I. L´approche cognitive: La perception Pendant longtemps, les

Psychologie cognitive : la perception. Najoua Moualla. Année universitaire.2016-2017 Page 1
I. L´approche cognitive: La perception
Pendant longtemps, les psychologues ne voulant s'attacher qu'à ce qui est observable, n'ont
étudié que la partie visible du mouvement, c'est-à-dire l'organisation gestuelle extérieure.
Depuis une dizaine d'années on n'attribue plus uniquement l'efficacité du geste à cette seule
organisation. On se préoccupe davantage des mécanismes qui sont responsables de son
efficacité. Le geste est considéré comme l'aboutissement de toute une suite d'opérations
mentales qui vont déterminer, sa validité, sa réussite. La perception associe à la fois des
aspects du monde extérieur (les stimuli visuels) et votre propre monde intérieur (votre
connaissance préalable)
La première révolution cognitive consistera à poser que l’objet d’étude de la psychologie est
la représentation mentale et que le comportement n’est qu’un simple moyen d’accès objectif
permettant la reconstruction des propriétés des états mentaux. La psychologie cognitive
admet, de plus, que le psychisme peut être considéré comme un système de traitement de
l’information composé de modules fonctionnels autonomes, spécialisés et agencés dans une
architecture contrôlée par un système de supervision. Ce nouveau paradigme rendra possible
l’étude expérimentale de toutes les questions dont l’approche avait été suspendue, ou á peine
esquissée, par la psychologie du comportement : la représentation des connaissances et la
catégorisation (Anderson, Rosch), l’attention (Broadbent), le langage (Chomsky, Miller), la
mémoire (Miller, Quillian) et le raisonnement (Bruner).
Mais s’il devenait possible d’étudier expérimentalement la représentation mentale, il fallait
nécessairement en proposer une description opérationnelle.
C’est ce que réalisa la seconde révolution cognitive en décrivant les représentations mentales
sous la forme de symboles dont l’inscription physique dans le cerveau était postulé. L’esprit
pouvait alors être présenté comme le produit d’une manipulation formelle des symboles
opérée par le cerveau, assimilé lui-même à un système de traitement de l’information, à une
machine computationnelle. La pensée était donc structurée comme un langage formel….la
pensée était elle-même un langage, un « mentalais » (Fodor et Pylyshyn), 1988). Si le
comportement ne permettait pas d’atteindre la pensée, il fallait bien inventer l’outil
épistémique permettant de l’objectiver. En réduisant la pensée à un langage, le cognitivisme
faisait coup double : il définissait un véritable « comportement » logique et retrouvait ainsi un
indicateur observable et pouvant être simulé sur un ordinateur.
Parmi ces différentes opérations mentales, on peut noter le rôle capital joué par la perception
que l'on peut définir comme étant un recueil d'informations et qui vont lui permettre, parmi un
certain nombre de solutions, de décider celle qui est la plus appropriée.
Percevoir la situation, c'est en même temps la reconnaître
Comprendre la perception, c’est comprendre comment ça marche…
Le but des mécanismes perceptifs est d’acquérir des connaissances. Celles-ci sont de deux
types : conceptuelles et pragmatiques. Elles ne sont pas données, mais construites.
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Connaissances conceptuelles : reconnaissance des objets (visuels, auditifs etc.)
Connaissances pragmatiques : guidage et contrôle des actions, savoir-faire.
Le pratiquant prend ses informations:
dans son environnement,
son espace d'action,
comme dans son propre corps,
et il "traduit" cette masse d'informations en une séquence de mouvements adaptée aux
contraintes de la situation et à leur évolution.
La question qui se pose est de savoir quel est le rôle de la perception en matière de
motricité ? On peut répondre à cette question en disant que c'est :
être capable de rendre compte de son environnement et,
être capable de se situer dans cet environnement, ce qui implique le prélèvement
d'informations entre soi-même et son environnement.
I.1. APPROCHE COGNITIVE OU COMPUTATIONELLE
Elle vient de la théorie de la communication développée par SHANNON et WEAVER en
1949. Théorie importante qui est à l'origine de l'informatique, de la modélisation de la
transmission d'un message selon un schéma général de communication » qui comprend une
source, un transmetteur, un canal, un récepteur et un destinataire. Cela a permis de modéliser
la motricité permettant de mettre en évidence qu'entre une sensation et une activité motrice il
y a un schéma de transmission.
Dans un ordinateur, les informations sont traitées, c'est-à-dire quantifiées, codées, rangées,
ordonnées, combinées, comparées, en un mot computées.
I.1.1.Modèle du traitement de l'information
Le modèle de base du traitement de l’info comprend trois phases :
- encodage de l’information : c’est la saisie des informations par nos organes sensorielles
- stockage de l’information : c’est ce qui va nous permettre de la conserver.
- récupération de l’information : l’information va être réutilisée.
Le traitement est une transformation.
Rappel des principes de base de fonctionnement du système de traitement de
l'information (STI) :
1. le système traite de l'information ;
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2. opère par stade ;
3. utilise des mémoires
II. Les différents modèles
II.1.Modèle proposé par WELFORD en 1968. Premier modèle proposé par WELFORD
en 1968
(Entrée sensorielle)
ES Stade perceptif Stade décisionnel Stade moteur SM (sortie
motrice)
On situe donc trois étapes entre ES et SM.
