Notations Dans tout le problème, n désigne un nombre entier, supérieur ou égal à 2 sauf mention explicite du contraire, et [[1, n]] l’ensemble des nombres entiers compris entre 1 et n. Lorsque le R-espace vectoriel Rn est muni de son produit scalaire usuel, qui en fait un espace euclidien de dimension n et pour lequel la base canonique Bn = (e1 , . . . , en ) est orthonormale, on le notera plutôt En . Dans la R-algèbre L(Rn ) des endomorphismes de Rn , l’élément-unité sera noté in (identité dans Rn ) et la composition sera écrite multiplicativement. Si f et g sont deux éléments de L(Rn ), f 2 désignera donc l’application composée f ◦ f et f g l’application composée f ◦ g. On dira que f et g commutent si f g = gf . On notera Mn la R-algèbre des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels, 0n son élément nul et In son élément-unité. Les coefficients d’une matrice M de Mn seront notés M [1, 1], M [1, 2], . . ., M [n, n], où M [i, j] désigne, pour tout couple (i, j) d’éléments de [[1, n]], le coefficient situé dans la i-ème ligne et la j-ème colonne de M . On dira que deux éléments M et N de Mn commutent si M N = N M . On appellera polynôme caractéristique de la matrice M le polynôme unitaire χM de C[X] défini par : ∀z ∈ C, χM (z) = det (zIn − M ). On appellera valeurs propres complexes de M les racines de χM dans C, et valeurs propres réelles de M ses racines dans R, s’il en a. L’objet du problème est l’étude du spectre et la réduction des endomophismes antisymétriques de l’espace euclidien En , illustrée par l’exemple de l’endomorphisme an de Rn dont la matrice dans la base canonique est 0 −1 0 . ... . . 0 +1 0 −1 . . . . . . 0 0 +1 0 −1 .. . .. .. .. .. . . . . , An = .. .. .. .. .. . . . . . 0 0 +1 0 −1 0 0 . . . 0 +1 0 définie par : −1 si j = i + 1 +1 si i = j + 1 ∀(i, j) ∈ [[1, n]]2 , An [i, j] = 0 sinon Des quatre parties du problème, seules les parties 2 et 3 sont étroitement liées. La première partie est consacrée à l’endomorphisme a3 , la deuxième à des propriétés générales et à une décomposition des endomorphismes antisymétriques d’un espace euclidien, la troisième à la détermination de la dimension du commutant d’un endomorphisme antisymétrique. Dans la dernière partie, on revient à l’exemple des endomorphismes an pour décrire la distribution asymptotique de leurs valeurs propres. Partie 1 : cas où n = 3 0 −1 0 L’objet de cette partie est l’étude des propriétés de la matrice A3 = +1 0 −1 et de l’endomorphisme 0 +1 0 a3 de R3 qui lui est canoniquement associé. 1) a) Calculer la matrice A23 . b) Démontrer que l’endomorphisme a23 est diagonalisable. 2) a) Calculer le polynôme caractéristique de A3 . b) L’endomorphisme a3 est-il trigonalisable ? 3) a) Déterminer une base du noyau Ker a3 et de l’image Im a3 le l’endomorphisme a3 . b) Démontrer que, si un plan H de R3 d’équation αx + βy + γz = 0 est stable par a3 , alors (α, β, γ) est nécessairement un vecteur propre de la transposée tA3 de la matrice A3 . c) En déduire que Im a3 est le seul sous-espace vectoriel de R3 de dimension 2, stable par a3 . 2 d) Im a3 est-il le seul sous-espace vectoriel de dimension 2 de R3 stable par a23 ? 4) Démontrer qu’il existe une base orthonormale de E3 dans laquelle la matrice de a3 est : 0 0 0 √ 2. 