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27/04/2012 |
Rationalisme
Contrairement à l'empirisme, le rationalisme caractérise, dans la théorie de la connaissance, une position qui
accorde la priorité à la pensée pure par rapport à l'expérience sensible ou voit dans cette même pensée pure
la seule voie vers le savoir authentique. En sont typiques l'acceptation d'idées innées (ideae innatae) ainsi
que la conviction selon laquelle la pensée pure peut transmettre au moins un savoir limité sur le monde
extérieur. Pour atteindre cet objectif, la pensée pure procède soit à un examen raisonnable (intuition) de la
vérité contenue dans certains principes, soit à une déduction logique découlant d'autres principes. La
méthode déductive des mathématiques sert d'exemple, dans la mesure où elle s'applique également aux
sciences naturelles et à d'autres domaines à l'époque des Lumières. Le rationalisme classique et l'empirisme
seront dépassés par les catégories kantiennes qui élèvent la matière donnée par l'expérience (perception
sensible) au rang de connaissance nécessaire et valable généralement.
Aux XVIIe et XVIIIe s., le rationalisme ne se limitait pas à la théorie de la connaissance, mais relevait aussi
d'autres disciplines, comme l'éthique ou l'esthétique. Au XVIIe s., en théologie, le concept, désignant les
théologiens qui s'appuyaient sur la raison naturelle pour la connaissance de Dieu et l'interprétation de la
Bible, fut d'abord polémique. Les termes de rationaliste et de rationalisme qualifièrent plus tard les
théologiens, et leur pensée, qui se réclamaient d'une religion naturelle et n'entendaient plus la révélation que
comme un moyen conditionné par l'histoire, destiné à instruire la partie ignorante de la population. Dans la
théologie protestante allemande, le rationalisme fut d'abord nommé Neologie puis, dès 1790, désigna une
école à laquelle s'opposa le suprarationalisme. Lorsque le rationalisme eut perdu de son importance comme
mouvement théologique, le concept, ressortissant désormais à l'histoire de la philosophie, ne définit dès lors
qu'une théorie de la connaissance et, à part son application aux systèmes philosophiques de Descartes,
Spinoza et Leibniz, fut utilisé rétrospectivement pour l'Antiquité et le Moyen Age.
En Suisse, le rationalisme théologique apparaît au XVIIIe s. dans les œuvres du Genevois Jean-Alphonse
Turrettini, du Neuchâtelois Jean-Frédéric Ostervald et du Bâlois Samuel Werenfels. Critiques à l'égard des
disputes chères à la scolastique, ils furent considérés comme les principaux représentants de l'orthodoxie
éclairée (Orthodoxie protestante). Ils adoptèrent toutefois, face aux tendances déistes et sceptiques apparues
en Angleterre et en France, une posture apologétique en défendant l'accord de la foi et de la raison et en
cherchant à atteindre l'unité entre luthériens, réformés et anglicans par l'abandon des dogmes contestés,
comme la double prédestination ou la trinité, ou par un retour aux articles fondamentaux réformés.
L'orthodoxie éclairée contribua ainsi, pour l'essentiel, à l'abolition de la Formula Consensus de 1675, d'abord
à Bâle et à Genève, puis également à Zurich, dans le Pays de Vaud et à Berne. Dans le septième volume de
l'Encyclopédie, d'Alembert prétendit dans son article sur Genève que certains pasteurs genevois ne
connaissaient d'autre religion que celle des sociniens, parce qu'ils refusaient les miracles et ne parlaient que
de l'utilité de la révélation, et non de sa nécessité; cette affirmation provocante n'est toutefois pas pertinente.
Comme d'autres réformés suisses, les pasteurs genevois se distancièrent du déisme et s'en tinrent à l'accord
entre la raison et la révélation. Plus que d'autres, le Zurichois Hans Heinrich Corrodi développa le rationalisme
théologique. Disciple du "néologue" Johann Salomo Semler, il défendit l'idée d'une religion raisonnable contre
Johann Kaspar Lavater. Selon lui, le christianisme était soumis, dans son développement historique, à un
processus de perfectionnement, de la sensibilité vers la raison. Il en concluait que la révélation restait certes
nécessaire pour les individus se trouvant encore au stade de l'enfance, mais était superflue pour des
philosophes capables de saisir la religion à travers la seule raison.
En Allemagne, le rationalisme de Leibniz fut prolongé au XVIIIe s. par Christian Wolff qui, comme son