Les stades sont répartis sur le versant perceptif, dont la fonction principale est d’identifier la
situation, le versant décisionnel, s’effectue le choix de la réponse et le versant moteur, au
cours duquel sont réalisées les opérations de programmation et de traduction des commandes
motrices.
II.2. Second modèle développé par THEIOS en 1975
Le modèle de Theios propose différentes étapes du traitement de l'information provenant
d'une source externe. Il reconnaît cinq stades :
Stade 1 : l'entrée dans le STI se fait au niveau de capteurs spécifiques de l'information
(œil pour l'information visuelle par exemple). Il s'agit de processus sensoriels
périphériques le signal est codé dans un langage qui puisse être transmis et traité
par le système nerveux central.
Stade 2 : le signal externe ainsi codé est comparé aux autres signaux internes codés
présents en mémoire : il est ainsi reconnu et identifié.
Stade 3 : le résultat de cette étape permet une recherche en mémoire de la réponse
globale associée à la situation ou la détermination d'une réponse en termes d'objectif.
Stade 4 : ainsi définie en termes de finalité, la commande motrice permet l'élaboration
progressive d'un programme d'action. Il s'agit de sélectionner et d'organiser les
instructions qui vont activer les effecteurs en fonction des conditions d'exécution de
l'action.
Stade 5 : enfin, le dernier stade prend en compte les opérations de transmission des
informations codées vers les effecteurs sélectionnés, le décodage de ces informations
et les ajustements de la réponse motrice (état des effecteurs).
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Entrée
Information,
signal
1
Procédure sensorielle. Capture + codage
Stades centraux
2
Identification du signal comparé aux autres signaux
présents en mémoire
3
Recherche d´une réponse globale associée à la
situation
4
Élaboration du programme d´action
Sortie motrice
5
Ajustement de la réponse motrice et processus moteur
Les stades 1 et 5 recouvrent des processus périphériques d'entrée et de sortie, les trois autres
sont centraux.
Les opérations qui ont lieu sur le versant perceptif (stades 1 et 2) sont sensibles aux
caractéristiques de l'information afférente et aux incertitudes liées au signal.
Sur le versant moteur (stades 3, 4 et 5) les processus impliqués se nourrissent des
informations spécifiques de la réponse et sont sensibles aux incertitudes qui concernent celles-
ci.
La mise en œuvre des différentes étapes de traitement de l'information fait l'objet d'une
succession de traitements de durées variables. Ainsi le TR représente le temps de mobilisation
du STI par l'information concernée.
Au stade 3, la décision intervient en termes d'objectif, de finalité, de projet d'action : il ne
s'agit pas de retrouver une réponse toute prête.
La sélection et l'élaboration progressive au stade 4 des moyens à mettre en œuvre sont donc la
conséquence d'une intention et de conditions initiales caractérisées (stade 3).
On peut penser que plus le programme est complexe, plus le temps de mobilisation du stade 4
est important, allongeant le TR {temps de réaction} dans les limites de capacité de traitement
du système.
De même, l'exécution d'un programme complexe devrait prendre plus de temps et affecter le
TM {temps moteur}. Il devrait donc s'en suivre, pour une réponse complexe au niveau
moteur, un allongement du TR et du TM, donc du TREQ {temps requis}, par rapport à une
action plus simple.
II.3. Troisième modèle développé par SANDER en 1990
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Le signal Prétraitement, extraction des caractéristiques du signal, Identification :
Versant perceptif ;
Sélection de la réponse Versant décisionnel
Programmation, chargement du programme, ajustement moteur versant moteur
Contrôle de l´exécution
Avec l'apport de ces modèles, on peut identifier de plus en plus précisément les mécanismes
mis en jeu pour apporter une réponse et on pourra par expérience savoir où agir pour diminuer la
maladresse d'un enfant par exemple.
Ainsi, nous étudions la circulation de l'information depuis le moment elle nous permet de
reconnaître les objets de notre environnement jusqu'au moment où elle nous permet de raisonner,
résoudre des problèmes et utiliser le langage.
Conclusion
Les stades selon les différents modèles sont répartis sur le versant perceptif, dont la fonction
principale est d’identifier la situation, le versant décisionnel, où s’effectue le choix de la réponse
et le versant moteur, au cours duquel sont réalisées les opérations de programmation et de
traduction des commandes motrices. L’exécution désigne la partie observable du mouvement.
Elle peut également faire intervenir des processus de traitement de l'information qui permettent
le contrôle (guidage) de la réalisation en cours.
Les auteurs ont ainsi construit un modèle simplifié du traitement de l'information qui va de
l'analyse de la situation jusqu'à la programmation du geste.
Enfin le versant moteur, chargé de la programmation motrice, est affecté sélectivement par des
variables telles que la vitesse d'exécution, l'amplitude du mouvement, sa direction, la précision
requise.
Ces modèles ont été validés et progressivement enrichis grâce à une méthode expérimentale
basée sur la mesure du temps de réaction : la chronométrie mentale.
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