0 − A03 = 0 √ 0 + 2 0 5) a) Calculer, pour tout entier naturel k, la matrice (A3 )k . b) En déduire exp (A03 ). c) Montrer que exp (a3 ) est une rotation de l’espace euclidien E3 , dont on précisera l’axe et l’angle, après avoir choisi une orientation de l’espace euclidien E3 et une orientation de l’axe de la rotation. Partie 2 : décomposition d’un endomorphisme antisymétrique Dans cette partie, E désigne un espace euclidien de dimension n, dont le produit scalaire (forme bilinéaire symétrique définie positive) est noté : h , i: E×E → R (x, y) 7→ hx, yi 1) Montrer que, pour tout endomorphisme f de E, les deux propriétés suivantes sont équivalentes : (i) ∀(x, y) ∈ E 2 , hf (x), yi = − hx, f (y)i (ii) ∀x ∈ E, hf (x), xi = 0. Un endomorphisme f de E qui vérifie ces deux propriétés est dit antisymétrique. On notera A(E) l’ensemble des endomorphismes antisymétriques de l’espace euclidien E, dont on admettra que c’est un sous-espace vectoriel du R-espace vectoriel L(E) des endomorphismes de E. 2) Montrer que, si un sous-espace vectoriel F de E est stable par un endomorphisme antisymétrique de E, son orthogonal F ⊥ l’est aussi. 3) Soit a ∈ A(E). a) Montrer que Ker(a) et Im(a) sont supplémentaires et orthogonaux. b) Montrer que l’endomorphisme de Im(a) induit par a est bijectif. c) En déduire que a peut être écrit sous la forme b ◦ p, où p est un projecteur orthogonal et b un automorphisme antisymétrique de Im(p) (pour le produit scalaire induit par celui de E). Cette décomposition est-elle unique ? 4) a) Soit B une base orthonormale de E et A la matrice dans la base B d’un endomorphisme a de E. Démontrer que a appartient à A(E) si et seulement si la matrice A est antisymétrique. b) Montrer, en utilisant son déterminant, qu’une matrice antisymétrique inversible ne peut être que d’ordre pair. c) Démontrer que, pour tout endomorphisme antisymétrique a de E, il existe une base orthonormale de E dans laquelle la matrice de a est,par blocs, de la forme 01,1 01,2 A= , 02,1 B où B est une matrice antisymétrique inversible de format 2k × 2k (avec k nombre entier natun rel inférieur ou égal à ), et où 01,1 , 01,2 , 02,1 sont les matrices nulles de formats respectifs 2 (n − 2k) × (n − 2k), (n − 2k) × 2k et 2k × (n − 2k). 5) Montrer que, pour tout endomorphisme antisymétrique a d’un espace euclidien de dimension 3, il existe une base orthonormale de cet espace dans laquelle la matrice de a est le produit par un scalaire α de la matrice A3 de la première partie. Partie 3 : commutant d’un endomorphisme antisymétrique 1) Pour tout nombre entier strictement positif p,on note B2p la matrice de M2p qui s’écrit par blocs : 0p −Ip B2p = . Ip 0p 3 a) Donner une condition nécessaire et suffisante pour qu’une matrice M = M1,1 M1,2 M2,1 M2,2 de M2p , décomposée en quatre blocs carrés de Mp commute avec B2p . b) En utilisant l’application linéaire M 7→ (M1,1 − M2,2 , M1,2 + M2,1 ), démontrer que la dimension de l’espace vectoriel des matrices qui commutent avec B2p est égal à 2p2 . c) Quelle est la dimension de l’espace vectoriel des matrices antisymétriques qui commutent avec B2p ? 2) Soit a un endomoprhisme antisymétrique de En . a) Montrer que les deux endomorphismes a et a2 ont le même noyau et la même image. b) Montrer que les valeurs propres de a2 sont négatives ou nulles. c) Montrer que, si x est un vecteur propre de a2 associé à une valeur propre strictement négative λ, le sous-espace vectoriel F de E engendré par les vecteurs x et a(x) est √ √ stable par a et il existe une base orthonormale (u, v) de F telle que a(u) = −λ.v et a(v) = − −λ.u. 3) On considère dans cette question un endomorphisme antisymétrique a de En , de rang r. On note λ1 , . . ., λH les valeurs