qui peut être le siège de nouvelles lésions d'EBO.
- Un transplant gastrique entier ou tubulisé est essentiellement utilisé. Un transplant colique expose
moins l'
œsophage restant au reflux acide et biliaire et donne un meilleur résultat fonctionnel chez les
patients à longue espérance de vie. Cependant la réalisation d'une coloplastie est plus difficile
techniquement et expose à une morbidité supérieure à celle de la gastroplastie.
En pratique : les 2 situations cliniques habituellement rencontrées
- Indication pour cancer infiltrant : le pronostic des formes infiltrantes dépend du stade tumoral
avec des résultats proche des formes épidermoïdes de l'oesophage. Il n'existe pas de technique
chirurgicale de référence. La prise en charge est semblable à celle du carcinome épidermoïde de
l'
œsophage quant à la radicalité de l'éxérèse et à l'importance du curage ganglionnaire d'ou l'importance de
l'expérience, des habitudes et des convictions des opérateurs.
- Indication pour dysplasie de haut grade : lorsqu'une indication d'oesophagectomie est retenue, un
carcinome infiltrant est retrouvé dans 40% des cas sur la pièce d'oesophagectomie (dont 75% de pT1 et
10% de N+). La survie est proche de 90% à 5 ans pour les pT1 et l'intérêt du curage ganglionnaire n'est
pas évident (4% des patients). L'oesophagectomie sans thoracotomie avec plastie colique anastomosée
au cou paraît offrir un bon compromis carcinologique et fonctionnel chez ces patients à longue espérance
de vie. Certains auteurs ont même proposé, en l'absence de curage ganglionnaire médiastinal extensif une
oesophagectomie avec préservation des nerfs vagues afin d'améliorer les résultats fonctionnels. Une
résection limitée du bas œsophage avec anse grêle interposée entre l'œsophage et l'estomac selon la
technique de Merendino a également été rapportée. La mucosectomie endoscopique représente une
alternative thérapeutique en cas de lésions de dysplasie de haut grade. Elle va permettre de réaliser de
véritables macrobiopsies permettant une étude précise du caractère infiltrant ou non des lésions. En
l'absence d'ADK infiltrant, une surveillance rapprochée sera nécessaire afin de dépister une récidive. En
cas de forme infiltrante (50%), une oesophagectomie doit être rediscutée en raison de
«
l'impasse
ganglionnaire
»
imposée par cette technique même si les patients ont été initialement sélectionnés par
échoendoscopie pour staging tumoral pariétal et ganglionnaire.
B
- Traitement néo-adjuvant
Il ne se conçoit que dans les formes infiltrantes. Depuis les résultats prometteurs de l'étude de Walsh et
al. (4), de nombreuses équipes ont rapporté leur expérience de traitement néoadjuvant par radio-
chimiothérapie avant oesophagectomie pour carcinome épidermoïde ou adénocarcinome de l'œsophage
avec des résultats variables (5,6). Il n'existe pas de consensus sur l'intérêt du traitement néoadjuvant en
cas d'ADK sur EBO. Il est actuellement recommandé d'inclure les patients présentant un adénocarcinome
de l'
œsophage qu'il soit développé ou non sur EBO dans des études randomisées (chirurgie seule ou
précédée de radio-chimiothérapie). En France, l'étude de la FFCD 99-01 tente actuellement de répondre à
cette question chez les patients présentant un cancer du 1/3 inférieur de l'œsophage susceptible de
bénéficier d'une chirurgie à visée curative.
Pronostic
Dans les formes infiltrantes, le pronostic est proche des formes épidermoïdes. L'objectif est de sélectionner des patients
susceptibles de bénéficier d'une résection à visée curative permettant d'obtenir une survie à 5 ans de l'ordre de 40% (1,7).
Dans les formes infiltrantes mais superficielles (50% des oesophagectomies pour dysplasie de haut grade,
cancer découvert par surveillance d'EBO) la survie à 5 ans après chirurgie est supérieure à 80% (90% pour
les formes pT1). Ce pronostic favorable est en faveur d'une surveillance rapprochée des lésions d'EBO et
plaide pour une oesophagectomie en cas de lésion de dysplasie sévère chez les équipes entraînées avec
une mortalité opératoire inférieure à 5%.
Références
1 Collard JM. Exclusive radical surgery for esophageal adenocarcinoma. Cancer 2001; 91: 1098-1104.
2. Orringer MB, Marshall B, Iannettoni MD. Transhiatal esophagectomy: clinical experience and
refinements. Ann Surg 1999; 230: 392-403.
3 Hulscher JB, Van Sandick JW, De Boer AG, et al. Extended transthoracic resection compared with limited
transhiatal resection for adenocarcinoma of the esophagus. N Engl J Med 2002; 347: 1705-1709.
4 Walsh TN, Noonan N, Hollywood D, Kelly A, Keeling N, Hennessy TPJ. A comparison of multimodal
therapy and surgery for esophageal adenocarcinoma. N Engl J Med 1996; 335: 462-467.
5 Adham M, Baulieux J, Mornex F, De la Roche de Bransat E, Ducerf C, Souquet JC, Gerard JP. Combined
chemotherapy and radiotherapy followed by surgery in the treatment of patients with squamous cell
carcinoma of the esophagus. The Croix Rousse experiences. Cancer 2000 ; 89 : 946-954.
6 Bloom D, Peters JH, DeMeester TR. Controversies in the current therapy of carcinoma of the esophagus.
J Am Coll Surg 2002; 195: 241
-50.
7 Mariette C, Balon JM, Piessen G, Fabre Sylvain, Van seuningen I, Triboulet JP. Pattern of recurrence
following complete resection of esophageal carcinoma and factors predictive of recurrent disease. Cancer
2003 ; 97 :1616
-1623.