Bernard Baertschi, Université de Genève
La Neuropsychologie de la Décision Morale:
Centre de recherche St Charles, 1 rue du Dr Henri Serre (tram Albert 1er)
Abstract:
Un des problèmes philosophiques classiques de l'épistémologie est la question de savoir si notre
connaissance vient des sens ou de la raison. On peut faire remonter le débat jusqu'aux Grecs, mais
c'est aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il a occupé la pluoart des philosophes. L'empirisme (Locke) affirme
que toutes nos connaissances viennent des sens, alor
idées sont innées. Dans le domaine de la morale, le même débat s'est tenu. Le sentimentalisme d'un
côté (l'école écossaise: Hucheson et Hume), voyant l'origine du jugement moral dans des émotions
(les senti
ments, les passions), et le rationalisme de l'autre (Burnet en Angleterre), le niant. Ce débat
historique s'est achevé avec la victoires du rationalisme critique de Kant.
Un autre débat remontant aussi à l'Antiquité concerne la valeur de nos émotions: sont
constituent-
elles des obstacles au jugement moral
pas fiables et si l'on pouvait les éradiquer, ce serait une bonne chose pour la morale (il reprend ici
l'essentiel de la position Stoïcie
nne).
La position kantienne est l'une des inspiratrices, sans doute dominante, de l'éthique contemporaine.
Or, elle vient d'être assez brutalement remise en question par la neuroépistémologie morale. À la suite
des travaux de Damasio, il est apparu que les
elles jouent un rôle indispensable dans nos jugements moraux. À partir de cette constatation, certains
neuropsychologues ont proposé une épistémologie morale de type sentimentaliste, ménageant certes
u
ne part à la raison, mais seconde. Dans mon propos, j'examinerai trois de ces conceptions, celles de
Jonathan Haidt, de Joshua Greene et de Gerd Gigerenzer. Chacune ménage bien sûr une place à la
raison, mais elle est toujours seconde, quoiqu'en des sens d
considère à la manière de Hume la raison comme l'esclave des passions, le modèle du processus
duel de Greene comme une acquisition tardive dans l'évolution qui, dans certaines situations, entre en
conflit avec l
définitive à opposer par principe raison et émotions.
Je terminerai par quelques réflexions sur ces nouvelles épistémologies, en soulignant notamment
qu'elles tendent à n
e pas tenir suffisamment compte des intentions dans leur conception du jugement
moral.
Bernard Baertschi, Université de Genève
La Neuropsychologie de la Décision Morale:
une Révolution ?
Vendredi 5 Juin 2015
Centre de recherche St Charles, 1 rue du Dr Henri Serre (tram Albert 1er)
Salle 01, 18h
Présenté par
Un des problèmes philosophiques classiques de l'épistémologie est la question de savoir si notre
connaissance vient des sens ou de la raison. On peut faire remonter le débat jusqu'aux Grecs, mais
c'est aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il a occupé la pluoart des philosophes. L'empirisme (Locke) affirme
que toutes nos connaissances viennent des sens, alor
s que le rationalisme (Leibniz) le nie: certaines
idées sont innées. Dans le domaine de la morale, le même débat s'est tenu. Le sentimentalisme d'un
côté (l'école écossaise: Hucheson et Hume), voyant l'origine du jugement moral dans des émotions
ments, les passions), et le rationalisme de l'autre (Burnet en Angleterre), le niant. Ce débat
historique s'est achevé avec la victoires du rationalisme critique de Kant.
Un autre débat remontant aussi à l'Antiquité concerne la valeur de nos émotions: sont
elles des obstacles au jugement moral
? Sur ce point aussi, Kant a tranché: elle ne sont
pas fiables et si l'on pouvait les éradiquer, ce serait une bonne chose pour la morale (il reprend ici
nne).
La position kantienne est l'une des inspiratrices, sans doute dominante, de l'éthique contemporaine.
Or, elle vient d'être assez brutalement remise en question par la neuroépistémologie morale. À la suite
des travaux de Damasio, il est apparu que les
émotions ne pouvaient ainsi être mises sur la touche:
elles jouent un rôle indispensable dans nos jugements moraux. À partir de cette constatation, certains
neuropsychologues ont proposé une épistémologie morale de type sentimentaliste, ménageant certes
ne part à la raison, mais seconde. Dans mon propos, j'examinerai trois de ces conceptions, celles de
Jonathan Haidt, de Joshua Greene et de Gerd Gigerenzer. Chacune ménage bien sûr une place à la
raison, mais elle est toujours seconde, quoiqu'en des sens d
ifférents. Le modèle intuitionniste de Haidt
considère à la manière de Hume la raison comme l'esclave des passions, le modèle du processus
duel de Greene comme une acquisition tardive dans l'évolution qui, dans certaines situations, entre en
'émotion, alors que le modèle de la rationalité écologique de Gigerenzer se refuse en
définitive à opposer par principe raison et émotions.
Je terminerai par quelques réflexions sur ces nouvelles épistémologies, en soulignant notamment
e pas tenir suffisamment compte des intentions dans leur conception du jugement
Bernard Baertschi, Université de Genève
La Neuropsychologie de la Décision Morale:
Centre de recherche St Charles, 1 rue du Dr Henri Serre (tram Albert 1er)
Un des problèmes philosophiques classiques de l'épistémologie est la question de savoir si notre
connaissance vient des sens ou de la raison. On peut faire remonter le débat jusqu'aux Grecs, mais
c'est aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il a occupé la pluoart des philosophes. L'empirisme (Locke) affirme
s que le rationalisme (Leibniz) le nie: certaines
idées sont innées. Dans le domaine de la morale, le même débat s'est tenu. Le sentimentalisme d'un
côté (l'école écossaise: Hucheson et Hume), voyant l'origine du jugement moral dans des émotions
ments, les passions), et le rationalisme de l'autre (Burnet en Angleterre), le niant. Ce débat
Un autre débat remontant aussi à l'Antiquité concerne la valeur de nos émotions: sont
-elles fiables ou
? Sur ce point aussi, Kant a tranché: elle ne sont
pas fiables et si l'on pouvait les éradiquer, ce serait une bonne chose pour la morale (il reprend ici
La position kantienne est l'une des inspiratrices, sans doute dominante, de l'éthique contemporaine.
Or, elle vient d'être assez brutalement remise en question par la neuroépistémologie morale. À la suite
émotions ne pouvaient ainsi être mises sur la touche:
elles jouent un rôle indispensable dans nos jugements moraux. À partir de cette constatation, certains
neuropsychologues ont proposé une épistémologie morale de type sentimentaliste, ménageant certes
ne part à la raison, mais seconde. Dans mon propos, j'examinerai trois de ces conceptions, celles de
Jonathan Haidt, de Joshua Greene et de Gerd Gigerenzer. Chacune ménage bien sûr une place à la
ifférents. Le modèle intuitionniste de Haidt
considère à la manière de Hume la raison comme l'esclave des passions, le modèle du processus
duel de Greene comme une acquisition tardive dans l'évolution qui, dans certaines situations, entre en
'émotion, alors que le modèle de la rationalité écologique de Gigerenzer se refuse en
Je terminerai par quelques réflexions sur ces nouvelles épistémologies, en soulignant notamment
e pas tenir suffisamment compte des intentions dans leur conception du jugement
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