REVUE DE PRESSE Le comité de rédaction a lu pour vous Identification de bactéries et de levures à partir de flacons d’hémoculture Un protocole d’utilisation de la technique de spectrométrie de masse (dite MALDI-TOF) permettant l’identification de 98 % des bactéries et des levures habituellement isolées en milieu hospitalier a été mis au point. Depuis peu, l’identification des bactéries et des levures par spectrométrie de masse de type MALDI-TOF (Matrix-Assisted Laser Desorption Ionisation Time-of-Flight) connaît un essor considérable. Jusqu’à présent, cette technique était applicable uniquement sur des colonies préalablement isolées à partir de l’ensemencement du prélèvement sur milieu gélosé. Dans cet article, A. Ferroni et al. (hôpital Necker, Paris) décrivent le protocole qu’ils ont mis au point pour identifier bactéries et levures directement à partir de flacons d’hémoculture positifs, avec l’avantage majeur de supprimer le délai nécessaire à la croissance de colonies sur milieu gélosé ensemencé à partir du flacon positif (24 heures le plus souvent). En appliquant leur protocole à 373 hémocultures cliniques monomicrobiennes, ils ont ainsi démontré que plus de 98 % des bactéries (n = 362) et Candida (n = 11) pouvaient être identifiées dans les 20 minutes qui suivent la détection de la positivité du flacon sanguin par l’automate d’hémoculture. Cela est particulièrement utile, car la spectrométrie de masse, à la différence de l’examen direct avec coloration de Gram, permet de distinguer Staphylococcus aureus de S. epidermidis ainsi que les entérobactéries des Pseudomonas et des Acinetobacter, ce qui est crucial pour le choix de l’antibiothérapie. Les auteurs soulignent que si la spectrométrie ne permet que rarement de distinguer Streptococcus pneumoniae de S. mitis, l’utilisation du test d’agglutination Slidex pneumo-Kit® évite de retarder l’identification de l’espèce. Ces résultats démontrent que la spectrométrie de masse MALDI-TOF est actuellement la technique la plus rapide pour identifier la majorité des micro-organismes responsables de la positivité des hémocultures en milieu hospitalier. André Paugam, Paris Hépatite C : efficacité du télaprévir chez les patients naïfs de traitement et chez les patients en échec L’histoire naturelle de l’hépatite C chronique a montré qu’elle pouvait se compliquer de fibrose hépatique, cirrhose, hypertension portale et carcinome hépatocellulaire. Chez le patient mono-infecté, le traitement associant interféron pégylé et ribavirine (PEG-IFN + RBV) permet l’éradication du virus chez 40 à 50 % des patients naïfs de traitement, porteurs du génotype 1. Le télaprévir, inhibiteur de protéase du VHC, apporte un véritable bénéfice, à la fois chez les patients naïfs mais aussi chez les non-répondeurs à un premier traitement. Deux articles publiés dans le même numéro du New England Journal of Medicine montrent un bénéfice significatif en termes d’éradication virale. Efficacité du télaprévir chez les patients naïfs de traitement Pour être inclus, les patients devaient être indemnes de tout traitement pour une hépatite C, ne pas avoir de cirrhose décompensée et ne pas être co-infectés par le VIH ou le VHB. La randomisation était stratifiée selon le sous-type du génotype 1 (a, b ou inconnu) et selon le 150 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVI - no 4 - juillet-août 2011 Commentaire Ce n’est pas la première fois qu’une équipe utilise directement la spectrométrie de masse à partir de flacons d’hémoculture positifs, mais cette étude est la première à obtenir des résultats aussi performants pour les bactéries et les Candida. Cela est à mettre en rapport avec la mise au point d’un protocole qui a optimisé la préparation de l’échantillon avant l’analyse par spectrométrie (centrifugation et réactifs) d’une part, et l’identification des profils protéiques obtenus d’autre part, en les confrontant non pas à la banque utilisée pour identifier les bactéries ou les levures à partir des colonies, mais à une banque spécifique que les auteurs avaient constituée à partir de souches bactériennes et de levures de référence et inoculées dans des flacons d’hémoculture. Cette