Olfaction-Gustation Unités d’enseignements Tête et Cou Année universitaire 2010-2011 Neuro-Physiologie Pr. Denis CHEMLA Physiologie Université Paris Sud 11 Usage exclusif Paris Sud 11 - DCEM1 Reproduction et diffusion externes interdites Olfaction (odeurs) et gustation (goût) • sens chimiques : stimulus chimique ---> chémorécepteurs • répondent à des substances chimiques - en phase gazeuse puis dissoutes dans les fluides des membranes nasales - dissoutes dans la salive • rôle essentiel de l ’olfaction dans le goût +++ perte de l ’olfaction ---> perte du goût (âge, accidents) • liens +++ avec la mémoire (olfaction) Olfaction - Odorat Sens qui permet la perception à distance des odeurs en phase gazeuse (> 300 000 corps odorants volatiles, pas d ’odeurs « de base ») Détecter et comparer les odeurs (attendues, inattendues), intégrer et mémoriser des odeurs nouvelles Vocabulaire odeur, olfaction, sentir, se sentir, nez, expressions imagées Complexité protection : feu, odeur de gaz émotions, organisation sociale, éducation, culture souvenirs, mémoire ? humains < chiens, insectes, rongeurs, serpents ? comportements instinctifs proie/prédateur sélection de la nourriture, accouplement et reproduction Prix Nobel 2004 de Médecine • Linda Buck et Richard Axel • Article dans la revue Cell (1991) • Repèrent, clonent et caractérisent 18 gènes codant pour une famille de récepteurs inédite : protéines à 7 segments transmembranaires exprimées uniquement dans les cellules olfactives. • Depuis: 3% du génome du rat ! Milliers de gènes codant pour des milliers de récepteurs olfactifs couplés à des protéines G Olfaction - Points remarquables • appareil récepteur = tache olfactive neuro-épithélium comportant 3 types de cellules ---> nerf olfactif ( Ière paire des nerfs crâniens +++) • bulbe olfactif pair, symétrique, expansion de l ’hémisphère cérébral (SNC) glomérules olfactifs, cellules mitrales • terminaisons complexes : cortex temporal antérieur et frontal Tache olfactive • appareil récepteur à la partie supérieure des fosses nasales (cornets sup.) • neuro-epithelium : 3 types de cellules 1. cellules souches basales ---> neurones olfactifs - particularité parmi les neurones de mammifères - croissance continue, dégénérescence, remplacement 2. neurones olfactifs = cellules sensorielles - durée de vie de 2 à 3 mois - leur remplacement diminue avec l ’âge - transduction des odeurs 3. cellules de soutien Neurones olfactifs (1) • neurones bipolaires = cellules sensorielles = cellules de Schultze • le chémorécepteur proprement dit se trouve au niveau des cils • les cils sont immobiles, car entourés de mucus qui piège (« trap ») les molécules olfactives • substance odorante ---> récepteur ---> dépolarisation Odorant Odorant chemical Na+ binding protein Inactive Active Gproteine ATP Adenylate cyclase Cytoplasm Na+ influx causes depolarization cAMP Depolarization of olfactory receptor cell membrane triggers action potentials in axon of receptor Neurones olfactifs (2) • dépolarisation : cils immobiles à la surface de l ’épithélium --> dendrite --> corps cellulaire ---> axone non myélinisé ---> les axones vont traverser la lame criblée de l ’ethmoïde et pénétrer dans la cavité crânienne ---> se terminent dans le bulbe olfactif • l ’ensemble des axones olfactifs (> 3 millions de chaque côté) qui traversent la lame criblée constitue le nerf olfactif = I ère paire des nerfs crâniens Neurones olfactifs (3) • généralistes et spécialistes - généralistes : réponse à une large gamme de molécules différentes. Prédominent chez les mammifères. Le plus souvent, réponse excitatrice - spécialistes : réponse étroite à un type de molécules. Ex: phéromones Insectes. Réponses + ou -. Vertébrés: pas de spécialistes phéromones ... - intermédiaires • Pas d ’odeurs de base mais nombreuses odeurs et stimuli naturels équivalents : fleurie (rose), éthérée (poire), musquée (musc), camphrée (eucalyptus), putride (oeufs pourris) , caustique (vinaigre) etc ...... • concentration odoriférante --> fréquence des PA et recrutement amplification (NO ?) • 350 (homme) à 900 (souris) gènes fonctionnels codant pour des récepteurs olfactifs ---> organisation sélective et topographique mais avec grande complexité, modulations, recouvrements (« overlap ») Mucus layer Bulbe olfactif • le pédoncule olfactif est une expansion de l’hémisphère cérébral (SNC) à la face inférieure (orbitaire) du lobe frontal. Il est renflée à son extrémité antérieure = bulbe olfactif • glomérule olfactif = unité anatomofonctionnelle de l ’olfaction = synapse entre les axones sensoriels et les dendrites des cellules mitrales nombreux synapses; cellules périglomérulaires dopamine (DA) rôle ? Glomérule olfactif • unité anatomofonctionnelle de l ’olfaction • synapse entre les axones sensoriels et les dendrites des cellules mitrales : glutamate (+). Convergence (ex: 1000 afférents pour une cellule mitrale). Il existe aussi des glomérules formés par synapse entre les axones sensoriels et les dendrites des cellules en aigrette (« tufted cells») • les glomérules sont modulés (convergence, inhibition, activation) - par les cellules périglomérulaires : GABA et (DA) - par les cellules granulaires (inhibition latérale) • différentes odeurs provoquent un certain type (« pattern ») d ’activité glomérulaire dans l ’espace, véritable image ou cartographie (« map ») de l ’odeur Technologies: use of voltage sensitive dyes, and 2- deoxyglucose autoradiography Odors activate distributed population of cells. Same cells activated on repeated exposure. Response of Olfactory Bulbs to an Odorant Molecule, with the Use of a Voltage Sensitive Dye. Trajet des axones des cellules mitrales en arrière pédoncule olfactif -----> trigone olfactif -----> 3 racines olfactives (externe, moyenne et interne) trajet direct et rétrocontrôles + interactions latérales (contraste, idem rétine !) Terminaisons corticales (1) • Historiquement, les neuroanatomistes estimaient que le système olfactif était associé à une région spécifique du cerveau, le rhinencephale. Puis, on a distingué le rhinencéphale proprement dit (paléocortex; odeurs; vertébrés inférieurs) qui formait avec les formations hippocampiques (archicortex; pulsions; vertébrés supérieurs) l’allocortex (archipallium) par opposition à l’isocortex (neopallium). Le terme rhinencephale est de moins en moins employé. Actuellement on distingue : Terminaisons corticales (2) • Structures olfactives : pédoncule olfactif, 3 racines olfactives, aire sensorielle temporale (entorhinale ou lobe piriforme) • Système limbique = allocortex hippocampique et mésocortex de transition (gyrus parahippocampique, gyrus cingulaire, insula) Terminaisons corticales (3) • Le signal de sortie (« output ») du bulbe olfactif est porté par les axones des cellules mitrales • Ces axones se projettent directement sur le cortex olfactif, sans relais en particulier diencéphalique et sans croiser la ligne médiane. • Cet accès sans relais est unique dans les systèmes sensoriels, tous les autres ayant un relais (moelle, le tronc cérébral ou le diencéphale) : système phylogénétiquement primitif. • Trois racines olfactives : externe, moyenne et interne. Terminaisons corticales (4) 1. Aire sensorielle : cortex temporal antérieur (lobe piriforme ou aire entorhinale). lieu de terminaison de la racine olfactive externe (strie olfactive latérale) 2. Aire d ’association et de centre réflexes : lobe frontal • racine olfactive moyenne (tubercule olfactif) ---> espace perforé antérieur • racine olfactive interne (strie olfactive médiale) en haut en dedans -> aire septale = aire paraolfactive + circonvolution sous-calleuse (en Avant: cortex frontal; en Arrière: le bec du corps calleux; en Haut: le corps calleux). Autres voies • Anatomiquement - noyau olfactif