Équation de Nagell-Ramanujan
Références : Francinou, Gianella, Exercices de mathématiques pour l’agrégation - Algèbre 1, p 166-171
Un corrigé de partiel sur la page de Lionel Fourquaux : https://www.normalesup.org/~fourquau/pro/teaching/
2011-2012/thno/exam1-corrige.pdf
L’équation diophantienne x2`32nn’admet que deux solutions px, nq:p1,2qet 1,2q.
Théorème.
Démonstration. On commence par remarque que xdoit être impair et que ně2.
Supposons que n2psoit pair. Alors on peut factoriser l’équation en 3“ p2p´xqp2p`xq.
Les seuls diviseurs de 3 étant 1 et 3, on a seulement deux solutions : p1,2qet 1,2q.
On prend nimpair plus grand que 3, d’où x2`30r4s.
L’équation est équivalente à x2`3
4x`i?3
2
x´i?3
22mavec mn´2.
Comme xest impair, on peut l’écrire x2k`1et on a pk`jqpk`j2q “ 2m.
On a besoin d’un lemme pour continuer.
L’anneau Zrjsest euclidien et Zrjsˆ“ t˘1,˘j, ˘j2u.
Lemme.
Démonstration. La norme Nest celle du corps quadratique Qpi?3qassocié à Zrjs, elle est définie par
Npx`i?3yq “ x2`3y2.
Soient x, y PQ, montrons que l’on peut trouver z0x0`jy0PZrjstel que Npz´z0q ă 1, avec zx`i?3y.
On a
Npz´z0q “ ´x´x0`y0
2¯2
`3´y´y0
2¯2
.
On choisit donc y0l’entier le plus proche de 2y, puis x0l’entier le plus proche de x´y0
2, ainsi on a
Npz´z0q ď ˆ1
2˙2
`3ˆ1
4˙2
ď1
4`3
16 7
16 ă1.
Maintenant prenons z1et z2dans Zrjs, et prenons z0PZrjstel que Nˆz1
z2´z0˙ă1.
Alors il vient z1z0z2`z2ˆz1
z2´z0˙et Nˆz2ˆz1
z2´z0˙˙Npz2qNˆz1
z2´z0˙ăNpz2q.
L’anneau Zrjsest bien euclidien.
Pour trouver les unités, il suffit de résoudre Npx`yjq “ 1.
Cela donne ´x´y
2¯2
`3y2
41.
D’où x2`y2´xy 1.
Puis
1ˇˇx2`y2´xyˇˇěx2`y2´ |xy| ě x2`y2
2.
Donc x2`y2ď2et les seuls cas possibles sont x,yP t´1,0,1u.
On retrouve bien l’ensemble 1,˘j, ˘j2u.
Adrien LAURENT 1 ENS Rennes - Université de Rennes 1
Montrons que 2 est irréductible dans Zrjs.
Si 2ab, avec Npaq,Npbq ‰ 1, alors 4Np2q “ NpaqNpbq, donc Npaq “ Npbq “ 2. Mais il n’existe pas
d’élément de Zrjsde norme 2.
En effet, si Npx`jyq “ 2, on a x2`y2´xy 2, donc x2`y2ď4. Donc xet ysont entre -2 et 2. On vérifie
qu’aucun des nombres possibles n’est de norme 2.
Comme Zrjsest euclidien, il est factoriel, donc par unicité de la décomposition en irréductibles, l’équation
pk`jqpk`j2q “ 2mdonne k`jα2let k`j2α´12m´lavec 0ďlďm.
αne peut être réel, donc c’est soit ˘j, soit ˘j2.
Or dans ce cas, en prenant la partie imaginaire, on a ˘?3
2?3
22let ˘?3
2?3
22m´l.
Comme on ne peut avoir lm´l0, on a une absurdité, ce qui conclut la preuve.
Remarques : Tristement, il y a une manière triviale de résoudre cette équation. En effet, dans F3, l’équation
diophantienne est x2“ p´1qn. Donc si nest impair, ´1est un carré modulo 3, ce qui est faux.
On peut tout de même garder ce développement car la vraie équation de Nagell-Ramanujan est x2`72n.
Pour celle-ci, il n’y a plus d’absurdité mais le raisonnement est trop complexe pour tenir en 15 minutes.
Ce développement ressemble au théorème des deux carrés dans les outils utilisés. Je ne pense pas que faire les
deux en développement soit une bonne idée.
Rappelons l’idée de pourquoi l’anneau des entiers algébriques de Qp?dqest Zr?dssi d2,3r4set Z«1`?d
2
si d1r4s.
Si on prend un élément non rationnel, son polynôme minimal est X2´TrpαqX`Npαq. Les entiers algébriques
sont donc les éléments de trace et de norme entière.
Il s’agit ensuite de détailler ce que cela veut dire sur αet on trouve le résultat.
Adapté du travail de Alexandre Bailleul.
Adrien LAURENT 2 ENS Rennes - Université de Rennes 1
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