, et
non par les cellules carcinomateuses : il interviendrait dans la
régulation du processus d’angiogenèse et participerait ainsi de
manière indirecte à la cascade moléculaire du processus méta-
statique.
Dans le cadre des tumeurs malignes associées à l’infection à
VIH, le sarcome de Kaposi (SK) représente un excellent
modèle d’angiogenèse ; en effet, de nombreuses cytokines
proangiogéniques sont sécrétées par les cellules fusiformes des
lésions de SK comme le bFGF, le VEGF, le VPF, l’IL6, l’UPA
(Urokinase Induces Activation), l’IL1αet l’IL1ß, le TGFß
(Tumor Growth Factor) ou encore le GM-CSF (Granulocyte-
Macrophage Colony Stimulating Factor). Toutes ces molé-
cules sont susceptibles d’augmenter le pouvoir prolifératif des
cellules endothéliales, et l’IL6, en collaboration étroite avec la
protéine de régulation TAT du VIH, peut non seulement stimu-
ler la croissance cellulaire des cellules fusiformes, mais égale-
ment aider à leur migration et à leur invasion tissulaire, via la
sécrétion de sélectine E, d’ICAM-1 (Intercellular Adhesion
Molecule-1), ou de VCAM-1 (Vascular Cell Adhesion Mole-
cule-1). Le HHV-8 impliqué dans la physiopathologie des
lésions de SK faciliterait la production par les cellules endothé-
liales d’IL6, de MIP-1α(Macrophage Inflammatory Protein)
et MIP-1ß, et d’IFNγ(qui semble favoriser la sécrétion de la
protéine IP-10, protéine anti-angiogénique). HHV-8, en infec-
tant les cellules malignes et les cellules progénitrices de SK,
coderait également pour des oncogènes, qui stimuleraient
l’angiogenèse via les récepteurs couplés aux protéines G. Ces
derniers favoriseraient la sécrétion de VEGF et de KSGF
(Kaposi Sarcoma Growth Factor) via deux protéines kinases,
JNK/SAPK et p38MAPK. Celles-ci induiraient une cascade de
protéines inflammatoires et angiogéniques qui seraient mito-
gènes pour les cellules de SK (Bais C. Nature 1998 ; 391 : 86).
Sur le plan thérapeutique, l’IFNγse révèle intéressant étant
donné ses propriétés antiangiogéniques. L’IL12, en cours
d’étude de phase I actuellement, outre ses propriétés immuno-
stimulantes, induirait la production d’IFNγ, qui favoriserait
l’apoptose des cellules tumorales de SK et entraînerait une
inhibition de la production de bFGF.
ÉPIDÉMIOLOGIE ET IMMUNOLOGIE
La plupart des études épidémiologiques publiées à ce jour sem-
blent rapporter une forte corrélation entre la séropositivité pour
HHV-8 et les diverses populations susceptibles de développer
un sarcome de Kaposi. Cependant, établir une parfaite corréla-
tion entre HHV-8 et SK nécessiterait une observation longitu-
dinale du SK qui prendrait en compte certains facteurs comme
le nombre de partenaires sexuels, le lieu géographique de rési-
dence des patients à risque et la séroprévalence de HHV-8, qui
semble évoluer au cours du temps. En effet, si HHV-8 est sup-
posé être la cause du SK, il est impératif de comprendre sa dis-
tribution au sein des différents types de population, son mode
de transmission et son histoire naturelle (Martin. N Engl J Med
1998 ; 338 : 948-54).
Un taux élevé d’anticorps anti-HHV-8 semble prédire une évo-
lution plus rapide vers le stade de sida, comme le rapporte une
étude italienne portant sur 366 patients infectés par le VIH
(abstr. 3). La population homosexuelle masculine a un risque
plus élevé de développer un sarcome de Kaposi (RR = 7 ; IC
95 % : 0,88-55,53) par rapport aux autres patients infectés à la
fois par le VIH et HHV-8. Ceci semble suggérer le rôle
d’autres cofacteurs dans le développement de SK chez ce type
de patients. En revanche, les autres maladies opportunistes ne
semblent pas être favorisées par l’infection à HHV-8.
La carte géographique concernant la distribution de HHV-8 au
sein de la population dans le monde n’est pas encore définiti-
vement établie. La prévalence de HHV-8 semble être corrélée
à celle du SK et semble plus importante dans les populations à
risque de maladies sexuellement transmissibles, comme
l’infection à VIH, mais aussi la syphilis (Kedes. Nature Med
1996 ; 266 : 1865-9). De nombreux autres facteurs peuvent
intervenir, comme le nombre de partenaires sexuels, le type de
pratique sexuelle (comme les pratiques homosexuelles mascu-
lines). Une estimation plus précise de la séroprévalence de
HHV-8 devra probablement nécessiter une étude de population
plus large, utilisant des tests de détection virologique extrême-
ment sensibles [telles que les techniques ELISA ou EIA
(Enzyme Immuno Assay)] (abstr. 4).
R. Newton (abstr. 1) et I. Chitsike (abstr. 2) ont surtout pré-
senté, au cours de cette session, les résultats plutôt préoccu-
pants de l’incidence des tumeurs malignes associées à l’infec-
tion à VIH chez les enfants dans certains pays d’Afrique
comme l’Ouganda et le Zimbabwe. L’infection à VIH a mani-
festement transformé le profil des cancers pédiatriques au Zim-
babwe (abstr. 2), le cancer le plus fréquent restant le SK,
(19,2 % des cancers), qui résiste au traitement de chimiothéra-
pie cytotoxique, avec souvent une évolution dramatique. En
revanche, il ne semble pas y avoir d’association entre l’infec-
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La Lettre du Cancérologue - volume VIII - no4 - septembre 1999