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De quels agents disposons-nous
et quelles sont leurs indications ?
Première ligne thérapeutique
Sunitinib
Le sunitinib (Sutent
®
) est un inhibiteur de récepteurs à
activité tyrosine kinase (RTK), dont les VEGFR-2, PDGFR,
FLT-3 et c-KIT, entraînant un effet antiangiogénique, en
partie par inhibition de la prolifération péricytaire. Le suni-
tinib est administré par voie orale à la dose de 50 mg/jour,
quatre semaines sur six. Cette indication repose sur les
résultats de l’étude de phase III de Motzer et al. [5], com-
parant le sunitinib à l’IFNαà 9 MUI 3 fois/semaine chez
des patients en première ligne thérapeutique, dont plus de
90 % relevaient des groupes à risque bas et intermédiaire
selon les critères du MSKCC. Les résultats étaient claire-
ment en faveur du sunitinib, avec un bénéfice pour tous
les groupes pronostiques, puisque la survie sans progres-
sion était de 11 mois vs 5 mois (p < 10
-6
). Le taux de
réponse était de 31 % vs 6 % (p < 10
-6
). L’amélioration
de la qualité de vie était également significative en faveur
du sunitinib (p < 0,001). Nous ne disposons pas pour le
moment de résultats sur la survie globale, la médiane de
survie n’ayant pas été atteinte.
Bevacizumab
Le bevacizumab (Avastin
®
) est un anticorps monoclo-
nal dirigé contre le vascular endothelial growth factor
(VEGF), dont les indications comprennent actuellement,
outre le cancer du rein, les cancers du sein, colorectal et
du poumon. L’AMM du bevacizumab en association à
l’IFNαdans le cancer du rein repose sur une étude de
phase III ayant randomisé 325 patients présentant un can-
cer du rein métastatique en 1
re
ligne thérapeutique [6].
Celle-ci a comparé l’association bevacizumab (10 mg/kg
toutes les deux semaines) plus IFNα(9 MUI 3 fois par
semaine), à un placebo associé à l’IFNα. La médiane de
survie sans progression était de 10,2 mois vs 5,4 mois
(p = 0,0001) pour le groupe témoin avec, en analyse de
sous-groupes, une différence très significative pour le
groupe de « bon pronostic » (12,9 vs 7,6 mois
p < 0,001). Ces résultats ont permis l’obtention de
l’AMM pour le bevacizumab en association à l’IFNα,
chez les patients « de bon pronostic » suivant la classifi-
cation du MSKCC.
Temsirolimus
Le temsirolimus (Torisel
®
) est un inhibiteur de la pro-
téine mTOR, composante de la signalisation intracellu-
laire dans la croissance, la prolifération cellulaire ainsi
que la réponse au stress hypoxique [7, 8]. Le temsirolimus
se lie à FKBP-12 pour former le complexe FKBP-
12/temsirolimus, qui va inhiber mTOR et entraîner une
inhibition de la traduction des protéines régulatrices de
la progression dans le cycle cellulaire et de l’angiogenèse
(dont HIF1αet 2α). Une étude de phase III multicentrique
dans le CRM a comparé, en première ligne thérapeutique,
chez des patients de mauvais pronostic, l’IFNα(n = 207
patients) au temsirolimus 25 mg/semaine (n = 209
patients), et à l’association d’IFNαet de temsirolimus
15 mg/semaine (n = 210 patients) [9]. Cette étude portait
sur des patients présentant un cancer du rein avancé de
mauvais pronostic (critères du MSKCC, plus présence
d’au moins 2 sites métastatiques). Chez les patients rece-
vant du temsirolimus en monothérapie, la médiane de
survie globale était significativement augmentée par rap-
port au groupe association et au groupe IFNαavec res-
pectivement : 10,9 mois vs 7,3 mois (p = 0,0078) vs
8,4 mois. La différence était également significative pour
la survie sans progression avec respectivement : 3,8 mois
vs 3,7 mois vs 1,9 mois. La proportion de patients avec
une maladie contrôlée (stable au moins 6 mois ou avec
une réponse objective) était plus importante dans le
groupe temsirolimus seul que dans le groupe association
(32,1 % vs 28,1 %, p < 0,001) et IFNα(15,5%, p = 0,002)
probablement en raison des doses plus faibles de temsiro-
limus, et d’une augmentation du nombre d’événements
indésirables dans ce groupe. Par ailleurs, le temps sans
symptôme lié à la maladie ni toxicité était significative-
ment supérieur dans le groupe temsirolimus (7,3 mois)
vs interféron (5,7 mois) ; (p = 0,021).
Deuxième ligne thérapeutique
Sorafenib
Le sorafenib/Nexavar
®
est un autre inhibiteur multi-
cible de récepteurs à tyrosine kinase, ciblant les raf-
kinases, VEGFR1, 2, 3 ; PDGFRβ; FLT3, c-kit, et RET
receptor tyrosine kinase [10, 11]. La dose recommandée
est de 2 ×400 mg/j en continu par voie orale, chez des
patients en échec d’une première ligne de traitement [12].
Cette indication repose sur les résultats d’une étude de
phase III, comparant le sorafenib à un placebo, chez des
patients de risque bas ou intermédiaire selon les critères
du MSKCC [12]. Plus de 80 % des patients avaient au
préalable été traités par immunothérapie. La médiane de
survie sans progression était de 5,5 mois vs 2,8 mois
(p < 0,01). Le taux de réponse partielle était de 10 %
dans le groupe sorafenib contre 2 % dans le groupe pla-
cebo (p < 0,001). Par ailleurs, le sorafenib peut être admi-
nistré en première ligne chez les patients ayant des
contre-indications aux traitements de première ligne.
Tableau 1. Critères pronostiques du MSKCC [2]
Taux de LDH > 1,5 N
Taux d’hémoglobine < N
Calcémie corrigée > 2,5 mmol/L
Score de Karnofsky < 80
Délai entre le diagnostic et le début du traitement < 1 an
mt, vol. 14, n° 5-6, septembre-décembre 2008
Dossier
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