
Depuis cette période, l’incidence ne cesse de diminuer
et à la fin du vingtième siècle, le cancer gastrique
constituait la huitième cause de décès par cancer [1].
A l’échelon mondial, le cancer gastrique est le qua-
trième en incidence (9 %) après les cancers du pou-
mon, du sein et colorectaux. Il représente 10 % des
causes de mortalité de cancer, venant en second après
le cancer du poumon [2]. Les deux tiers des adénocar-
cinomes gastriques distaux se développent dans les
pays non industrialisés [3]. Le cancer gastrique n’est
pas pour autant systématiquement associé au faible
niveau de développement car son incidence est élevée
au Japon ou au Portugal et faible en Gambie [2]. De
grandes différences d’incidences sont observées à tra-
vers le monde : le cancer est 10 fois plus fréquent chez
les Japonais vivant au Japon que chez les Blancs
américains. Les incidences les plus importantes sont
observées en Asie, en Europe de l’est et en Amérique
centrale et du sud. Au Japon, le cancer gastrique reste
la première cause de mortalité par cancer chez
l’homme et la seconde chez la femme [4].
En France, l’incidence a également diminué dans les
mêmes proportions et une publication de 1999 a
montré une baisse de l’incidence de 20 % chez les
hommes et de 30 % chez les femmes entre 1985
et 1995 [5, 6]. L’incidence globale du cancer gastri-
que en France est de 10 cas pour 100 000 habitants
chez les hommes et de 5 cas pour 100 000 chez les
femmes. On peut estimer que les adénocarcinomes
distaux représentent deux tiers de ces cancers [2].
L’influence de la race sur l’incidence du cancer de type
intestinal n’est décrite que chez les Noirs d’Amérique
du nord qui ont un risque de cancer double de celui des
Blancs, malgré la baisse de l’incidence observée
depuis les années 1970 [7]. Une étude cas témoins
montre que cette différence disparaît après ajustement
sur le niveau socio-économique [8]. L’incidence est de
20 % plus élevée chez les Indiens d’Amérique que
dans la population blanche américaine [9] mais là
encore il est probable que des facteurs intercurrents
environnementaux expliquent cette différence.
En revanche, les facteurs qui favorisent le cancer chez
les Asiatiques ne semblent pas liés à la race car il a été
montré que l’incidence du cancer diminuait chez les
enfants des Japonais et des Chinois ayant migré en
Amérique du Nord [10].
L’âge moyen de survenue de l’adénocarcinome gastri-
que distal sur métaplasie intestinale est de 70 ans chez
les hommes et de 74 ans chez les femmes. Le cancer
est relativement rare avant 45 ans. L’incidence est
deux fois plus importante chez l’homme que chez la
femme et les courbes suggèrent que l’incidence chez
les femmes est équivalente à celles des hommes de
10 ans plus jeunes. L’origine de cette différence
demeure mal expliquée. Il a été suggéré que les hor-
mones féminines auraient un rôle protecteur [11].
Comme suggéré plus haut, l’incidence du cancer est
plus élevée chez les sujets issus de faibles niveaux
socio-économiques que chez les sujets de niveaux plus
élevés de la même population [12-16].
La décroissance de l’incidence du cancer dans les
années futures est sujette à caution parce que l’inci-
dence est liée à l’âge et que la longévité des popula-
tions s’accroît, notamment dans les pays à développe-
ment industriel intermédiaire tels que la Chine ou
l’Europe de l’est.
La mortalité du cancer gastrique représente 80 % des
cas incidents [17]. La mortalité est plus importante
dans les populations de faible niveau socio-
économique parce que le diagnostic est plus tardif et le
stade plus avancé [18]. L’amélioration de la survie a
été relativement limitée ces 20 dernières années mal-
gré les progrès de la chimiothérapie, si bien que la
mortalité n’est pas différente entre les pays européens
et le reste du monde, à l’exception du Japon [19, 20].
Dans ce pays, une politique de dépistage systématique
a permis le diagnostic de cancer de petite taille et une
baisse de 50 % de la mortalité en 30 ans [21].
Facteurs de risque du cancer gastrique distal
L’adénocarcinome gastrique distal est de cause multi-
factorielle mais la cause prépondérante est l’infection
par Helicobacter pylori (H. pylori).
• L’infection par H. pylori
H. pylori est une bactérie gram-négative qui colonise
l’estomac humain et provoque une infection chronique.
La prévalence de l’infection dans les différentes popu-
lations du globe dépend principalement de l’âge des
sujets et de leurs conditions socio-économiques.
Le seul réservoir de la bactérie est l’estomac humain et
de nombreux arguments suggèrent une transmission
directe interhumaine oro-orale ou oro-fécale par la
salive, les vomissements et les selles diarrhéiques [22].
Ce mode de transmission est plus fréquent au cours de
la petite enfance (avant 5 ans) et il est favorisé par de
mauvaises conditions d’hygiène et la vie en promis-
cuité [23]. La transmission est principalement familiale
et les enfants de sujets infectés sont plus souvent conta-
minés. Ces facteurs expliquent que la prévalence de
l’infection est très forte dès l’enfance dans les pays en
développement [24]. La prévalence est supérieure à
80 % en Europe de l’est, en Russie, en Afrique et au
Sud-Est asiatique et elle atteint 60 % chez les enfants
de moins de 10 ans. Chez les adultes des pays en
développement, l’incidence de l’infection est estimée à
0,5 % par an.
En revanche, dans les pays développés, la prévalence
de l’infection est faible chez les enfants (inférieure à
Mini-revue
Hépato-Gastro, vol. 15, n°2, mars-avril 2008
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