antérieur (bulbe olfactif) ---> commissure antérieure ---> connexions controlatérales - tubercules olfactifs ---> espace perforé antérieur (vaisseaux; DA) - groupe corticomédial ---> amygdale (peur, stress) - aire entorhinale latérale ---> hippocampe • Fonctionnellement - localisation, rehaussement : connexions controlatérales - aspects affectifs et émotionnels : système olfacto-limbique +++ - aspects réflexes (salivation, contraction gastrique) : liens avec l’hypothalamus et le tronc cérébral +++ - réponses d ’éveil : liens avec la formation réticulaire Système olfactif accessoire composés peu volatiles organe voméro-nasal bulbe olfactif accessoire nerf voméro-nasal serpents : accouplement et système proie/prédateur rongeurs : accouplement et reproduction (phéromones) Troubles olfactifs : explorations • Examen clinique problème du trijumeau (V) : informations via les thermorécepteurs et nocicepteurs de la muqueuse olfactive • Examen ORL : clinique, scanner ... (cause naso-sinusienne) • Méthodes subjectives seuil olfactif, discrimination olfactive, adaptation olfactive • Méthodes semi-objectives réflexes olfacto-pupillaire, olfacto-respiratoire • Méthodes objectives potentiels olfactifs au vertex : ondes 1 (trigéminale) et 2 (olfactive) • Imagerie fonctionnelle (IRMf) +++ Développements récents 1-Prix Nobel 2004 • gènes codant pour une nouvelle famille de récepteurs 2-Cellules souches du bulbe olfactif • cellules immatures à la partie profonde du cerveau, autour des ventricules latéreaux • grâce à la tenascine, molécule du bulbe olfactif, migrent en avant au niveau du buble olfactif • ---> neurones adultes • avantages et inconvénients mais à l’étude dans les lésions partielles de la moëlle épinière Gustation Rôles • sens développé : omnivore • saveurs : gustation + olfaction ---> percevoir les saveurs des corps liquides ou en solution • survie : les poisons sont pour la plupart amers la nourriture avariée est acide • familiarité : qu’est-ce que c’est ? localisation et texture • valeur nutritive : est-ce bien nutritif ? renouvellement des constituants de l ’organisme eau • plaisir : est-ce que ce sera bon ? Trois fonctions intriquées 1- qualité • quatre saveurs ++++ salé sucré acide amer • autres glutamate (« umami ») autres très discutés (amidon, astringence liée aux tanins,corps gras, ail) 2- intensité augmentation de la fréquence des PA et recrutement des neurones 3- plaisir facteurs génétiques, physiologiques et expérience/éducation Particularités sensorielles de la gustation • la langue est l ’organe du goût • les neurones répondent à > 1 des 4-5 stimuli • peu ou pas d ’organisation centrale topographie • l’organisation neuronale dépend de différents facteurs : génétique, environnement, état physiologique • influences olfaction « 80% du goût » olfaction rétronasale (troubles de l ’olfaction : âge, accidents) intrication : qualité-intensité-plaisir texture, thermorécepteurs, mécanorécepteurs, nocicepteurs Récepteurs sensoriels : bourgeons du goût (1) • > 10 000 bourgeons du goût (« buds ») • la muqueuse de la face dorsale et des bords de la langue est constituée d ’un épithélium stratifié pavimenteux présentant des saillies dermo-épidermiques : • les papilles linguales gustatives (on y trouve les bourgeons du goût) fungiformes : bords latéraux de la langue calciformes : V lingual non gustatives filiformes, sur toute la surface Bourgeons du goût (2) • corps ovoïdes • 3 types de cellulaires 1. cellules souches basales 2. cellules sensorielles gustatives (durée de vie = 10 jours) 3. cellules de soutien • expansion effilée recueille les excitations en solution dans la salive • à l’extrémité opposée : ramifications nerveuses Transduction 1. Interaction stimulus récepteur ---> dépolarisation ---> PA • stimuli ioniques (sels, acides) interagissent directement avec les canaux ioniques Na+ --> canaux sodiques (sensibles à