N° 15-2016 Luxembourg, 11 mai 2016 Note de Conjoncture n°1-2016 Sous la pression des marchés Si l'année 2015 s'est soldée par une progression du PIB proche de 5%, la croissance devrait ralentir cette année sous l'effet d'un environnement économique extérieur moins favorable, notamment pour les activités financières. Le STATEC anticipe ainsi une hausse du PIB de 3.1% en 2016, puis une amélioration à +4.6% pour 2017. Une croissance mondiale plus faible qu'escompté La conjoncture internationale manque d’élan avec des conséquences systémiques: la faiblesse de la croissance dans les pays émergents comme dans les pays développés, en particulier la zone euro, pèse sur la demande globale. Ce phénomène induit une faiblesse des investissements, de l’inflation (dont celle des matières premières) et du commerce international. Le baisse des prix des matières premières renforce la baisse de la demande des pays qui les produisent et diminue les revenus provenant du commerce international des pays développés, le tout réduisant les perspectives de croissance et d’emploi des pays émergents comme des pays développés. A cela s’ajoute une volatilité accrue des marchés financiers. Si les principales organisations internationales (Commission européenne, OCDE, FMI) ont toutes revu leurs prévisions à la baisse sur les derniers mois, elles ont surtout beaucoup insisté sur l'émergence de nouveaux risques baissiers qui concernent de nombreuses régions du globe et notamment la zone euro. De bons résultats sur l'ensemble de 2015, mais une dynamique moins porteuse des services financiers à l'entrée de 2016 Au Luxembourg, l'activité économique a continué à faire preuve de dynamisme vers la fin de l'année écoulée, conduisant la croissance économique à près de 5% pour l'année 2015 (contre un peu plus de 4% par an sur les deux années précédentes). Le tournant vers 2016 a été marqué par un environnement financier international moins porteur, et l'évolution du secteur financier luxembourgeois – marqué par un ralentissement au 2ème semestre 2015 – devrait encore s'en ressentir cette année. Dans les autres branches d'activité, les indicateurs disponibles pour le début de 2016 – les plus récents étant ceux relatifs aux enquêtes d'opinion – envoient d'une manière générale des signaux très positifs, aussi bien pour l'industrie et la construction que pour les services non financiers. L'année en cours devrait ainsi voir la demande intérieure se renforcer par le biais de l'investissement et de la consommation privée, tandis que les échanges extérieurs devraient pâtir du moindre dynamisme des activités financières. Si la croissance économique a encore été relativement forte l'année passée, elle n'a pourtant pas généré de tensions notables sur les prix à la consommation, et cette tendance devrait largement perdurer en 2016. Cette absence de tensions inflationnistes est due à la faiblesse des prix mondiaux de matières premières (notamment du pétrole), à la disparition de l'impact de la hausse de la TVA de 2015, mais aussi à une modération de nature plus généralisée des prix à la consommation. Cette faiblesse de l'inflation, plus marquée que prévue, contraint aussi celle des salaires par le biais du système d'indexation automatique et, par ricochet, contribue aussi au freinage des dépenses et recettes publiques. Prévisions de croissance: +3.1% en 2016, +4.6% en 2017 La faiblesse relative de la demande mondiale ne toucherait pas le Luxembourg de plein front, mais indirectement via le ralentissement de ses partenaires commerciaux. L’évolution macroéconomique au Luxembourg se caractériserait en conséquence par un ralentissement de l’activité en 2016 avec un taux de croissance réel de quelque 3% contre près de 5% encore en 2015. Le marché du travail quant à lui se porte bien, avec une tendance baissière du chômage qui se confirme au début de 2016 et des offres d'emploi nettement orientées à la hausse. Essentiellement conduit par les frontaliers, l’emploi intérieur progresserait à hauteur de 2.9% en 2016, principalement en réaction – décalée – à la forte hausse de l’activité en 2015. La volatilité persistante des marchés financiers et leur tendance baissière au croisement de 2015 et 2016 a amené le STATEC à réviser vers le bas ses hypothèses en la matière (surtout pour 2016). Malgré cette correction, la croissance prévue pour 2016 (+3.1%) n'est révisée que marginalement par rapport à celle formulée dans la précédente Note de Conjoncture (+3.4%). Il faut dire qu'entretemps, l'acquis de croissance à l'issue de 2015 a été nettement revu à la hausse, l'activité économique ayant été plus forte qu'escomptée sur la fin de l'année passée. Dans l’hypothèse d’une amélioration de la croissance dans la zone euro ainsi que des marchés financiers, l’activité économique devrait rebondir en 2017 avec une croissance de 4.6%. L’inflation (IPCN) remonterait à 1.3% après une quasi-stagnation en 2016. Le marché du travail réagit toujours avec un certain décalage aux fluctuations de l'activité. Ainsi, en 2017, il devrait faiblir à la suite de la croissance moins soutenue de 2016. Le chômage passerait de 6.8% à 6.4% en 2016, puis stagnerait en 2017. Les finances publiques dans une configuration moins favorable Pour les années 2016 et 2017, le STATEC s’attend à une légère dégradation du solde public nominal, qui passerait de 1.2% du PIB en 2015 à 0.3% pour 2017. Cette dégradation est davantage à relier à la faiblesse des recettes qu’à une hausse excessive des dépenses. Avec 3.6% de croissance en 2016, la progression des dépenses publiques serait en effet l’une des plus faibles jamais enregistrées. La faible inflation, qui retarde l'échéance des tranches indiciaires, ainsi que le ralentissement des investissements publics (ceux-ci resteraient à un niveau relativement élevé) en sont les principaux responsables. En conséquence, la part des dépenses totales dans le PIB atteindrait seulement 40.5% en 2017 alors qu’elle représentait encore près de 45% il y a cinq ans. Les recettes publiques n’augmenteraient que faiblement, à l’instar des deux années précédentes. Pour 2016 et 2017, le STATEC s’attend ainsi à des progressions de l’ordre de 3% par an (elles seraient parmi les plus faibles enregistrées depuis 2000). Les causes de cette modération sont multiples. D’une part, elles sont le fruit d’une conjoncture plutôt contrariée en 2016. En effet, la faiblesse de l’inflation, de la croissance réelle du PIB et la tendance baissière des marchés financiers impactent négativement les sources de revenus. D’autre part, elles sont le fait de mesures politiques en partie exogènes: la perte de TVA e-commerce, dont l’impact négatif se monterait à près de 2 points de PIB en 2017, et la réforme fiscale en faveur des ménages (-0.7 point de PIB). Prévisions macroéconomiques Institut national de la statistique et des études économiques 13, rue Erasme | L-1468 Luxembourg | www.statec.lu La Note de conjoncture n° 1-2016 est disponible gratuitement en format PDF sur le Portail des statistiques à l’adresse http://www.statistiques.public.lu/fr/publications/series/note-conjoncture/index.html. La version imprimée peut être commandée au STATEC, 13, rue Érasme à Luxembourg, tél. 247-84219 fax 26 20 19 02, email [email protected] au prix de 10.- hors prix d’envoi. Bureau de presse Guy Zacharias | Tél 247-84281 | Fax 26 20 19 02 | [email protected] Pour en savoir plus Bastien Larue I Prévisions et modélisation I Tél 247-84339 I [email protected] La reproduction totale ou partielle du présent bulletin d’information est autorisée à condition d’en citer la source. Institut national de la statistique et des études économiques 13, rue Erasme | L-1468 Luxembourg | www.statec.lu