CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 175 Mathématiques 2 1/6 CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES ÉPREUVE SPÉCIFIQUE FILIÈRE MP MATHÉMATIQUES2 Durée : 4 heures Les calculatrices programmables et alphanumériques sont autorisées, sous réserve des conditions définies dans la circulaire n O 86-228du 28 juillet 1986. On se propose détudier quelques propriétés des applications linéaires inversibles de IR" dans IR" ainsi que de leurs matrices. Dans tout ce qui suit, IR" (n E N*) est supposé muni de sa base canonique ordonnée 6~ désignant le symbole de Kronecker ( 6 =~1 si i =j et 69 = O si i # j ) . [ On choisit sur IR" la norme euclidienne usuelle : Ilxl12 = i x ? $ , an= ( e l ,..., en),ei = (6li,..., 6ni). avec x = ( x i ,..., xn). 2 (TIn)est l'ensemble des i=l applications linéaires de IRn dans IRn et fin@) est l'ensemble des matrices carrées réelles d'ordre n. Alors, c'%,(FI) défini par : "&y) est la matrice defrelativement à an.', est un isomorphisme dalgkbre : %(IRR)+ de (% (IR").+,.,o) sur W n ( R ) , + ; , x ) , où + désigne l'addition, . ddsigne la multiplication par les scalaires, O la composition des applications et x le produit matriciel. Sif E %@"), m"tée IfIl = sup(llf(x)l12 :llx112 I1> sera la norme subordonnéedefassociée à I Il2, on notera aussi I I la norme sur An@) par c'%.c'est à dire que llMll= On rappelle que (($(~R"),+;,O),~~1) et (&(R).+,.,x),II -'(M)JI ( M E &"(IR)). 1) sont des alghbres de Banach unitaires et que est un isomorphisme isométrique de la premihre algi?bresur la seconde :de ce fait toutes les propriétés, établies dans le texte, sur %@"> se transposent immédiatement sur &,@). On notera ln l'Clément neutre de On pose det :% (IR") + IR et (iR"),o) Det :&,(IR) et Jn celui de pn(IR), x). + IR, où dety) désigne le déterminant de f et Det(M) = d e t p -'(MI) est le déterminant de M. Soit M E &,(IR), M = (ai,,) signifie que ai,, est le réel situé sur la iitme ligne et lajieme colonne de M, a i j est une "entrée" de la iieme ligne et de la jieme colonne de M. CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 176 Mathématiques 2 2 / 6 Pour k E (1,..., n) on définit Lk :&(W) -+ W" par L k ( M ) = (ak.1,...,ak,")si M = (ai,,). Si L k ( M ) # (O ,...,O) on notera p ( k ) = min(j E {1,..., n} : ak,i # O} et on dira que ak,p(k) est "l'entrée principale" de Lk(M). Dans tout le problème, on appelle "groupe linéaire d'ordre n", et on note GL(R"), l'ensemble suivant : GL(W")= {f ES(W"): (3g)((g E% (W")) et (g O f = l,,))], (i.e. f E GL(W") si et seulement sifpossède une "inverse linéaire à gauche") de même GL,,(W) = A(GL(W"))sera le "groupe matriciel d'ordre n". La partie II est autonome ; la partie III peut se traiter en admettant 11.3.4. 1. On se propose, dans cette partie, d'établir les résultats de base relatifs aux groupes linéaires et matriciels. 1) Montrer que f~ GL(IR") si et seulement si f est une bijection linéaire de W" sur IR", (donc GL,,(R) n'est autre que l'ensemble des matrices inversibles d'ordre n ) et que ( GL(R"), f E GL(W") et si M 2) E O) et ( GL,,(R), X ) sont bien des groupes ; si GL,(R) on notera f-' et M-' leurs inverses dans ces groupes. : N 4%(W") par fo = In, f p+' = f SoitfE %(IR"), on définit (fP) 0 f ; on rappelle que si PEN 2.1 (fi....,f),)+ fi 2.2 b (donc M 3) Soit P E N ' , soit o...