Luxembourg, 7 novembre 2016
Croissance économique et qualité de vie font-elles
toujours bon ménage ?
Pas forcément si on regarde une analyse du STATEC. Pour la période 2009-2013, les résultats
montrent une augmentation du taux de pauvreté pour les travailleurs non qualifiés au
Luxembourg. Les indicateurs de santé indiquent eux aussi des conditions en dégradation.
Touchées sont les personnes âgées de 50 à 64 ans, avec un niveau d'éducation secondaire ou
tertiaire.
La croissance économique est certes favorable au développement, mais ne parvient pas toujours
à améliorer les conditions de vie de tous les individus. Donc, pour évaluer la croissance
qualitative d’une économie, le PIB, qui mesure la production des biens et de services, ne sont pas
suffisants. D’autres indicateurs, découplés du PIB, captant la protection de l’environnement, la
répartition des revenus et du patrimoine, de la qualité de la vie et du bien-être doivent
également être mis en perspective.
Découplage favorable : la croissance du PIB de plus de 25% entre 2005 et 2015 (voir graphique)
qui va de pair avec une réduction des émissions de CO2. Depuis 2014, elles sont en baisse de 19%
par rapport à 2005. Cette tendance met en exergue un des facteurs de la croissance qualitative,
qui peut être également évaluée à l’aide d’autres indicateurs tel que l’intensité carbone du PIB.
Ce dernier retrace la quantité de CO2 émise pour produire une unité de PIB, et a baissé de 35% en
10 ans.
Il y a aussi des découplages défavorables. Alors que le PIB a augmenté significativement, les
conditions de travail se sont dégradées. Pour la période 2009-2013, le nombre de chômeurs de
longue durée a augmenté. Les plus affectées sont les personnes âgées de 35 à 49 ans, et celles
avec une éducation primaire ou tertiaire. En outre, la part des individus travaillant plus de 50
heures par semaine a augmenté de 3.6% en 2009 à 6.5% en 2013. Avec à la clé une détérioration
de l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Comme dans la plupart des pays développés, la croissance économique que connait le
Luxembourg depuis de nombreuses années s’est traduite par une augmentation tendancielle des
inégalités de revenus, surtout depuis 2009. Les revenus continuent certes de progresser, mais en
grande partie par l’effet de l’inflation. En retirant cet effet, le pouvoir d’achat réel des ménages
de la classe moyenne a stagné depuis plusieurs années.