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ou de traitements spécifiques et l’amélioration fréquemment obtenue chez
les patients de leurs variables physiologiques (gaz du sang, pression arté-
rielle) grâce, entre autres, à de nouvelles techniques de monitoring hémody-
namique,5 le pronostic effroyable de certaines pathologies oblige progressi-
vement les réanimateurs à se remettre en cause et à réfléchir à ce qui dans
leur approche pourrait être plus délétère que bénéfique : on s’aperçoit alors
que normaliser les variables physiolo-
giques a un prix à payer et ne peut pas
être un objectif en soi et qu’il faut adap-
ter le traitement à des compromis phy-
siopathologiques :6 accepter une hypo-
ventilation, voire une hypoxémie relative, ne pas chercher à maximiser le débit
cardiaque ni à toujours maintenir la pression artérielle «normale», et surtout
réfléchir aux effets secondaires et au caractère invasif des traitements admi-
nistrés ou des techniques de surveil lance : ventilation,7 sédation,8 remplissage
vasculaire,9 catécholamines, antibiotiques, cathéters et autres dispositifs in-
vasifs,10 etc. Une recherche clinique et expérimentale très riche a ainsi exploré
ces différentes questions qui ont non seulement fait progresser les approches
cliniques mais aussi apporté énormément de nouvelles connaissances phy-
siopathologiques.11 Une des révolutions de la médecine moderne, l’imagerie,
a également permis au réanimateur d’être moins invasif, d’acquérir plus d’in-
formations et de beaucoup mieux compren dre la physiopathologie. L’échogra-
phie au lit du patient est devenue un ajout indispensable et inévitable d’une
prise en charge clinique, obligeant les réani mateurs à acquérir de nouvelles
compétences.12
Parallèlement, la population admise dans les soins intensifs a évolué : la
prise en charge de patients traités par une médecine de plus en plus spécia-
lisée a rendu indispensable une collaboration étroite avec les spécialistes ou
plutôt les équipes multidisciplinaires prenant en charge ces patients (trans-
plantation, onco-hématologie, nouvelles pathologies infectieuses et patholo-
gies chroniques…), mais aussi prise en charge de patients de plus en plus
âgés et atteints de comorbidités.13 Ce dernier aspect est une des raisons qui
a motivé les réanimateurs à suivre deux approches : la première, évoquée dès
les débuts de la réanimation, est de tenter de définir pour chaque patient le
niveau d’intensité des soins raisonnable en fonction d’un raisonnement global
prenant en compte les possibilités de survie et de qualité de vie ainsi que les
souhaits du patient et, le plus souvent aux soins intensifs, de sa famille ou de
ses proches.14 C’est aujourd’hui un aspect très important de la médecine in-
tensive et ainsi la majorité des décès survenant aux soins intensifs sont désor-
mais anticipés et préparés pour qu’ils se déroulent dans les meilleures condi-
tions possibles comme décrit plus loin dans ce numéro. Enfin, les objectifs du
traitement ont changé. Si la survie des patients reste à l’évidence un objectif,
la qualité de vie ultérieure et les séquelles possibles de la réanimation, phy-
siques et psychologiques, sont aussi devenues une préoccupation impor-
tante qui débute bien avant la sortie des soins intensifs. Participent de cette
réflexion une meilleure prise en charge de la douleur, une meilleure gestion
de la sédation pour éviter de prolonger inutilement le séjour, une réduction
des gestes invasifs, une mobilisation précoce du patient.15
Le ou la réanimateur/trice d’aujourd’hui doit avoir de multiples facettes : il
est utilisateur de techniques de support très sophistiquées telles que les cir-
culations extracorporelles décrites dans ce numéro et base sa pratique sur le
raisonnement physiopathologique ; il ou elle collabore avec de nombreuses
équipes et spécialités ; il ou elle doit aussi apprendre à gérer des situations
psychologiquement complexes et chargées d’émotion ; il ou elle exerce enfin
son métier dans un environnement hospitalier à la recherche permanente
d’efficience et doit satisfaire un public dont le niveau d’exigence s’est, à juste
titre, très développé. Ce métier a changé, est exigeant, mais reste passionnant
et, espérons-le pour longtemps encore, attractif pour les jeunes médecins.
2428 Revue Médicale Suisse
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14 décembre 2011 Revue Médicale Suisse
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14 décembre 2011 0
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physiologiques ne peut pas
être un objectif en soi …»
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