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Progestatifs et cancer du sein
DOSSIER THÉMATIQUE
0,59-1,01 ; non significatif). Cela venait conforter 
des données antérieures sur la notion d’un risque 
plus faible avec les estrogènes seuls par rapport aux 
estroprogestatifs.
Bien que scientifiquement, on ne puisse pas 
comparer les études WHI-1 et WHI-2 (la popula-
tion de l’étude WHI-2 est uniquement constituée de 
femmes hystérectomisées), l’association théorique 
des deux études permet de chiffrer un différentiel 
de 15 cas de cancers du sein en moins lorsque l’on 
remplace le THM combiné par un traitement estro-
génique seul (ECE). 
L’étude MWS 
 ➤
(3) [beaucoup plus critiquable sur le 
plan méthodologique] a apporté des arguments supplé-
mentaires pour attribuer aux progestatifs la responsa-
bilité de l’augmentation des cancers du sein.
Pour la MWS (3), le RR de cancer du sein n’évolue pas 
dans le temps avec le traitement estrogénique seul 
(RR : 1;45 : IC95 : 1,02-2,06), à l’inverse de ce qui est 
observé avec le traitement estroprogestatif où le RR 
augmente à plus de 2 après 10 ans de THM.
Dans cette étude, le risque attribuable de cancers du 
sein est de 19 cas supplémentaires pour 10 000 AF 
avec le traitement estroprogestatif et de 5 cas supplé-
mentaires avec le traitement estrogénique seul. 
On pourrait donc théoriquement diminuer le risque 
de 14 cancers du sein pour 10 000 AF avec le traite-
ment estrogénique seul. La MWS a quantifié à 20 000 
le nombre de cancers du sein imputables au THM. Limiter 
le nombre de cancers du sein en ne prescrivant qu’un 
traitement estrogénique trouve son rationnel dans ces 
différentes comparaisons. En fait, l’intégration de toutes 
ces données est complexe, car il faut tenir compte non 
seulement du terrain de chaque femme (polymorphisme 
génétique), mais également de la diversité des THM : les 
molécules différentes, les voies d’administration diffé-
rentes et les schémas d’administration différents n’ont 
pas les mêmes effets sur la glande mammaire. Alors, 
quelle décision doit prendre le clinicien ?
Établir pour chaque patiente  
la balance bénéfices-risques 
La balance bénéfices-risques des THM doit intégrer tous 
les risques de cancer (côlon, endomètre, ovaire). 
Intégrer la diminution du risque  
du cancer du côlon
Pour ce dernier cancer, la WHI-1 a montré une dimi-
nution de 6 cas de cancer du côlon en moins pour 
10 000 AF avec le traitement combiné. Avec le trai-
tement estrogénique seul, il n’y pas de différence 
dans l’incidence du cancer du côlon. Sur cette simple 
comparaison, le choix est difficile car pour le cancer 
du sein, l’incidence est d’environ 41 000 nouveaux cas 
par an avec une mortalité de 27 % alors que le cancer 
du côlon chez la femme a une incidence de 18 000 cas 
par an mais avec une mortalité de 44 %. L’intégration 
des cancers du sein, de l’endomètre et du côlon rend 
beaucoup moins attrayante la prescription d’un trai-
tement estrogénique seul. 
Associer les risques cardiovasculaires  
et métaboliques
Ces risques sont également différents pour les 
traitements combinés et estrogéniques seuls. Ces 
évaluations sont disponibles pour certains types 
de traitements, mais le traitement estrogénique 
est généralement plus favorable que l’association 
estroprogestative. Soulignons que les différences 
sont non significatives avec la progestérone micro-
nisée et certains progestatifs tel que l’acétate de 
chlormadinone.
Intégrer chaque molécule  
de progestérone ou de progestatif
L’administration du progestatif par voie endo-utérine 
(système intra-utérin [SIU] délivrant la progestérone 
ou du lévonorgestrel [LVN]) apparaît une excellente 
alternative, mais en France aucun SIU n’est adapté 
pour le THM. L’administration percutanée du LVN 
n’a pas fait l’objet d’évaluation mammaire.
L’étude française E3N a le mérite d’avoir souligné la 
différence de résultats selon les progestatifs en France. 
L’ étude E3N (11) [étude épidémiologique des femmes 
de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale] 
concerne 54 548 femmes nées entre 1925 et 1950 qui 
ont répondu, depuis juin 1990, à un autoquestionnaire 
envoyé tous les 2 ans. Au cours du suivi, 948 cancers du 
sein ont été colligés, dont 55 avec l’association estro-
gènes et progestérone micronisée (les 168 carcinomes 
in situ n’ont pas été pris en compte). Le risque relatif 
de cancer du sein chez les femmes traitées, dans leur 
ensemble est de 1,2 (IC
95
 : 1,1-1,4). Avec les estrogènes 
seuls, l’augmentation est non significative (RR : 1,1 ; 
IC95 : 0,8-1,6), ce qui est un résultat comparable à celui 
de la WHI-2, mais non à la MWS. Avec les estropro-
gestatifs, les auteurs notent une augmentation signi-
ficative du RR à 1,3 (IC95 : 1,1-1,5). Cependant, quand 
les auteurs distinguent la progestérone micronisée 
des autres progestatifs, ils notent une différence en 
termes de RR, avec pour les progestatifs de synthèse 
un RR de 1,4 (IC
95
 : 1,2-1,7) et de 0,9 (IC
95
 : 0,7-1,2) 
pour la progestérone micronisée, c’est-à-dire non signi-
ficatif. Ces résultats ont été actualisés en 2008 (12) 
1. Lopes P, Trémollières F. Guide 
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Références  
bibliographiques