^ fp (fi, ...,fp) E@(R"))' montrer que : Bfi o...ofPll~ll~ll...llfpll l fl c 1, et en déduire que estcontinue (donc ( M i..., ,A l p ) + M l x . . . x M p est continueavec ( M , , . . . , M , ) E ~ , ( R ) ) ' ) . . Montrer que : (f+ g)-' - f-' (( = 1, + f-' o g)-' - Z,,) o f-' et en déduire que f + f-' est continue + M-' est continue). a. Montrer que Det est une application continue ;en déduire qu'il en est de même pour det. Montrer que GL(R") = GL+(W")uGL-(IR") (donc GL,,(R)=GL,+(R)uGL,,-(W)). Montrer que GL+(R"), GL-(W") sont ouverts (donc GL,,+(R) et CL,,-(W) sont ouverts). Montrer que (GL+(W"), O) et ( GL,,+(R), x ) sont des sous groupes de ( GL(W"), Qu'en est-il de G L W ) et GL,,-(W) ? 4) O ) et ( GL,,(W), x). CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 177 Mathématiques 2 3/6 5) Soitfes(IRn),ondéfinit u : R + W par:u(t)=det(f+t.I,) 5.1 Montrer que u est une fonction polynomiale de degré 11. 5.2 Montrer qu'il existe a GL(W") est dense dans %(IRn) E W,a > O tel que l'on ait : {f + t .In: f E ]O,a[}c GL(R"). En déduire que (donc GLn(W)est dense dans s*z,(R)). II. Dans cette partie, on montre comment on peut calculer l'inverse d'un élément de GLn(R) en utilisant des "transformations élémentaires" sur les lignes des matrices. Définitions : 1- Soit M = ( c r i , , ) . E &,(W); on dira que M est " L - réduite soit M est la matrice nulle (notée 0 , " si et seulement si : ), n n . soit, pour tout k E{l , . . . , ? i l tel que L ~ ( M ) # (,...,O) o alors a k , p ( k ) = I et C l a j , p ( k ) l = l j=l (où crk,p(k)est "l'entrée principale" de Lk(M)). ............... O 1 i O 0 ... O O oh Al,k,k = : 1 0 O h 0 0 1 O : '.. O . . . . . . . . . . . . . . . 0 O 1 où A * , k , p . ~s'écrit : 0 CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 178 Mathématiques 2 4/6 1 0 ..................... O 1 0 i 0 l O A2,k,p,h= O *.. O : . . . A ( ) . . . O 1 0 . . . . . . +$&me ligne O O O 1 ?pieme colonne ...... ...... 1 ( ) . . . O 0 1 ...O 0 0 ...O ...... ... + ligne :i 0 ...... 0 ...... 0 . . . 1 On définit alors &(n) = u &;(n), un élément de &/(il) s'appelle une matrice Clémcntaire d'ordre n. de type i s'il fs{1.2.3} appartient à €/i(n). 5- On appelle opération élémentaire de type 1, 2 ou 3 sur A,(R) et on note ( < k ,p ) E (1, ....r ~ } h~ E, IR) toute application (de 0 (n)= A,@\) dans An@)) du type : u O i ( n ) est l'ensemble des opérations élémentaires sur An@). iE{ 1.23) TI,,,,, $2,k,p,A. $3,k.!, CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 179 Mathématiques 2 5 / 6 6- Soit (M, N ) (.T(’) ,...,. ~ ( q )E) 1) on dira que N est “L (& E (n))q tels que : N = (.TC’)0 .Y(*) Soit M = (ai,j)E &,(R), 0 - équivalente” à M s’il existe q E N* et ...0 P ) ) ( M ) . calculer fl,k,h(M), f 2 , ~ ~ , h ( M f3,k,p(M)et ), donner une interprétation simple des opérations élementaires sur fi,@). 