Documentation de base
L’information ci-dessous peut être utilisée pour compléter celle fournie dans le document 4.1, intitulé « Le
saumon géniteur ».
Le retour des saumons vers leur cours d’eau ou lac d’origine constitue une composante essentielle de
l’écosystème de la côte Ouest du Canada. Mais ce ne sont pas tous les saumons qui migrent vers la mer;
certaines populations de saumon n’ayant pas accès à la mer se développent et se reproduisent, sans jamais
migrer vers l’océan. Les saumons qui ont migré vers la mer doivent retourner au site de leur éclosion afin
d’y trouver un environnement propice au développement de leur progéniture. En effet, les œufs de saumon
et les fretins ne peuvent survivre dans l’eau salée ou dans les grands espaces non protégés de la mer.
La montaison des saumons permet à ceux-ci de prendre soin de leur progéniture et de sustenter d’autres
espèces, même après leur mort, en fertilisant de leur carcasse le milieu forestier. Les bassins
hydrographiques de la côte Ouest, notamment les lacs, cours d’eau et berges, sont souvent pauvres en
nutriments essentiels à la croissance des plantes, particulièrement en azote. Des études récentes ont montré
que les nutriments provenant de la mer apportent une contribution importante à la croissance des plantes et
des animaux dont les habitats se retrouvent le long des cours d’eau de frai. Les saumons géniteurs rapportent
ces nutriments de la mer et, lorsqu’ils meurent, leur carcasse renferme toujours ces nutriments marins.
Ceux-ci sont absorbés par les animaux qui se nourrissent des carcasses de saumon. Une seule carcasse peut
nourrir des milliers de larves d’insectes, lesquelles servent de nourriture aux fretins qui passeront l’hiver
dans les lacs et les rivières. Les algues, champignons et bactéries vivant dans l’eau absorbent eux aussi les
nutriments marins avant de mourir et d’alimenter les petits invertébrés, lesquels sont ensuite dévorés par les
fretins de saumon. La pauvreté de la nourriture retrouvée dans les lacs et cours d’eau forestiers,
comparativement à celle des estuaires ou des océans, fait en sorte que de nombreuses espèces ne pourraient
survivre sans les nutriments que leur procurent les saumons en décomposition. Après le retour des saumons
géniteurs à leur frayère, l’ajout de nutriments dans l’eau permet parfois aux fretins de doubler leur rythme
de croissance.
Lorsque les saumons n’ont pu remonter en assez grand nombre vers leur lac ou leur cours d’eau d’origine à
cause d'une surpêche ou d'un blocage des voies, ou encore lorsque leurs carcasses sont retirées des cours
d’eau, la pénurie de nutriments qui s’ensuit compromet la survie de la génération suivante. Résultats : un
déclin à long terme éventuel du nombre de saumons survivants, et une menace pour les migrations de
saumons déjà affaiblies.
Les carcasses de saumon peuvent également favoriser l’écosystème forestier. Les oiseaux, les ours ou les
petits mammifères libèrent ainsi des nutriments marins dans la forêt autour des lacs ou des cours d’eau, soit
en traînant certaines carcasses hors de l’eau, soit en laissant ces nutriments dans leurs fèces. Les restes de
saumon fertilisent alors le sol forestier grâce aux pluies abondantes qui libèrent rapidement les nutriments
essentiels à la croissance vigoureuse des arbres.
Le retour des saumons assure en outre la continuation de leur diversité génétique. Lorsqu’une population de
saumons s’éteint, sa diversité génétique disparaît avec elle. Selon le biologiste Paul Erlich, la diversité
génétique ressemble à une toile dont la stabilité maintient la vie tant que ses liens demeurent solides et
entiers. Lorsque des liens se brisent, la toile s’effiloche.