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rEVUE DE PrEssE Le comité de rédaction
a lu pour vous
150 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVI - no 4 - juillet-août 2011
Identification de bactéries et de levures à partir
de flacons d’hémoculture
Un protocole d’utilisation de la technique de spectrométrie
de masse (dite MALDI-TOF) permettant l’identification de 98 %
des bactéries et des levures habituellement isolées en milieu
hospitalier a été mis au point.
Depuis peu, l’identification des bactéries et des levures par spectrométrie de masse de type
MALDI-TOF (Matrix-Assisted Laser Desorption Ionisation Time-of-Flight) connaît un essor
considérable. Jusqu’à présent, cette technique était applicable uniquement sur des colonies
préalablement isolées à partir de l’ensemencement du prélèvement sur milieu gélosé. Dans
cet article, A. Ferroni et al. (hôpital Necker, Paris) décrivent le protocole qu’ils ont mis au point
pour identifier bactéries et levures directement à partir de flacons d’hémoculture positifs,
avec l’avantage majeur de supprimer le délai nécessaire à la croissance de colonies sur milieu
gélosé ensemencé à partir du flacon positif (24heures le plus souvent). En appliquant leur
protocole à 373hémocultures cliniques monomicrobiennes, ils ont ainsi démontré que
plus de 98 % des bactéries (n=362) et Candida (n=11) pouvaient être identifiées dans
les 20minutes qui suivent la détection de la positivité du flacon sanguin par l’automate
d’hémoculture. Cela est particulièrement utile, car la spectrométrie de masse, à la différence
de l’examen direct avec coloration de Gram, permet de distinguer Staphylococcus aureus de
S.epidermidis ainsi que les entérobactéries des Pseudomonas et des Acinetobacter, ce qui
est crucial pour le choix de l’antibiothérapie. Les auteurs soulignent que si la spectrométrie
ne permet que rarement de distinguer Streptococcus pneumoniae de S.mitis, l’utilisation
du test d’agglutination Slidex pneumo-Kit
®
évite de retarder l’identification de l’espèce.
Ces résultats démontrent que la spectrométrie de masse MALDI-TOF est actuellement la
technique la plus rapide pour identifier la majorité des micro-organismes responsables de
la positivité des hémocultures en milieu hospitalier.
André Paugam, Paris
Commentaire
Ce n’est pas la première fois qu’une équipe utilise
directement la spectrométrie de masse à partir de
flacons d’hémoculture positifs, mais cette étude
est la première à obtenir des résultats aussi perfor-
mants pour les bactéries et les Candida. Cela est à
mettre en rapport avec la mise au point d’un proto-
cole qui a optimisé la préparation de l’échantillon
avant l’analyse par spectrométrie (centrifugation
et réactifs) d’une part, et l’identification des profils
protéiques obtenus d’autre part, en les confron-
tant non pas à la banque utilisée pour identifier les
bactéries ou les levures à partir des colonies, mais
à une banque spécifique que les auteurs avaient
constituée à partir de souches bactériennes et de
levures de référence et inoculées dans des flacons
d’hémoculture. Cette utilisation de la spectromé-
trie de masse devrait rapidement se généraliser
dans les CHU, d’autant que les laboratoires de
microbiologie se dotent de plus en plus souvent
de cette nouvelle technologie pour une utilisa-
tion en routine, en remplacement des techniques
phénotypiques conventionnelles. Cette extension
de son utilisation aux hémocultures apparaît donc
comme une aide essentielle pour la prescription
d’antibiotiques en urgence.
Référence bibliographique
Ferroni A, Suarez S, Beretti JL et al. Real-time identifica-
tion of bacteria and Candida species in positive blood
culture broths by Matrix-Assisted Laser Desorption Ioni-
zation-Time of flight mass spectrometry. J Clin Microbiol
2010;48:1542-8.
Hépatite C : efficacité du télaprévir
chez les patients naïfs de traitement
et chez les patients en échec
L’histoire naturelle de l’hépatiteC chronique a montré qu’elle pouvait se compliquer de
fibrose hépatique, cirrhose, hypertension portale et carcinome hépatocellulaire. Chez le
patient mono-infecté, le traitement associant interféron pégylé et ribavirine (PEG-IFN+RBV)
permet l’éradication du virus chez 40 à 50 % des patients naïfs de traitement, porteurs du
génotype1. Le télaprévir, inhibiteur de protéase du VHC, apporte un véritable bénéfice, à
la fois chez les patients naïfs mais aussi chez les non-répondeurs à un premier traitement.
Deux articles publiés dans le même numéro du New England Journal of Medicine montrent
un bénéfice significatif en termes d’éradication virale.
Efficacité du télaprévir chez les patients naïfs
de traitement
Pour être inclus, les patients devaient être indemnes de tout traitement pour une hépatiteC,
ne pas avoir de cirrhose décompensée et ne pas être co-infectés par le VIH ou le VHB. La
randomisation était stratifiée selon le sous-type du génotype1 (a, b ou inconnu) et selon le