2) Calculer Det(Al,k,h), Det(A2,k,p,~), D e t ( A 3 , ~ et ~ )montrer que &(n) c GL,,(R). Calculer ( A l , k , ~ ) - ’ , (A*,~,,J)- 1, (A3,k,p)-1 d’équivalence sur &,(IR). et en déduire que la “ L - équivalence” est bien une relation est “ L - équivalente” à M, alors N E GL,,(R). Montrer que si M E GL,,(R) et si N E&,@) On se propose de montrer que tout Clément de &,(IR) est “L - équivalent” à une matrice “L - réduite” et ce, 3) en utilisant uniquement des opérations élémentaires de type 1 ou 2. Soit M = ( q i )E $.z,(R) (1) ....,J+ (on suppose que M f O&,), on suppose que pour k donné, k ( q ( k ) ) )E ~ 1 ( 1 t ) u 0 2 ( n ) ) q ( ~ ) tel que ~ ( k =) Q (1) 0 ...of E (1 ,..., r t } , on a pu trouver ( q ( k ) ) ) ( ~=)( a i , j ( k ) ) vérifie la propriété (Rk)). n ( ~ ( k ) :) pour tout i E { l ,...,k } , soit L , ( M ( ~ ) = ) (O ,...,O), soit ai,p,,,(k)=l et Cla,,p,,,(k)l=l (ai,p,,(k)étant j=1 “l’entréeprincipale” de Lj(M(k))). Si pour tout i E { k + l , . . . , n } on a Li(M(k))= ((),...,O) alors M(k) est “L - réduite”, de même si k = n ; de PIUS M et M ( k ) sont “L - équivalentes” par des opérations élémentaires de type 1 ou 2. Si M ( k ) est “L - réduite” c’est fini, sinon I soit nz(k) = min i E { k + I ,...,r t } : ~ i ( ~ ( kz )(O),....O ) ] . 3.1 Montrer qu’il existe f 1 , , , ( k ) , ~ ~ 8 1 ( n )tel que l’on ait : f ~ , ~ ( k ) , x [ M ( k=)M) ( k ) =(a;,,(@) vérifie (k) (k) ( P ( k ) ) ,et a ; n ( k ) , p ( , n ( k ) )= 1 (où a;,(k),p(m(k)) est “l’entrée principale” de L , , ( k ) ( M ( k ) ) ) . 3 . 2 Soit {il ,...,i n - [ } = {I,..., n } \ { r n ( k ) } , montrer qu’il existe M(,n(k)) =$?,il , , , ( k ) , ~ , ~0 ... tel que l’on ait : ,,,,(k),h,fl-l( ~ ( k ) vérifie ) ( ~ ( r n ( k ) )Montrer ), que ceci établit le résultat énoncé au début du 11.3. 3 . 3 On s‘intéresse à l’algorithme permettant de calculer les entrées de M(,(k)) à partir de la donnée de celles de M ( k ) . On pose, pour simplifier I‘écriture, M(k) = ai,^), m ( k ) = M , M(,(k)) = (b;,j) ; expliciter les formules permettant le calcul des bi,j à partir des ui,j . 3 . 4 Soit M E GL,(R), montrer que, si M est ”L - réduite”, il existe q E N* et )iei1,...ql E p301))q r 3 ~ 1 7 ~ 1 tels que e ) , k , , p l 0f3.k2,P2 o...0f3,k,,~,)(M)= J,. Montrer que M EGL,(R) si et seulement si M est un produit déléments de &(ri). III. Nous allons montrer que GL,,+(R),GL,-(R), GL+(R”),GL-@?“)sontconnexes par arcs. Il s’agit d’un résultat important et non évident, bien qu‘élémentaire. 180 CONCOURS COMMUNS POLYTECHNIQUES 1997 Mathématiques 2 6/6 A. Soit M 1. E GL,+(R) d'après 11.3.4, il existe (Bi)i,={l,.,.,m} E (Gl(n))" tel que l'on ait : M = BI x B2 x ...x B,, Montrer que { i E {l, . . . , n i } : B, E GL,-(R)) possède un nombre pair d'Cléments. 2. 3. 4. Montrer que w est continue, que w([O,I]) c GL,,-(R), et calculer o(0) et w( 1). li 5 . En utilisant ce qui précède, montrer qu'il existe O, o(0)= M et Lj(o(1))= &i . ei, &i E {-1, l} et {i E {l, ...,n} : 6. Soit { p , k } c (1 ,...,n}, p f O :[0,1] + GL,+(R), continue, telle que l'on ait : = -1} possède un nombre pair d'Cléments. D k , soit N ( p , k ) EJ%,(R)avec : Li(N(p,k))=ei si i ~ { p , k } Soit p:[o,~]+&,(R), L i ( P ( r ) ) = e i si i e { p , k } Lk(p(t)) = -cos(xt). ek +sin(xr). e p , Lp (p(t)) = -cos(nt) . e p - sin(xt). ek Montrer que p est continue, que p([O,l]) 7. E GL,+(R),et calculer p(0) et p(1). En utilisant III.A.5 et III.A.6, montrer qu'il existe p, p:[O,l]+ GL,+(R), p continue, telle que l'on ait p(0) = M, p(l) = J,. Déduire de ceci que GL,+(R) est connexe par arcs (donc GL+(R") est connexe par arcs). B . Soit M E GL,-(2), montrer, en s'inspirant de 1II.A qu'il existe v, v:[O,l] + GL,,-(R), v continue, telle que l'on ait : v(0) = M , v(1) = Al,,,-l Déduire de ceci que GL,-(R) est connexe par arcs (donc GL-(R") est connexe par arcs).