B. Millet L’Encéphale, 2006 ;
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1072-5, cahier 3
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menées en aigu, sur 6 semaines, les études de tolérance
seulement sur 6 mois, et les études de suivi à 24 mois res-
tent rares et sont réalisées à partir de l’observation de
patients souvent exclus ou non incluables dans les essais
randomisés (11).
Les effets indésirables ont un poids important dans
l’efficience d’un produit. Avec les antipsychotiques, les
effets principaux sont de type anticholinergiques, extrapy-
ramidaux, de sédation, de prise de poids, d’hypotension
orthostatique, et d’augmentation de la prolactine, variant
selon les différents produits considérés. Par exemple,
McQuade
et al.
(10) ont comparé aripirazole et olanza-
pine, montrant dès la quatrième semaine une augmenta-
tion du poids avec l’olanzapine qui se différencie signifi-
cativement par rapport à l’aripiprazole.
Dans l’efficience intervient également la prise en
compte de l’avis des patients : la satisfaction du patient,
son bien-être par rapport au traitement, sa préférence,
sont évaluables. Ainsi, dans l’étude STAR, l’avis des
patients a été demandé sur la molécule qu’ils recevaient :
une proportion importante de patients se trouvait mieux
sous aripirazole que sous traitement de référence ; en
effet, à 26 semaines, un nombre significativement plus
élevé de patients traités par aripiprazole (47 %) ont évalué
leur traitement comme « beaucoup mieux » en comparai-
son au précédent, alors qu’ils n’étaient que 28 % dans le
bras traitement de référence (p < 0,001)
(6).
LES QUESTIONS SOULEVÉES PAR L’ÉVALUATION
DE L’EFFICIENCE
L’évaluation de l’efficience peut ainsi permettre de
répondre à des questions sur l’usage pratique des anti-
psychotiques chez les patients. Ceci soulève diverses
questions, comme de savoir quels outils d’évaluation uti-
liser dans les psychoses chroniques, ce qu’il en est de la
combinaison des antipsychotiques, de quelle manière
obtenir une rémission sur le long terme, ou quel est le choix
de l’antipsychotique le mieux adapté pour chaque patient
souffrant de psychose.
Outils d’évaluation de l’efficience
Dans les études sur la schizophrénie, les outils d’éva-
luation de l’efficience qui peuvent être utilisés sont la CGI
(Clinical Global Impression)
, le GOALS (
Global Outcome
Assessment of Life in Schizophrenia
, évaluant quatre
dimensions que sont l’efficacité du traitement, la bonne
tolérance, le retentissement du traitement sur la vie quo-
tidienne du sujet, et le bien-être du patient), l’IAQ
(Inves-
tigator Assessment Questionnaire)
(14), et la POM
(Pre-
ference of Medication)
.
L’IAQ est un bon outil d’évaluation de l’efficience : il con-
duit à un score moyen permettant de regrouper des items
divers, tels que les symptômes positifs, les symptômes
négatifs, les effets secondaires, la cognition, l’énergie vitale
ressentie par le patient. L’étude STAR a évalué le score
moyen à l’échelle IAQ-10 items à 26 semaines, et montre
un score d’amélioration plus important sous aripirazole que
sous traitement de référence (5).
Association d’antipsychotiques
En pratique clinique, l’association d’antipsychotiques
est très largement répandue, malgré les recommanda-
tions qui suggèrent de recourir de préférence à une mono-
thérapie antipsychotique. Dans l’enquête DOREMA, le
taux de coprescription va de 88 à 97 % selon la molécule.
Cette question de l’association d’antipsychotiques,
notamment dans la prise en charge au long cours des
patients, doit être prise en compte dans les études d’effi-
cience, et contribuer à une réflexion sur nos pratiques.
Obtention de la rémission à long terme
La notion de rémission a été plus utilisée dans le
domaine de la dépression que dans celui de la schizo-
phrénie, mais des articles récents tentent de définir des
critères de rémission également dans le domaine des psy-
choses. Une étude coordonnée par Nancy Andreasen a
comparé des patients en rémission et des patients sans
rémission après 6 semaines de traitement par un anti-
psychotique d’action prolongée. Les patients sans rémis-
sion après 6 semaines restaient, pour près de 80 %
d’entre eux, sans rémission après un an, tandis que les
patients en rémission à 6 semaines restaient, pour 85 %
d’entre eux, en rémission à un an. Parallèlement à la
notion d’efficience, il faudrait sans nul doute prendre en
compte cette notion de maintien de la rémission dans les
troubles schizophréniques.
Quel antipsychotique pour quel patient psychotique ?
Il paraît nécessaire, pour progresser dans la recherche
thérapeutique de la schizophrénie, de distinguer des grou-
pes de patients symptomatiquement plus homogènes, en
s’appuyant par exemple sur des analyses factorielles par
sous-types de patient selon la dimension dominante. Les
sous-types actuellement utilisés de schizophrénie ne
semblent pas capables de prédire de manière satisfai-
sante une réponse au traitement.
L’avènement d’études de pharmacogénétique devrait
également permettre, en pratique clinique, de mieux défi-
nir le choix d’un antipsychotique pour un patient en parti-
culier.
CONCLUSION
L’efficience doit prendre en compte les résultats obte-
nus en Phase IV, souvent négligés, mais qui rendent bien
compte de ce qu’est la réalité d’un médicament en pra-
tique.