Les outils de mesure de l’effi cacité des antipsychotiques au long cours dans les schizophrénies S189
référence un neuroleptique classique. De plus, il est per-
tinent d’évaluer l’aveugle en fi n d’essai ;
la mesure de l’effet et l’interprétation des échelles sont
complexes : les scores aux échelles peuvent ne pas avoir
de signifi cation clinique claire. L’homogénéisation des
échelles utilisées (CGI) ou la création de nouvelles échel-
les semblent nécessaires.
Si les antipsychotiques sont effi caces sur les symptômes
négatifs secondaires (liés à la dépression, au traitement),
ils le sont moins sur les symptômes négatifs primaires. Il
est donc important de les différencier. Les symptômes
primaires sont persistants et prédominants, stables sur
6 mois, non liés à un épisode thymique. Ils correspondent
généralement à la pauvreté du langage et des affects. Ils
sont mesurables par la PANSS ou la SANS [2].
Une étude naturalistique menée par l’équipe de
Tiihonen a permis de classer les thérapeutiques selon leur
effi cacité : la moins effi cace est ici l’absence de thérapeu-
tique et la plus effi cace la perphenazine dépôt [6], la
réponse étant mesurée par le risque de réhospitalisation.
Dans ce type d’étude, aucun contrôle concernant la sévé-
rité de la maladie n’est réalisé. En outre, aucun renseigne-
ment sur les critères de choix du traitement n’est donné.
Néanmoins ce type d’essai informe sur la pratique médicale
quotidienne, et met en évidence des différences d’effi ca-
cité entre les molécules.
Comment mesurer la réponse
thérapeutique ?
La mesure de la rémission semble être un bon moyen
de mesurer la réponse thérapeutique. Consensuellement,
la rémission se défi nit par la présence de moins de
8 symptômes (positifs ou négatifs), d’intensité moyenne ou
faible pendant 6 mois, n’appartenant pas à des variations de
score. Cependant, il est diffi cile de transposer les résultats
des études long terme à la pratique quotidienne puisque
les mesures quantitatives y sont peu utilisées. Pourtant, il
existe une correspondance linéaire entre les scores PANSS
et CGI tant pour la défi nition de la sévérité de la pathologie
que pour le niveau d’amélioration [4].
Les directives européennes demandent à ce que la
preuve de l’effi cacité soit fournie par des études à court
terme et que les résultats obtenus soient discutés en
termes de signifi cation statistique et clinique. Elle rappelle
qu’il n’existe aucun consensus sur les critères de réponse ni
sur la pertinence clinique des études. Enfi n, ces directives
insistent sur la nécessité d’études sur le long terme pour
évaluer l’effi cacité d’un traitement.
Pour que ces études soient de qualité, plusieurs critères
doivent être remplis. Le critère de jugement principal
pourrait être le temps avant la rechute montrant ainsi
que l’effet thérapeutique se maintient. Le traitement
de comparaison doit avoir démontré son effi cacité dans
le maintien de la réponse. La réalisation d’études contre
placebo sur 6 mois est une option envisageable. La durée
•
•
de traitement doit être d’un an au moins. Dans les études
de prévention de la rechute, les sujets répondeurs sont
randomisés après une période supérieure à 6 semaines.
Dans l’étude CATIE, le critère principal d’effi cacité
choisi était l’arrêt du traitement. Cela se justifi e car l’arrêt
du traitement est la conséquence de nombreuses causes :
faible effi cacité, mauvaise tolérance, choix du patient ou
du clinicien en faveur d’une autre alternative. Dans CATIE
75 % des patients avaient arrêté leur traitement au bout de
18 mois [5].
Dans cette étude, les critères de jugement secondaires
étaient nombreux : variations symptomatiques, sécurité,
coût, conséquences cognitives, observance, présence de
comorbidités, qualité de vie, abus de substances, troubles
du comportement.
Concernant l’amélioration symptomatique, l’olanzapine
est le traitement qui se montre le meilleur. La perphenazine
est le traitement responsable de la plus grande amélioration
sur la cognition mais la taille de l’effet est faible [3].
L’étude EUFEST présente le même design que CATIE et
compare plusieurs molécules antipsychotiques : halopéridol,
amisulpride, olanzapine, quétiapine et ziprazidone. Si on
se base sur le taux d’arrêts thérapeutiques, l’halopéridol
est le traitement le moins effi cace alors que l’olanzapine
et la quétiapine sont supérieures. Si on se base sur le score
CGI, l’amisulpride est le plus effi cace [1].
Est-il possible de choisir comme critère de jugement la
réduction du taux de mortalité par les antipsychotiques ?
Selon une étude fi nlandaise incluant 2 230 patients entre 1999
et 2001, les sujets non traités ont un risque 12 fois supérieur
de mourir par rapport aux sujets traités par antipsychotiques
(RR = 12,3 ; IC à 95 % = 6 à 24,1). Le risque attribuable est
estimé à 83 % (IC à 95 % = 68 – 91 %) [2].
L’évaluation de l’effi cacité thérapeutique reste un
exercice diffi cile. Quel critère de jugement est le plus
pertinent : est-ce le délai d’arrêt du traitement, la
rémission, la mortalité ? Comment suivre l’évolution du
patient de manière consensuelle et simple ?
Références
[1] Kahn. 2008, étude EUFEST.
[2] Kane JM, Leucht S. Issues in psychopharmacology Schizophr
Bull. 2008 Mar ; 34 (2) : 258. Epub 2008 Jan 22.
[3] Keefe RS. Cognitive deficits in patients with schizophrenia :
effects and treatment. J Clin Psychiatry. 2007 ; 68 Suppl
14 : 8-13.
[4] Leucht S, Barnes TR, Kissling W et al. Relapse prevention in
schizophrenia with new-generation antipsychotics : a system-
atic review and exploratory meta-analysis of randomized,
controlled trials. Am J psychiatry. 2003 Jul ; 160 (7) : 1209-
22.
[5] Stroup TS, McEvoy JP, Swartz MS et al. The National Institute
of Mental Health Clinical Antipsychotic Trials of Intervention
Effectiveness (CATIE) project : schizophrenia trial design and
protocol development. schizophr Bull. 2003 ; 29 (1) : 15-31.
[6] Tiihonen J, Walhbeck K, Lönnqvist J et al. Effectiveness of
antipsychotic treatments in a nationwide cohort of patients in
community care after first hospitalisation due to schizophre-
nia and schizoaffective disorder : observational follow-up
study. BMJ. 2006 Jul 29 ; 333 (7561) : 224. Epub 2006 Jul 6.