utilisation de la spectrométrie de masse devrait rapidement se généraliser dans les CHU, d’autant que les laboratoires de microbiologie se dotent de plus en plus souvent de cette nouvelle technologie pour une utilisation en routine, en remplacement des techniques phénotypiques conventionnelles. Cette extension de son utilisation aux hémocultures apparaît donc comme une aide essentielle pour la prescription d’antibiotiques en urgence. Référence bibliographique Ferroni A, Suarez S, Beretti JL et al. Real-time identification of bacteria and Candida species in positive blood culture broths by Matrix-Assisted Laser Desorption Ionization-Time of flight mass spectrometry. J Clin Microbiol 2010;48:1542-8. Le comité de rédaction a lu pour vous niveau de charge virale (ARN du VHC < 800 000 UI/ml ou ≥ 800 000 UI/ml. Les 1 088 patients inclus ont été randomisés en 3 groupes de traitement : ➤➤ un groupe recevant le télaprévir (TVR) associé à PEG-IFN + RBV pour 12 semaines (T12PR), suivis par PEG-IFN + RBV pour 12 semaines si la charge virale du VHC était indétectable à S4 et S12 ou 36 semaines en cas de charge virale du VHC détectable à S4 ou S12 ; ➤➤ un groupe recevant TVR et PEG-IFN + RBV pendant 8 semaines et un placebo du TVR pendant 4 semaines (T8PR), suivis pour 12 ou 36 semaines de PEG-IFN + RBV selon le même schéma que le premier groupe ; ➤➤ un groupe recevant PEG-IFN + RBV + un placebo du TVR pendant 12 semaines, suivis de 36 semaines de PEG-IFN + RBV (groupe PR). Le TVR était administré à la dose de 750 mg toutes les 8 heures au cours du repas. Le PEG-IFNα-2a était administré par voie sous-cutanée à la dose de 180 μg par semaine. La posologie de RBV retenue était de 1 000 mg/j ou 1 200 mg/j selon que le poids des patients était inférieur ou supérieur à 75 kg. Pour les bras TVR, l’arrêt du traitement était défini par un ARN du VHC > 1 000 UI/ml à S4 (mais poursuivant PEG-IFN + RBV). Pour l’ensemble des patients, le traitement était arrêté à S12 si la charge virale avait diminué de moins de 2 log ou en cas de charge virale détectable confirmée entre S24 et S40. La mesure de la charge virale du VHC était réalisée avec le test COBAS TaqMan HCV-RNA Assay®, dont la valeur limite de détection est de 10 UI/ml. Le critère principal de jugement était la proportion de patients ayant une réponse virologique soutenue (RVS), définie par une charge virale indétectable 24 semaines après l’arrêt du traitement. Les résultats montrent qu’une RVS est significativement plus souvent obtenue chez les patients recevant du TVR : 75 % dans le groupe T12PR, 69 % dans le groupe T8PR, 44 % dans le groupe PR (p < 0,001). La réponse à S4 montre un avantage très significatif des 2 groupes TVR (T12PR : 68 %, T8PR : 66 %, PR : 9 %). Parmi les patients ayant une réponse virologique précoce telle que définie précédemment et ayant reçu 24 semaines de traitement, 89 %, dans le groupe T12PR, et 83 %, dans le groupe T8PR, ont eu une RVS. L’analyse des sous-groupes montre une meilleure réponse des patients ayant un génotype 1b versus 1a et une moins bonne réponse des patients ayant une fibrose avancée ou une cirrhose (T12PR : 62 %, T8PR : 53 %, PR : 35 %). Les répondeurs-rechuteurs sont également moins fréquents dans les groupes T12PR (9 %) et T8PR (9 %) que dans le groupe PR (28 %). En termes de tolérance, l’incidence des troubles digestifs (nausées, diarrhées), prurit, rash et anémie est toujours supérieure de 10 % dans les bras TVR par rapport au bras PEG-IFN + RBV. Au final, 10 % des patients du bras T12PR, 10 % de ceux du bras T8PR et 7 % du bras PR ont dû interrompre définitivement le traitement en raison d’effets indésirables. Le plus souvent, c’est le rash qui conduit à l’arrêt du traitement dans le bras TVR (versus 7 % dans le bras T12PR et 5 % dans le bras T8PR). Un cas de syndrome de Stevens-Johnson est survenu 11 semaines après le début du traitement. Les anémies étaient également plus fréquentes dans les bras TVR. Enfin, en termes de résistance, le taux d’échec virologique était similaire dans les bras T12PR et T8PR (3 %) au cours des 12 premières semaines. Jean-Luc Meynard, Paris REVUE DE PRESSE Commentaire Cette étude montre