l’amiloride) acides ---> canaux sensibles aux protons • stimuli plus complexes (sucres, acides aminés) se fixent sur une protéine réceptrice couplée à une G protéine ou à un 2ème messager (cAMP, IP3), ou à l ’association R-protéine G et canaux ioniques (amer) 2. Transmission PA ---> extrémité opposée de la cellule : influx calcique 3. Augmentation locale de calcium ---> vésicules de neurotransmetteurs 4. Libération dans la fente synaptique ---> dépolarisation du nerf afférent Voies périphériques de la sensibilité gustative 2/3 antérieur de la langue : VII bis (branche du VII) • salé, sucré, acide > amer • bods (salé), pointe (sucré), partie médiane (acide) 1/3 postérieur de la langue et « v » lingual : branche du IX • amer > acide > salé et sucré épiglotte, larynx, oesophage haut : X • eau > 4 saveurs Rappels sur VII, IX et X • nerf facial (VII) moteur = facial (VII) proprement dit (paralysies faciales +++) sensitivo-sensoriel = intermédiaire de Wrisberg (VIIbis) végétatif (glandes lacrymales et salivaires) • nerf glosso-pharyngien (IX) sensitivo-sensoriel principalement moteur (pharynx, voile) végétatif • nerf pneumogastrique ou vague (X) : SNA-PΣ (crâniosacré) végétatif +++ (muscles lisses, glandes) moteur (voile, 3ème temps pharyngé de la déglutition, larynx) sensitif Voies périphériques de la sensibilité gustative 2/3 antérieur de la langue : VII bis, branche du VII (facial) • salé, sucré, acide > amer • nerf lingual ---> corde du tympan ---> intermédiaire de Wrisberg (VIIbis) • ---> cellules en T dans le ganglion géniculé (rocher) • VIIbis ---> sillon bulbo-protubérantiel --> bord inférieur protubérance : partie sup. du noyau gustatif = région sup. du noyau du faisceau solitaire ou noyau du tractus solitaire NTS (« nucleus of the solitary tract NST ») (au dessus des noyaux respiratoire, barorécepteur et viscéral) 1/3 postérieur de la langue et V lingual : branche du IX (glossopharyngien) • • • • amer > acide > salé et sucré fibres nerveuses ---> ganglion d ’Andersch ---> bulbe : partie inférieure du noyau gustatif épiglotte, larynx, oesophage haut : X (pneumogastrique ou vague) • eau > 4 saveurs Divers : rôle annexe du Trijumeau (V) V2 (maxillaire sup.) : Sensibilité du palais et des gencives V3 (maxillaire inf.) : Sensibilité des 2/3 antérieurs de la langue (sensibilité du 1/3 postérieur de la langue : IX glossopharyngien) Muscles masticateurs Aliments : fraîcheur / consistance / irritation / picotements Voies centrales de la sensibilité gustative • • • • • région supérieure du noyau du faisceau solitaire (medulla oblongata) croisent la ligne médiane ruban de Reil médian relais à la partie moyenne du thalamus postéro-ventral projections 1. corticales (perception du goût) - aire du goût pariétale ascendante (ventrolatérales S1) à la partie inférieure de la pariétale ascendante - et partie antérieure de l ’insula 2. hypothalamus et système limbique-amygdale (composante affective) 3. réflexes médullaires du goût (PΣ) Circonvolution pariétale ascendante Somatotopie « homunculus » From Kandel et al., 1991 Voies réflexes • SNC ---> interneurones ---> neurones moteurs --> 2 types de réponse • réponses d ’ingestion protrusion de la langue salivation libération d ’insuline, secrétions gastriques avaler • réponses de protection mouvements de la bouche et du menton toux apnée salivation • ingestion et expériences ---> feed-back (+) et (-) ---> goût Séméiologie 1. Interrogatoire • agueusie, hypogueusie, paragueusie, hallucinations gustatives • qualité, intensité, topographie • Age? TC? Tabac ? Paralysie Faciale ? Infections ORL? Tumeurs ? Autres 2. Examen du goût • qualitatif (NaCl, saccharose,acide nitrique, quinine) / topographie • quantitatif (dilutions/seuil), stimulation électrique (sensation métallique) 3. Examen clinique • signes neurologiques associé; olfaction • examen clinique complet (deshydratation importante ?)