propres non nulles de a2 (elles sont strictement négatives, d’après ce qui a été établi en 2˚b) et m1 , . . ., mH leurs ordres de multiplicité respectifs, en tant que racines du polynôme caractéristique de a2 . H P mh . a) Établir l’égalité r = h=1 √ b) Pour tout nombre entier h compris entre 1 et H, on pose αh = −λh et on note Fh le sous-espace propre de a2 associé à la valeur propre λh . On cherche dans cette question à établir l’existence d’une famille x1 , . . ., xph d’éléments du sous1 1 espace propre Fh tels que x1 , . . . , xph , a(x1 ), . . . , a(xph ) soit une base orthonormale de αh αh Fh . 1 i) Justifier l’existence d’un élément x1 de Fh tel que la famille x1 , a(x1 ) soit orthonormale. αh ii) On note k le plus grand nombre entier strictement positif pour lequel il existe k éléments x1 , 1 1 a(x1 ), . . . , a(xk ) soit . . ., xk du sous-espace propre Fh tels que la famille x1 , . . . , xk , αh αh orthonormale. Démontrer que, si x1 , . . ., xk sont des éléments de Fh ainsi choisis, il ne peut pas exister dans le sous-espace Fh un vecteur x non nul qui soit orthogonal au sous-espace vectoriel G de Fh 1 1 engendré par les vecteurs x1 , . . ., xk , a(x1 ), . . ., a(xk ). αh αh iii) Conclure. 4) En déduire qu’il existe une base orthonormale de En dans laquelle la matrice A de a est diagonale par blocs, avec pour blocs diagonaux h Bmh : la matrice 0n−r et les matrices α 0n−r α1 Bm1 . . . (0) A= . . .. (0) αH BmH 5) a) Démontrer que la dimension du commutant de a, c’est-à-dire de l’espace vectoriel des endomorH 1 P phismes de En qui commutent avec a est (n − r)2 + (mh )2 . 2 h=1 √ √ −3 + 5 −3 − 5 2 a) Vérifier que la matrice (A4 ) admet pour valeurs propres et · 2 2 b) Quelle est la dimension de l’espace vectoriel des matrices de M4 qui commutent avec A4 ? 4 Partie 4 : distribution asymptotique du spectre complexe de An 1) a) Soit M une matrice de Mn . Montrer que, si λ est une valeur propre complexe de M , il existe un nombre entier k compris entre 1 et n pour lequel : n P |M [k, j]|. |λ − M [k, k]| 6 j=1 j6=k b) En déduire que les valeurs propres complexes de An sont de la forme iβ, avec β réel compris entre −2 et +2. 2) Pour tout nombre entier n (> 2), on note Pn le polynôme caractéristique de la matrice An . a) Démontrer que, pour tout nombre complexe z, la suite (Pn (z))n>2 est solution d’une équation de récurrence linéaire à coefficients constants (qui dépendent de z). b) Calculer Pn (z) lorsque z 2 = −4. c) Montrer que, pour tout nombre réel x strictement compris entre −2 et +2, il existe deux nombres complexes µx et νx tels que : !n !n √ √ ix + 4 − x2 ix − 4 − x2 ∀n > 2, Pn (ix) = µx + νx . 2 2 Calculer les constantes µx et νx , en déterminant préalablement les valeurs qu’il faudrait assigner à P0 (ix) et P1 (ix) pour que la suite (Pn (ix))n>0 soit solution, pour z = ix, de l’équation trouvée en a). n+1 kπ ;1 6 k 6 , où byc désigne 3) Pour tout nombre entier naturel n, on note Sn = 2 cos n+1 2 la partie entière du nombre réel y. a) Démontrer que, pour tout nombre entier n > 2, l’ensemble des valeurs propres complexes de An est la réunion des deux ensembles iSn et −iSn . b) À l’aide des résultats de la partie 3, calculer, pour tout n, la dimension du commutant de an . c) Soit J un segment inclus dans [0, +2], non vide et non réduit à un point. i) Montrer que le nombre d’éléments de Sn qui appartiennent à J tend vers l’infini quand n tend vers l’infini. Card(Sn ∩ J) ii) Étudier la convergence de la suite . n n>1 5