un bénéfice du TVR chez les patients de génotype 1 naïfs de traitement en termes de RVS (75 % versus 44 %). L’association TVR ou PEG-IFN + RBV sur 12 semaines permet de réduire la durée totale du traitement à 24 semaines dans la majorité des cas. Référence bibliographique Jacobson IM, McHutchison JG, Dusheiko G et al. Telaprevir for previously untreated chronic hepatitis C virus infection. N Engl J Med 2011;364:2405-16. Efficacité du télaprévir chez les patients en échec de traitement Le TVR a également été évalué chez des patients en échec de traitement préalable. Globalement, 60 % des patients de génotype 1 infectés par le VHC ne sont pas répondeurs au traitement conventionnel PEG-IFN + RBV (absence de RVS telle que définie précédemment). On distingue 3 catégories parmi ces patients en échec : ➤➤ les non-répondeurs, définis par une diminution de la charge virale < 2 log à S12 ; La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVI - no 4 - juillet-août 2011 | 151 rEVUE DE PrEssE Le comité de rédaction a lu pour vous ➤ les répondeurs partiels, définis par une réduction de la charge virale > 2 log à S12 mais gardant une charge virale détectable pendant le traitement ; ➤ les répondeurs-rechuteurs, définis par une charge virale indétectable à la fin du traitement mais une rechute dans les 6 mois après l’interruption du traitement. La publication de cette étude dans ce même numéro du NEJM montre l’intérêt du TVR chez les patients en échec de traitement antérieur. La randomisation était stratifiée en fonction de la charge virale (< ou > 800 000 UI/ml) et de la réponse à un traitement antérieur (nonrépondeurs, répondeurs partiels, répondeurs-rechuteurs). Les patients étaient randomisés en 3 groupes : ➤ le groupe T12PR48, qui recevait le TVR pendant 12 semaines et PEG-IFN + RBV pendant 48 semaines ; ➤ le groupe T12PR48, avec une phase de lead-in de 4 semaines de PEG-IFN + RBV, suivi de 12 semaines de TVR + PEG-IFN + RBV puis 32 semaines de PEG-IFN + RBV ; ➤ le groupe témoin (PR48), qui recevait PEG-IFN + RBV pendant 48 semaines. Le critère principal de jugement était défini par la population de patients répondeurs (RVS = charge virale indétectable 6 mois après la fin du traitement). Parmi les 833 patients inclus, 653 ont pu être randomisés : 26 % d’entre eux étaient au stade de cirrhose, 53 % étaient répondeurs-rechuteurs, 19 % étaient répondeurs partiels et 28 % étaient non-répondeurs. L’adjonction du TVR permettait d’augmenter significativement le pourcentage de RVS chez les répondeurs-rechuteurs : 83 % dans le groupe T12PR48, 88 % dans le groupe T12PR48 avec lead-in, et 24 % dans le groupe témoin. On observait aussi un bénéfice chez les patients non répondeurs à un traitement préalable : 41 % dans les 2 groupes T12PR48 versus 9 % dans le groupe témoin, incluant les patients avec réponse partielle (59 %, 54 % et 15 %) et les non-répondeurs (29 %, 33 %, 5 %). Le taux de RVS n’était pas significativement différent, que les patients aient ou non bénéficié d’une phase de lead-in. L’analyse en sous-groupes montrait également un bénéfice du TVR chez les patients ayant une cirrhose ou une charge virale élevée. Comme dans l’étude chez les patients naïfs, les effets indésirables, en particulier l’anémie ou la leucopénie de grade 3, étaient plus fréquents chez les patients des groupes TVR que chez ceux du groupe témoin (37 % versus 22 %). Commentaire Le TVR permet d’augmenter significativement le taux de RVS chez des patients en échec de réponse à un traitement antérieur. En revanche, la phase de lead-in ne présente aucun intérêt particulier. J.L.M. Référence bibliographique Zeuzem S, Andreone P, Pol S et al. Telaprevir for retreatment of HCV infection. N Engl J Med 2011;364:2417-28. Annoncez-vous ! Les annonces professionnelles : un service fait pour vous ! ^ une deuxième insertion gratuite pour les abonnés ^ des tarifs dégressifs pour les collectivités ^ des annonces professionnelles gratuites pour les étudiants Contactez Valérie Glatin au 01 46 67 62 77 ou faites parvenir votre annonce par mail à [email protected] 152 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVI - no 4 - juillet-août 2011